La journée avait été particulièrement longue et éprouvante. Nous étions samedi et c'était jour de match à Winnipeg. Tous les habitants de la ville semblait s'être retrouvé au café Saint-James pour suivre en direct la retransmission d'un match de baseball amical mais très attendu. Ici, dès qu'il y avait un peu de sport à regarder, tout le monde était présent, le sport réunissait la population de Winnipeg et c'était quelque chose d'agréable à voir. Des familles entières s'étaient entassées dans le petit café et Monsieur & Madame Saint-James bien que ravis d'autant d'agitation, se sentaient quelques peu dépassés. Pourtant ils avaient une bonne équipe : leurs cinq filles étaient là. Y compris l'aînée Parker. En effet, celle-ci avait fait fermé son cabinet plutôt que prévu afin de pouvoir aller aider ses parents qui lui avaient laissé un message vocal désespéré. La jolie et toujours serviable Parker s'était donc rendue sur les lieux sur le coup de 15heure et avait constaté que la fête n'allait pas tarder à commencer mais que le café était déjà bondé. Ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas eu autant de monde et Parker était surprise de l'argent qu'ils encaissaient. Tout le monde semblait ravis de la voir ici, tous venaient l'embrasser et se lever pour la prendre dans leurs bras, leur reprochant qu'elle se faisait rare ces derniers temps depuis qu'elle avait ouvert son cabinet en ville et blaguèrent sur le fait que maintenant, pour qu'elle accorde un peu de leur temps, il fallait qu'ils aient des problèmes méritant une psychothérapie. Ça avait beaucoup amusé Parler qui leur avait répondu qu'elle tenait à ce qu'ils continuent d'être tous heureux et avec le moins de problème possible, qu'elle souhaitait pouvoir les voir dans d'autres circonstances que l'intimité de son cabinet de psychologue. Elle était par la suite retournée à ses occupations, elle avait mis son petit tablier vert qui ne cachait que sa taille sur son jean et avait noué ses cheveux en une élégante queue de cheval. Même en serveuse, Parker gardait son port de reine et son sourire radieux. Elle saisissait les verres et les assiettes avec tellement de facilité qu'on aurait dit qu'elle ne pesait pas un gramme, elle slalomait entre les gens avec patience et bienveillance, prenant soin de ne rien renverser sur personne. Bref, en gros Parker Saint-James était en plein instant Parker Saint-James.

Néanmoins, vers 17heure, un problème apparût : la fontaine de bière refusait de marcher. Monsieur Saint-James avait beau actionner la poignée, le résultat n'était qu'un faible jet qui ralentissait considérablement le remplissage des verres. Parker se mit à réfléchir rapidement puis déclara à ses parents qu'il y avait le King's Head Pub pas loin et que un des barmans là-bas saurait sûrement les aider. Devant la mine défaite de ses parents, Parker enleva son tablier le posa sur la porte ballante et se dépêcha de prendre le chemin du King's Head Pub il n'était vraiment pas loin, juste à l'angle de la rue. Elle fut surprise de constater que le pub était presque aussi plein que le café, elle croisa donc une autre partie des habitants de la ville qui la saluèrent aussi alors qu'elle faisait son entrée dans le bar. Elle reconnut plusieurs têtes près du bar mais en revanche, le barman derrière le comptoir, elle ne l'avait jamais vu. "Excusez moi ?" Elle tenta d'attirer son attention alors que le jeune homme était accoudé au bar sur la droite, en train de parler à une femme blonde qui semblait minauder au possible. Parker se passa une mèche de cheveux derrière l'oreille et leva les yeux aux ciels. "Excusez moi !" cria t-elle presque. Le barman sembla enfin lui accorder un regard et quelque chose se passa. Elle fut presque mal à l'aise, elle sentit réellement quelque chose de bizarre au fond d'elle, mais aussi dans ce regard. Quelque chose se passait. Non c'était impossible, complètement impossible, le barman avait juste un regard particulier et c'était tout. "On a un soucis au café Saint-James, notre fontaine de bière ne marche plus et on se demandait s'il vous était possible de venir jeter un coup d'oeil." Elle lança un regard méprisant à la blonde et rajouta "Puisque vous m'avez pas l'air très occupée."

Parker haussa les sourcils. Le barman l'écoutait à peine continuant sa commande come si de rien n'était, la jeune brune qui avait été à deux doigt de tomber sous son charme quelques secondes plus tôt était maintenant sacrément énervée. Elle était à deux doigts de passer par dessus le bar et de le prendre par une oreille pour le mener jusqu'au bar mais la bienséance la fit rester là comme une idiote à atteindre qu'il daigne lui accorder un regard. Les hommes étaient vraiment des plaies, Parker faisait toujours le maximum pour les éviter et le comportement du jeune homme derrière le comptoir ne faisait que lui confirmer que son choix était judicieux. Néanmoins le temps passait et ses parents devaient se demander ce qu'elle pouvait bien faire, les gens de Winnipeg étaient assez impatients quand il s'agissait de boire de la bière et certains d'entre eux ne lui pardonneraient jamais d'avoir eut son verre vide au moment du coup d'envoi. Le barman commença par l'appeler "ma jolie" en ajoutant qu'elle était "bien gentille mais que..." Parker lui adressa un regard noir et il capitula. Il serait ravi, s'était-il rattrapé. Parker ne lui décocha même pas un sourire et attendit qu'il fasse ses petites affaires avant de le rejoindre à la sortie du bar. "Je vous attends dehors." Elle adressa un sourire parfaitement hypocrite à la blonde dont elle venait de piquer la distraction de la soirée et se fraya un chemin jusqu'à la porte d'entrée. Une fois dehors elle apprécia pendant quelques secondes le calme paisible de la rue et le doux soleil d'été qui entamait à présent sa descente vers une autre partie du monde. Parker s'impatientait devant le perron, l'homme l'avait énervé. Si elle n'avait pas tant besoin que ça de cette bière elle l'aurait bien envoyer se faire voir lui et ses surnoms ridicules. Elle n'était pas une de ces midinettes qu'on pouvait affubler de sobriquets ridicules et machistes.

Bras croisés et visage fermé, Parker faillit se fendre d'une remarque lorsque le barman arriva enfin devant elle. Il était grand, et il fallait l'avouer plutôt beau garçon. Il avait ce regard rieur, et cette barbe de trois jours qui indiquait qu'il ne devait pas souvent dormir ou du moins prendre le temps de se réveiller, elle l'imaginait bien en fêtard invétéré et homme à femmes. En bref, tout ce qu'elle détestait. "Je pense que vous savez où c'est mais je vais quand même passer devant, je tiens pas à ce que la blonde que vous étiez en train de draguer y a trente secondes vienne m'attraper par les cheveux pour me mettre les dents contre le trottoir." déclara t-elle avec froideur. Elle prit donc le chemin du Saint-James et constata que le barman ne la suivait pas. "Mais qu'est-ce que vous foutez ?!" s'écria t-elle en se retournant. Le barman riait presque, elle se demandait ce qui clochait, il lui indiqua son dos, elle se retourna et découvrit une grosse tâche de farine sur sa fesse droite. Parker le regarda : "Vous avez quel âge sérieusement ?" Énervée, elle tenta de se calmer alors qu'ils arrivaient au café. Ils se frayèrent à nouveau un chemin dans la foule et lui fit signe de passer derrière le comptoir pour voir ce qui n'allait pas. Monsieur & Madame Saint-James, toujours aussi poli le saluèrent et le remercièrent mille fois d'être venu. Parker quant à elle pris dans ses bras sa petite soeur de 5 ans et la posa sur sa hanche, regardant le barman faire.

Parker regarda le barman réparer la fontaine à bières. Sa mère avait les mains jointes, la mine inquiète. Il était clair que si jamais le jeune homme ne parvenait pas à le réparer ce serait un drame pour la clientèle des Saint-James mais Parker était confiante, le serveur semblait savoir ce qu'il faisait et en un rien de temps le fût fut réparé, provoquant les applaudissements et les démonstrations de joie de la petite famille. La jeune brune ne put s'empêcher d'afficher un grand sourire, la soirée allait pouvoir reprendre son cours normal et c'était grâce à cet homme. Parker l'observa à la dérobée alors qu'il se faisait chaleureusement remercié par ses parents. Sa petite soeur lui chuchota à l'oreille : « Il est beau le Monsieur non ? » Parker secoua la tête en souriant. « Hep hep hep, t'es pas un peu jeune toi ? » lui répondit-elle en lui pinçant le bout du nez. Mais elle avait raison, il était vraiment beau et son petit sourire en coin pourrait avoir raison de la jolie Parker à l'usûre. La jeune femme posa sa jeune soeur par terre et récupéra son plateau que sa mère s'était empressé de recouvrir de pichets de bières. Elle allait reprendre son service lorsque le barman du King lui chuchota qu'elle lui devait un dîner. Il partit de cette manière sans demander son reste, sans même qu'elle ait eu le temps de lui répondre. Derrière, sa mère avait tout entendu. Elle la regarda avec un sourire : « Tu as intérêt à y aller Parker. » La jeune femme haussa les sourcils « Alors ça sûrement pas Maman, n'y compte pas. » rétorqua t-elle en repositionnant les verres sur son plateau. « Ah que si j'y compte, il nous ait venu en aide. Si la seule manière de le remercier c'est que tu partages un bon petit plat avec lui tu dois le faire, ça ne t'engage à rien après tout. »

Sa mère était vraiment naïve. Pouvait-elle sérieusement croire qu'un mec comme lui n'avait aucune idée derrière la tête ? Parker le savait pour avoir assez parlé avec ses copines, les hommes faisaient rarement les choses au hasard et c'était toujours motivé par des assouvissements sexuels, ou presque. Mais Parker ne se sentait pas de décevoir sa mère, elle qui avait rencontré son père à 12 ans et qui n'avait connu que lui tout une vie, était à présent en décalage avec la génération de sa fille qui avaient des motivations totalement différentes de celles qu'elle avait au même âge. Phoebe Parker s'était mariée à 17 ans et était tombée enceinte un an plus tard et comprenait rarement les réticences de sa fille à se marier. Ce qu'elle ne comprenait pas, c'était que ce n'était pas que Parker ne voulait pas se marier, c'était simplement qu'elle n'avait pas trouvé le bon. Celui en qui elle aurait confiance. Quoiqu'il en soit pour le moment, elle devait assurer son service et mettre de côté le nouveau visage qu'elle avait désormais en tête. Par chance, la soirée passa vite et les clients étaient ravis de passer un aussi bon moment, Parker s'était fait des pourboires monstres. Bien sûr, elle ne les garderait pas, ils rejoindraient directement la cagnotte familiale qui servait aux gros achats : son salaire de psychologue était suffisant, ce petit boulot qu'elle gardait était surtout pour rendre service à ses parents.

À 20heure, le café Saint-James était désert. Toute la petite famille procédait à la fermeture, sauf Lily-Belle, la plus petite qui jouait avec ses poupées sagement assise dans un coin. Parker frottait une table quand son père lui lança « Alors tu vas aller manger une pizza avec le serveur de toute à l'heure ? » « Non Papa. » « Parker je pense vraiment que tu devrais y aller, ça a l'air d'être un chouette type, il nous a complimenté sur le café toute à l'heure. » Parker se redressa et regarda son père, blasée. « Papa il nous a pas complimenté, il a dit que ça devait être sympa de travailler ici les jours de match. » Donald Saint-James haussa les épaules et passa en cuisine. La jeune femme poussa un long soupir et termina de nettoyer les tables. Peut-être que ses parents avaient raison, peut-être que ça ne l'engageait vraiment à rien d'aller partager un dîner avec lui. Elle monta l'escalier qui menait au petit appartement qu'occupait les Saint-James parfois le soir quand ils avaient la flemme de rentrer à la maison. « Ok je vais y aller. » soupira t-elle en passant devant eux alors qu'ils se préparaient à manger. La jeune femme rejoignit la petite salle de bain et prit une bonne douche. Elle termina enfin par sortir et enfila une petite robe verte émeraude et souligna bouche d'un rouge à lèvre rouge très foncé. Elle sécha ses cheveux, les démela, puis les laissa retomber sur ses épaules. Avant de partir, elle se regarda dans le miroir puis décida qu'un petit gilet casserait ce look peut-être un peu trop sexy.


À 22heure30, elle était de nouveau devant le bar du King's Head Pub. Il était encore là, mais trifouillait son portable cette-fois. « Plus tôt ce sera fait, mieux ce sera non ? » Il tourna la tête vers elle et Parker lui adressa un vrai sourire. Elle était beaucoup moins énervée, pire encore elle stressait de lui parler à présent. Le stress du Café était parti et elle était maintenant... Toute gênée de se tenir ici devant lui, réclamant un dîner qu'il ne lui avait proposé il y a quelques heures seulement. « Vous terminez à quelle heure ? »

Parker Saint-James était tout sauf de nature entreprenante avec les hommes, vous l'auriez bien compris. Et honnêtement c'était encore pire avec le barman qui se tenait de l'autre côté du comptoir. Le fait qu'il lui plaisait réellement était un véritable obstacle à sa spontanéité et son naturel, lorsqu'il posait les yeux sur elle, elle avait l'impression d'être au bord du précipice, elle avait l'impression qu'il était flagrant qu'elle avait de la peine à rester maîtresse d'elle-même. Elle regrettait déjà de s'être lancée dans cette aventure, quitte à vexer ses parents elle aurait du rester avec eux et profiter d'une bonne soirée en famille comme elle les aimait au lieu d'être là comme une potiche à attendre que cet homme lui accorde un peu de son temps. Elle tira nerveusement sur sa robe lorsqu'il la complimenta. Elle ne s'était vraiment pas attendue à ce qu'il lui parle de cette manière, elle le regarda d'ailleurs d'un air surpris. N'était-il pas censé la draguer lourdement plutôt que de faire preuve de délicatesse ? « Oh merci beaucoup. » murmura t-elle d'une voix pas très assurée. C'était vraiment ridicule ! Elle avait l'impression d'avoir treize ans et de participer à son premier rancard au cinéma. Elle sentait des petites chatouilles au creux de son ventre et une excitation étrange. Comme si quelque chose de gros était sur le point de passer. Il l'invita alors à l'attendre un peu plus loin le temps qu'il termine son service, la jolie brune faillit protester mais après tout... Elle ne comptait pas ouvrir son cabinet demain alors il était inutile de faire des manières, certes elle était fatiguée mais le bel homme devait l'être tout autant puis maintenant qu'il était là il serait délicat de s'en aller. « Pas de soucis, je vais vous attendre là-bas. »

Elle continuait de le vouvoyer car elle ne voulait pas établir de familiarités avec lui, du moins pas maintenant ! Elle restait prudente sur l'impression qu'elle lui renvoyait et ne tenait pas à ce qu'il imagine qu'elle se mettrait à genoux dans les toilettes à la fin de la soirée pour le remercier d'avoir réparé le fut de bière. Elle valait beaucoup plus que ça, elle n'était pas de ces filles faciles de Winnipeg qui s'envoyait en l'air un peu partout en ville mais qui persistait à se rendre à la messe tous les dimanches. Même le pasteur n'était pas dupe et Parker ne pouvait s'empêcher de les mépriser à grande échelle. Et son petit doigt lui disait que le barman du King's Head devait être un habitué du genre. Elle prit le parti de s'asseoir à une table pas trop loin du bar, elle ne se sentait pas vraiment à sa place ici bien que sa meilleure amie Prim' y travaillait elle ne connaissait que très peu l'endroit.

En effet la jolie rousse connaissait bien sa meilleure amie et sachait parfaitement que ce n'était pas le genre d'endroit que Parker appréciait. Par conséquent elle ne lui avait que très peu rendu visite depuis qu'elle travaillait ici, elle l'attendait généralement au coin de la rue. D'ailleurs, elle la chercha du coin de l'oeil, elle put l'apercevoir au fond de la salle mais décida de ne pas lui faire signe. Elle n'avait aucune envie qu'elle la voit ici, ce n'est pas qu'elle avait honte mais avec le peu de chance qu'elle avait, sociable comme elle l'était Primerose devait sûrement connaître le barman et elle n'avait aucune envie que son amie d'enfance la mette dans l'embarras ou la juge. Elle était sur le point donc de carrément changer de place pour se mettre au fond de la place quand soudainement le barman revint sur ses pas pour lui proposer une boisson. « Hum... Un diabolo pêche ? »

Elle n'avait pas envie de lui servir la sempiternelle réplique comme quoi elle ne buvait pas d'alcool, ça faisait coincé au possible. Certes, Parker avait quelques principes bien à elle mais il était hors de question qu'elle se comporte comme une vierge effarouchée. Elle alla donc se mettre dans le fond de la salle attendant que le jeune homme revienne. Son diabolo pêche lui fut apporté par un homme assez âgé, elle lui adressa un sourire adorable et sirota sa boisson se concentrant sur le fond de son verre, toujours angoissée à l'idée que sa meilleure amie la croise dans cet endroit où elle n'avait normalement rien à faire. Dix minutes plus tard il s'était changé, et Parker sentit son coeur se serrer à sa vue. Il avançait vers elle, grand, baraqué, assez impressionnant finalement. Elle avait eu le temps d'oublier son visage pendant qu'il était parti mais à présent qu'il se trouvait devant elle, elle avait l'impression de le connaître depuis des années. Il lui fit signe de la suivre et c'est ce qu'elle fit lorsqu'ils se retrouvèrent dehors, Parker compta jusqu'à trois et laissa ces mots flotter dans les airs : « Je peux te demander un service ? S'il te plait ne dis pas à Primerose pour ce soir, je savais pas qu'elle travaillait avec toi. Enfin je sais qu'elle travaille dans ce bar mais j'avais pas fais le lien. Et, enfin... Je sais pas j'ai pas envie qu'elle sache qu'on se voit surtout si vous êtes proches ou quoique ce soit. » En réalité, elle voulait surtout pouvoir lui en parler elle, quand elle trouverait le moment opportun. Même si elle redoutait le jugement de sa meilleure amie... Puis ça se trouve il avait déjà essayé de la draguer, il avait l'air d'être ce genre de mec. Parker sentit une fois de plus une vague de stress la submerger, c'était vraiment pathétique. Fallait vraiment être tarée à cet âge pour appréhender d'aller manger avec un mec. « Je connais ce petit restaurant chinois qui sert H24, ça te dit ? » À cette heure-ci c'était un de seuls commerces d'ouverts à Winnipeg qui avait désormais repris le rythme de la rentrée. D'ailleurs, un petit vent soufflait, assez désagréable au point qu'il obligea la jolie brune à se frotter les bras pour se réchauffer. [/color]

La situation était pour le moins... Cocasse. Ils se retrouvaient là comme deux adolescents qui avaient empruntés de l'argent à leurs parents pour aller s'acheter des bonbons ensemble et Parker ne savait plus où se mettre. Surtout maintenant qu'elle savait que c'était un collègue de Primerose. À présent elle se trouvait idiote, elle aurait mieux fait de passer un coup de fil rapidement à Prim' au lieu de s'embarquer dans ce diner avec ce barman un peu trop sexy pour qu'elle puisse garder tout ses principes en tête. Bien sûr, Parker avait déjà rencontré des hommes qui lui plaisaient mais aucun d'entre eux n'avaient le piquant du barman qui marchait à ses côtés. Il avait ce petit truc en plus.. Elle voyait dur, macho, mais quelque chose en lui lui murmurait qu'il avait besoin d'être sauvé. C'était assez étrange, Parker ne savait rien de lui mais ses études de psychologie lui laissait apercevoir que cet homme n'était pas celui qu'il paraissait. Immédiatement, Parker stoppa le fil de ses pensées. Elle n'était pas censé porter de jugement ou analysé les gens qu'elle voyait hors de son cabinet, c'était quelque chose qu'elle s'était promis à elle-même quand elle avait obtenu son diplôme : ne jamais laisser les gens comprendre qu'elle usait de ses connaissances sur eux, elle ne voulait pas passer pour une sournoise manipulatrice et elle n'avait pas envie que l'on pense qu'elle prenait les personnes qui constituaient son entourage pour des cas d'étude. Ah ça non. Elle voulait que les gens se sentent en confiance avec elle, elle y mettait d'ailleurs du coeur.

Finalement, elle avait fini par le tutoyer sans même s'en rendre compte. Sans doute parce que le fait de savoir qu'il fréquentait sa meilleure amie le rendait un peu moins irréel, un peu plus accessible, elle fut franchement surprise quand il lui rétorqua qu'il connaissait bien Primerose et que c'était lui qui l'avait plus ou moins formée. Parker ne put s'empêcher d'éclater de rire quand le barman déclara que sa meilleure amie d'enfance avait deux mains gauches lors de ses premiers services. « Elle est née les mains trouées, mes parents l'embauchaient avant chaque été pour qu'on fasse la saison ensemble et elle cassait tellement de vaisselle que ma mère a finit par lui confier exclusivement la confection des crêpes, gaufres et j'en passe. Tu lui demanderas tiens, elle fait des crêpes bananes & beurre de cacahuète excellentes ! » Mon dieu mais Parker la ferme. Qu'est-ce qu'il en avait à foutre des crêpes de Primerose. Parker se mordit la lèvre gênée et constata avec soulagement qu'ils arrivaient au restaurant. Bien évidemment à cette heure-ci il était désert. La jolie brune ne savait pas si elle devait être rassurée par cette ambiance mais elle décida de ne pas se poser de question et de rentrer aux côtés du jeune homme. Certes ce n'était pas le restau le plus romantique de la ville mais après tout c'était un diner de politesse, non pas un rencard justement. La jeune femme prit place en face du barman alors qu'elle méditait sur ce que le jeune homme venait de dire. Une bonne descente Primerose ? « Ah ça oui je suis au courant tu parles au chauffeur attitré de mademoiselle depuis qu'on est en âge de conduire. Elle devrait m'appeler maman pour toutes les fois où je l'ai couchée dans son lit ivre morte. » expliqua t-elle avec un sourire. Sa meilleure amie était définitivement plus délurée qu'elle, la petite Parker toujours la tête dans ses bouquins n'avait jamais touché un verre d'alcool, quoique si pour goûter mais autrement jamais vous ne la verrez avec un verre de vin, une bière ou quoique ce soit d'autres. Elle craignait ce genre de produits, sûrement par peur de finir comme Primerose de temps en temps le week-end. « Si tu me dis ça c'est que vous avez du vous faire de jolis barathon n'est-ce pas ? C'est pas bien de finir les fonds de verre tu sais. » Ce n'était pas vraiment lui faire la morale, c'était juste une taquinerie. Elle se fichait bien de ce qu'il faisait, elle ne le connaissait pas. Pour le moment.

Ils prirent donc place et avant même que Parker n'ait le temps de se demander comment combler la conversation le jeune homme prit la parole, lui posant LA question. Parker marqua un temps de pause avant de lui répondre, le regardant droit dans les yeux. « J'ai accepté parce que mes parents m'ont harcelé pour que je le fasse. Je suis pas du genre à inviter des hommes au restaurant. Ni à me faire inviter d'ailleurs, mais comme tu nous as été d'une grande aide cet après-midi et qu'après tout un dîner avec toi aura pour seul effet que nous serons quittes, je me suis dis pourquoi pas. »

Lorsqu'il ajouta qu'il n'était pas un modèle de vertu et que ça l'avait surpris qu'il vienne ce soir, Parker réprima un mouvement de recul. « Tu entends quoi par ' pas un modèle de vertue ' ? » Elle fronça légèrement les sourcils attendant une réponse quand il lui annonça son nom. Elle ne put s'empêcher de sourire. Elle adorait son prénom. Il lui allait tellement bien ! Ça y était, elle souriait comme une débile. « Aaron, donc. Moi c'est Parker. Oui je sais c'est un nom de garçon. Mes parents pensaient mettre au monde un petit garçon et au final c'est moi qui suis arrivée, tout le monde étaient déjà habitués à ce prénom alors ils n'ont pas eu le coeur de me le changer. À mon grands damn.» Il était vrai qu'elle n'aimait pas beaucoup son prénom, elle le trouvait trop... Masculin. C'est alors qu'il lui tendit la main, décidé à la lui serrer. Surprise, Parker le fixa quelques secondes lorsque le serveur arriva pour les interrompre. C'était vraiment embarrassant... Elle prit la carte que lui tendait le serveur et ils commandèrent des boissons en attendant. Le serveur leur adressa un bref sourire et repartit en cuisine laissant à nouveau le duo seul. Parker regarda autour d'elle, mal à l'aise puis reporta son regard sur le jeune homme qui lui faisait face. « Cette blonde toute à l'heure ? C'était ta copine ? Elle était jolie. » Prêcher le faux pour savoir le vrai, Parker comptait en faire ce soir sa spécialité.

Parker n'avait pas spécialement faim mais la description de plusieurs sortes de vapeurs commençait à éveiller ses sens. Elle adorait ça : crevette, crabe, c'était quelque chose qu'elle pourrait manger sans cesse. La jeune femme indiqua donc ce plat au serveur puis sa conversation avec Aaron continua. Il la complimenta sur son prénom, ce qui la fit légèrement rougir : est-ce qu'il la draguait dans le but de la mettre dans son lit ce soir ? Est-ce que c'était sincère ? Parker essayait de se convaincre qu'il devait dire ça à toutes les nanas qu'il devait croiser mais quelque chose dans son regard semblait sincère, quelque chose en lui lui donnait envie de baisser la garde et de se comporter de manière naturelle avec lui sans forcément penser à mal à chaque fois. La jeune femme murmura donc un « Merci... » un peu gêné, hâte qu'ils embrayent sur une autre conversation où il ne la mettrait pas mal à l'aise de la sorte. Mais il continua... Il lui déclara qu'elle lui avait l'air intéressante, Parker haussa les sourcils. « Non je ne suis pas intéressante, je suis la canadienne moyenne. N'importe qui te le diras. Mais c'est sûr que je suis plus discrète que Primerose. » Elle était trop mal à l'aise avec la flatterie, elle avait l'impression qu'Aaron la testait, la draguait pour voir ses réactions. Décidément elle aurait bien aimé que Prime soit là pour la conseiller sur le comportement à adopter, elle lui dirait sans détour ce qu'elle pense, elle, et ça lui éviterait d'avoir l'impression de marcher sur des oeufs. Il lui répondit alors qu'il n'était pas le gendre idéal, qu'il avait pour habitude de partir avant que la femme avec qui il avait passé la nuit se réveille, qu'il buvait à outrance. Parker le fixa quelques secondes. Il incarnait tout ce qu'elle détestait chez les hommes mais elle ne parvint pas à ressentir ce mépris qu'elle avait ressentie pour lui la première fois qu'elle l'avait vu, sans doute parce que cette fois-ci le beau barman ne semblait pas fier du discours qu'il tenait. « Oui je vois tout à fait le genre, j'ai eu des amis comme ça. Mais bon je suis là pour te juger... » soupira t-elle. Elle n'avait pas envie de passer pour la fille qui s'offusquait d'un rien, après tout c'était un simple dîner, ce n'était pas un rendez-vous arrangé dont l'issue devrait être une histoire d'amour ou quoique ce soit d'autres, non c'était un dîner cordial, formel, organisé parce qu'il devait l'être ça n'avait rien de romantique et Parker aurait bien aimé arrêter d'espérer qu'il lui dirait bientôt qu'il avait envie de changer, qu'il voulait se caler et toutes ces conneries.

Car oui, en effet, elle était déçue qu'il mène ce genre de vie, elle aurait bien voulu qu'il lui dise quelque chose du genre ' je commence à me faire vieux, il faut maintenant que je pense à une relation stable ' mais ce n'était apparemment pas ce qu'elle entendrait ce soir. Puis après tout, pourquoi lui dirait-il ? Ce n'était pas comme si il devait la séduire, l'impressionner ou l'attraper dans ses filets. De toute manière... La chose se faisait tout seul. Sans s'en rendre compte, Parker commençait progressivement à se sentir un peu trop bien en la présence d'Aaron. Pourtant elle savait qu'entre eux ça ne collerait pas, il était bien trop volage et elle bien trop sérieuse pour qu'ils puissent s'accorder. Parker préférait les soirées en famille ou devant la télé sous une couette bien chaude avec un chocolat chaud alors que lui semblait ne pas savoir ce que c'était que de connaître une fille plus d'une nuit. De plus il avait évité sa question quant au fait de savoir si la blonde qu'elle avait vu aujourd'hui était sa petite amie ou pas, elle était vexée qu'il n'ait pas relevé et ne comptait pas se démonter. « Tu n'as pas répondu à ma question... Cette fille c'était ta copine ou pas ? Parce que si c'est le cas je pense que c'est mieux qu'on arrête là, c'est pas correct j'aimerais pas qu'on me le fasse. Car si il y a bien un truc que je déteste c'est la provocation et les comportements incorrects. » Elle espérait réellement qu'il allait lui répondre non. Pour deux raisons. La première était qu'elle ne voulait pas être ce genre de fille au comportement déplacé qui inviterait un homme en couple au restaurant, les choses allaient vite dans cette petite ville et il était hors de question qu'on ternisse sa réputation pour une vulgaire sortie au restaurant chinois de la ville. La deuxième était... Qu'elle n'avait pas envie d'apprendre qu'il avait quelqu'un. C'était con... Mais elle n'avait pas envie d'apprendre qu'il sortait avec quelqu'un qu'elle connaissait par exemple. Soudainement, elle se demanda si par exemple il n'avait pas déjà tenté quoique ce soit avec Primerose, ça serait possible après tout non ? Parker avait la bouche sèche, elle avait du mal à se concentrer sur ce qu'Aaron lui disait, elle ne pensait qu'à ça : si jamais il lui répondait par l'affirmative toute possibilité d'évolution serait réduite à néant. Nerveuse, la jeune femme prit la serviette en papier qui était fourrée dans son verre et commença à la déchirer frénétiquement en petit carré, regardant de temps à autre où en était son plat.

Alors que la jeune femme était sur le point d'exploser d'impatience, le barman lui demanda si la suite de l'après-midi s'était bien déroulée... Pour le fut à bière. Parker se retint de lever les yeux aux ciels, elle voulait qu'il lui parle de lui, elle se foutait du fut à bière. « Oui oui c'était nickel merci encore tu nous as sauvé la journée. » Elle lui glissa un sourire puis demanda : « Ça fait longtemps que tu travailles dans ce bar, je veux dire, que t'es à Winnipeg ? J'habite ici depuis toujours et c'est bien la première fois que je te vois. C'est bizarre. »

Finalement les assiettes arrivèrent et la jeune femme fut agréablement surprise par la présentation de son assiette, les vapeurs étaient appétissantes et le petit bol de riz cantonais qu'elle avait demandé à part était de belle couleur. Parker était ravie d'avoir eu cette idée et commença à manger avec appétit. Néanmoins, elle sentait le regard d'Aaron sur elle, inlassablement. Elle sentait cette tension, non pas désagréable mais... Étrange s'installer entre eux. Une sorte de tension. Sexuelle. Mon dieu oui c'était bien ça, à chaque fois qu'elle baissait les yeux vers son assiette, son cerveau lui ordonnait de l'admirer à nouveau. À chaque fois qu'il se penchait vers elle ne serait-ce que pour prendre son verre de vin et qu'elle sentait son parfum l'atteindre, son coeur s'emballait. Elle avait véritablement l'impression d'avoir 15 ans à s'émoustiller pour un rien mais décidément, ce mec n'était pas comme les autres.

Elle appréhendait sa réponse quant à la jolie blonde avec qui elle l'avait vu quelques heures plus tôt. Il fallait être réalise, Parker et elle n'avaient pas grand chose à voir. La jolie brune était très loin d'être avenante avec les hommes et exhubérante de la sorte. Elle préférait la discrétion, l'observation aux actes. Ainsi, Parker tentait de s'obliger à ne pas tomber sous le charme du beau barman mais elle devait se rendre à l'évidence, plus la discussion perdurait et plus elle avait peur que ce moment se termine. Elle sentait qu'une histoire particulière était sur le point de démarrer, c'était assez étrange Parker n'était pas certaine d'avoir déjà connu ça. Bien sûr elle avait eut des coups de coeur pour des garçons, mais tous avait finit par la décevoir. Spéciale mention à Noah Dearwood qui l'avait insulté de 'petite salope coincée' parce qu'elle avait refusé qu'il l'embrasse devant tout le monde alors qu'il était complètement ivre. Ceci n'était qu'un exemple parmi tant d'autres des nombreuses fois où un membre de la gentes masculine l'avait réellement déçu. À partir de là, Parker s'était concentré sur ses études et n'avait jamais laissé un homme entrer dans sa vie mais cette rencontre avec Aaron semblait sonner la glas de cette existence consacrée à sa famille et sa carrière professionnelle. Pour la première fois, Parker avait une activité d'une fille de son âge : sortir avec un garçon. Alors qu'elle réalisait tout ça, Aaron déclara que c'était son métier qui provoquait ses rencontres et que cette fille était en aucun cas sa copine, Parker ne put s'empêcher de lui adresser un sourire radieux, elle aimait sa façon de parler. Pour la première fois depuis le début du repas, il s'était montré proche d'elle et elle aimait ça. À vrai dire, elle avait hâte qu'ils dépassent le stade des discussions timides et gênantes pour se parler comme si ils se continuaient depuis toujours.

Mais la chose était loin d'être évidente, en effet, chacun des deux se tenait sur ses gardes et prêtait attention à ce qu'il allait dire avant de le dire, à ne pas contrarier l'autre. C'était assez étrange, après tout ce repas était un simple du ils n'étaient pas en train de jouer leur vie ou passer une audition pour jouer un grand rôle... Parker était un peu perdue. Mais peut-être que c'était ça en réalité les rendez-vous amoureux. « D'accord je vois... C'est sûr que ces derniers temps, avec la période estivale et tout ce bazar, Winnipeg a regorgé de bimbos et d'idiotes en tout genre. Je comprends pas pourquoi elles viennent ici, mais bon. Je suppose que ça arrange les affaires de ton bar. » Parker avait les touristes en horreur, elle trouvait qu'ils dénaturaient la ville et lui enlevaient son charme, elle était toujours soulagée lorsqu'elle ne remarquait plus de plaques d'immatriculations étrangères début septembre même si cela signifiait que le café de ses parents allaient faire un peu moins de chiffre d'affaire. La discussion tourna finalement sur la présence d'Aaron dans cette ville, visiblement il n'était pas venu seul. Il était venu en famille. C'était rassurant, tellement rassurant... Elle qui accordait une importance capitale à la famille elle était heureuse de voir que cela semblait aussi le cas pour Aaron. « Tu es venu en famille ? C'est génial.. Mais attends maintenant que j'y pense, tu n'as pas une petite soeur ? Amber ? Elle vient souvent au café et elle est là depuis janvier elle aussi car elle a eut des soucis avec ses parents... » Peut-être qu'elle disait des conneries mais elle avait souvent vu cette jeune fille au café, c'était sa mère qui lui avait raconté tout ça. Elle esquissa un sourire et prit une gorgée d'eau. « Vous défrayez la chronique ? Ça m'étonne pas les nouveaux arrivants sont toujours au coeur de l'actualité, j'accorde pas trop d'intentions aux potins en général mais maintenant je vais tendre l'oreille, comme ça je saurais à qui j'ai affaire. » lui répondit lança t-elle en souriant. Après quoi elle mangea et regarda Aaron qui semblait gêner. « Ne sois pas embarassé, c'est bien connu c'est toujours plus facile de se confier avec des iconnus. Je m'y connaiss assez bien, je suis psychologue alors tu dois sûrement le sentir sans t'en rendre compte. » lâcha t-elle en émettant un petit rire. « Le café c'est juste pour aider mes parents. » conclut-elle en terminant son assiette.

Il gagna sans aucun doute son coeur lorsqu'il se mit à parler de sa petite soeur avec des étoiles pleins les yeux. Parker le regarda, et ne put s'empêcher de sourire, c'était beau de voir un homme parler de sa famille comme si s'eût été les seules choses qu'il possédait sur cette terre. Parker aussi était quelqu'un de très famille et elle n'imaginait pas vivre sans ses soeurs. Alors elle ne pouvait que comprendre le beau barman qui, devant elle, se laissait aller à montrer un peu d'émotions. Il suscita néanmoins sa curiosité lorsqu'il déclara que c'était un nouveau départ qu'ils prenaient tous et spécialement la plus jeune. Parker haussa légèrement les sourcils mais n'osa pas poser la question directement. C'était bête, ça sonnait peut-être cliché mais oui Aaron avait bien l'air d'être le genre de mec à avoir un passé sombre et compliqué. Parker avait vécu à l'ombre de tout ça, elle était l'aînée d'une famille de classe moyenne qui n'avait connu que Winnipeg et qui n'aspirait pas à s'en aller ailleurs. Les drames de la vie, elle ne les avait vécu que car procuration, elle ne savait pas vraiment ce qu'était la souffrance, la vraie, bien sûr elle avait vécu des déceptions mais pas de quoi en faire un livre, vraiment... À ce moment précis, Parker se sentit... Particulièrement ennuyante. C'est vrai après tout, Aaron pourrait l'occuper des heures avec toutes les anecdotes qui expliquaient la personne qu'il était devenu aujourd'hui mais elle... Elle était la canadienne la plus rasoire de la planète, Parker se sentait ridicule. "Un nouveau départ ? Je pense que vous avez choisis la ville adéquate, ici les gens ont beau aimer tout savoir sur tout le monde ils restent discrets et ne lavent pas leur linge sale en public... Bien qu'ils n'en pensent pas moins évidemment." D'ailleurs, elle songea qu'elle saurait peut-être bientôt ce qui avait amené la famille McCauley au complet à s'installer ici. Parker frissonna. Elle avait le mauvais pressentiment que ce n'était pas une histoire anodine.

Ils terminèrent ainsi de manger, dans un silence cette fois pas si désagréable. Il ne restait plus qu'à demander la note, Parker comptait le faire lorsque Aaron lui posa LA question. La jeune femme le fixa quelques secondes, le coeur battant à cent mille. Quelle était la bonne réponse ? Bordel Primerose où es tu quand on a besoin de toi ? Quand le jeune barman termina par un pas si innocent 'j'espère que non', Parker ne put s'empêcher de lui sourire. Il lui fallait une diversion, il lui fallait une occasion de réfléchir à sa réponse. Elle se leva, et lança au jeune homme un succinct : "Tu m'excuseras, je reviens." Malgré l'expression perplexe d'Aaron, Parker ne se démonta pas. Elle fit mine de se diriger dans les toilettes et attendit qu'il ne la regarde plus pour se diriger vers le comptoir et régler la note. Elle signa le reçu à l'avat-vite pendant que son cerveau tournait à cent à l'heure. Qu'allait-elle bien répondre. S'il n'était pas facile de balancer nos 100 000 conquêtes passées, il n'était pas non plus évident de confesser sa virginité à 24 ans. Comment faire peur à un mec qui vous plaît ? Dîtes lui que vous n'avez jamais eu de copain alors que vous êtes majeur depuis belle lurette ! Il n'y a pas mieux... Parker soupira, et se força à sourire au serveur avant de se rediriger vers Aaron. "On y va ?" lui lança t-elle avec un grand sourire.

Une fois dehors, la température s'était réellement rafraichie et Parker se frotta les bras. Ils marchèrent quelques mètres et Parker se lança. Elle qui était d'ordinaire si sûre d'elle, regardait le trottoir, tête baissée. "Non je n'ai personne." Elle releva la tête et planta son regard dans le sien. "À vrai dire je n'ai jamais eu personne. Vraiment. De manière sérieuse. Enfin, bien sûr j'ai déjà vécu des flirts mais..." Elle ne termina pas sa phrase, gênée."Tu dois trouver ça ridicule, toi qui doit pratiquer depuis de tes 10 ans !"

La jeune femme fut légèrement amusée par la mine contrariée de son invité lorsque celui-ci découvrit qu'elle avait déjà réglée la note. Un deal était un deal et la jeune femme ne voulait pas que le jeune homme pense que ce soir était un vrai dîner galant, ah ça non... Un restaurant chinois franchement ça avait été très bon mais pas de là à en faire une soirée d'anthologie. Ils s'étaient donc finalement Redirigés vers la sortie. La jeune femme avait finalement réussie à se confier sur la réalité de ses relations amoureuses et elle s'en retrouva étonnement soulagée, voilà la bombe était lâchée, Aaron savait maintenant où est)ce qu'il mettait les pieds. Il était clair qu'il fallait être retardé pour ne pas voir l'écart qui existait entre les deux jeunes gens. Parker savait que c'était un aspect de sa vie dont elle ne parlait pas souvent car elle se doutait que ça puisse paraître étrange aux yeux de tous, même Primerose la bassinait avec ça en lui disant qu'il était largement le temps qu'elle saute le pas mais rien ne pouvait influencer la jeune femme à ce sujet. Elle voulait que ce moment compte, c'était tout, rien de plus rien de moins, elle ne voulait pas que ce soit quelque chose d'anodin elle voulait être parfaitement confiante de ce qu'elle ressentait et des sentiments qu'elle avait pour celui qu'elle penserait être le bon. Ainsi, c'était à prendre ou à laisser, Parker ne laissait pas vraiment le choix à ceux qui la cotoyaient.

Elle fut réellement touchée par le fait que Aaron lui passe sa veste pour la couvrir. « Oh merci beaucoup ! » fit-elle à Aaron avec un large sourire. Elle ne s'attendait vraiment pas à cette attention et ne fut pas si gênée que ça, tant son geste avait été naturel. Il ne lui avait pas donné comme si il lui faisait une faveur, il lui avait donné de manière spontannée comme si s'eût été tout à fait normal et que ce n'était pas la première fois qu'il le faisait. Ils arrivèrent finalement devant le Café des Saint-James. Sa famille occupait une jolie maison en banlieue mais à en croire la lumière au dessus du café ils étaient encore en pleine partie de jeux de sociétés. Parker esquissa un sourire à cette idée, puis sentit son coeur s'accélèrer. C'était LE moment embarassant après un rendez-vous. Le moment où on se dit au revoir. Parker n'en avait pas vécu beaucoup mais ses copines encore une fois lui avaient racontée et elle commençait à comprendre pourquoi ce moment était aussi stressant. Elle adressa un sourire à Aaron lorsque soudainement celui-ci prit délicatement son menton afin qu'elle le regarde dans les yeux. La jeune femme sentit son coeur faire un triple looping et plongea son regard dans celui d'Aaron. Il avait quelque chose de si doux, un regard d'enfant. Un regard dans lequel elle pouvait lire une lueur de détresse; soudainement elle eut envie de lui appartenir, de le protéger, de le prendre dans ses bras, de lui dire que maintenant tout irait bien parce qu'elle était là. Mais elle n'en fit rien, elle se contenta de le regarder alors qu'il lui déclara que ses convictions lui plaisaient et qu'il voulait un vrai rendez-vous avec elle. Parker baissa les yeux, elle était terrifée par cette proposition. Devoir dîner avec lui pour faire plaisir à ses parents étaient une chose mais si tout se précisait c'était différent. « J'aime pas ça Aaron. Je connais pas.. Enfin je suis pas du genre à faire tout ça, c'est pas mon truc, je sais pas... Séduire. Je suis pas le genre de filles que tu crois, je suis pas comme toutes ces filles sûres d'elles que tu fréquentes et qui sortent avec toi avant même que tu saches leur prénom. Ça... Ça me fait flipper. Je pense que tu perds ton temps avec moi. Je suis désolée... Crois moi, je ne t'intérèsse pas vraiment. » Sur ce, elle se retourna et s'affaira à ouvrir la porte d'entrée afin de rentrer chez elle.