▽ « L'amour véritable c'est celui qui dit je t'aime mais je te quitte. Il part mais ne cesse de s'agrandir. »

6 mois déjà que nous étions installés à Snowflake Lane, 6 mois que nous avions tout abandonné pour repartir à zéro, oublier le passé. Nous avions tout laissé derrière nous, prêts à tirer un trait sur nos anciennes vies. Pour ma part, quitter Toronto n'avait pas vraiment été une chose difficile, mon boulot était ce qu'il était, mes fréquentations, mes petites douceurs nocturnes n'avaient pas grande valeur de toute façon, ici ou ailleurs, je savais que je retrouverais de quoi satisfaire mes envies comme je l'entendais. Je n'avais d'ailleurs pas eu de quoi me plaindre jusqu'à présent. Par contre, pour Sean, les choses s'étaient un peu mal finies, il avait rompu avec Jona, celle que je considérais déjà comme ma belle-soeur, après plusieurs années ensemble. Ca m'avait fait un peu de peine c'est vrai mais c'était sa décision et je ne pouvais que le soutenir, on venait déjà de traverser beaucoup de galère, le décès des parents avait été particulièrement difficile à vivre, en particulier pour Bryan et Amber qui sont plus jeunes. On avait dû jouer les forts, prendre les décisions qui parfois ne leur plaisaient pas, on a fait ce qui nous semblait être le mieux pour le bien être de nous tous mais ça avait été très compliqué à gérer, sans parler du fait qu'on avait perdu la maison, tous nos souvenirs, tous nos biens. Alors ce déménagement, on l'avait décidé d'un commun accord suite à tous ces malheureux événements, nous quittions une vie et une ville pleine de mauvais souvenirs vers un nouveau départ sans d'autre attache que ce qu'il restait de notre famille, les McCauley.

Etant quelqu'un que j'appréciais, avec qui j'avais beaucoup discuté durant ces dernières années, je restais cependant en contact avec Jona, nous prenions des nouvelles l'un de l'autre régulièrement tout de même. A chaque appel, elle me demandait des nouvelles de Sean, et je n'osais pas lui dire dans quel état d'esprit nous étions. Enfin, en ce qui me concerne, elle avait l'habitude. Mon comportement avec les femmes surtout l'avait beaucoup choqué au début, et elle avait eu du mal à dompter ce côté fougueux de mon petit frère, mais aujourd'hui, tout ça avait bien évolué. Elle arrivait à rire de mes frasques, par contre, lui avouer celles de Sean lui aurait brisé le coeur à nouveau, ou du moins les débris qu'il en avait laissé. Alors j'esquivais les questions, je prétextais tout et n'importe quoi pour mettre fin à la conversation, mais je me doutais tout de même qu'elle n'étais pas dupe. Je n'avais jamais parlé de ces appels à Sean, je ne voulais pas lui rappeler tout ça, et puis ça lui aurait pas plu alors ce qu'on ne sait pas ne peut pas nous blesser parait-il.

Un soir, alors que mon frère et moi étions tranquillement posés dans le salon, devant un match des Raptors avec quelques bières, mon téléphone, que j'avais laissé sur la table, se mit à sonner. "Appel de Jona" s'afficha, je saisis l'appareil en un éclair et m'éclipsai dans la chambre tout en chuchotant :

"Jo ce n'est pas vraiment le moment là... Il est à côté."

La conversation fut brève mais la nouvelle qu'elle m'annonça me laissa complètement perplexe. Une part de moi était contente, mais une autre inquiète. Jona emménageait à Winnipeg et elle ne voulait pas que je prévienne Sean, elle n'était pas prête à l'affronter, elle voulait faire les choses en douceur et bien que ça ne m'enchantait pas de cacher une telle nouvelle à mon frangin, je ne savais pas quelle réaction il pourrait avoir, alors je laissai les choses se faire. On verrait bien comment ça se passerait. Je pris quelques instants pour retrouver une mine sereine et me rassis sur le canapé. Sean me lança un regard interrogateur suite à cet appel : "ah les femmes... Tu sais ce que c'est...", lui répondis-je sur un ton nonchalant. Je repris une bière et commentai le match l'air de rien.

(De lamartine) ▽  « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. »

6 mois, que j'avais concentrée tout mon énergie entière à ma passion, 6 mois que je tentais de m'y plonger tête première pour ne pas perdre pied et sombrer plus bas. La danse m'a toujours servi de bouée de sauvetage peut importe la situation et ce n'était pas aujourd'hui que j'allais laisser tomber cette solution miracle, surtout que plusieurs portes s'ouvraient grandement à moi n'attendant qu'une chose que je les franchissent la tête haute et sans regrets. Mais c'est lorsque je m'arrêtais et que je me retrouvais seule avec moi-même que je me rendais compte que je me sentais toujours autant seule. « À quoi tu penses princesse?» Assise près de la fenêtre, j'eus un sourire et détournai les yeux et je vis mon meilleur ami s'avancer vers moi avec un maigre sourire. Il me connaissait mieux que personne et avec toutes ces années à se côtoyer il n'était pas dupe. « C'est rien...» Soufflais-je avec un maigre sourire, rapportant ainsi mon regard noisette sur la vue que m'offrait Milan, un endroit paradisiaque et parfaite où je pouvais vivre de ma passion. « C'est encore à cause de lui?» Cette fois, je n'osai pas le regarder sachant qu'il visait juste, il prit place près de moi se perdant à son tour vers l'horizon, un silence planait entre nous deux et je ne pu m'empêcher de laisser franchir un léger soupir entre mes lèvres. « Je vais aller me coucher, on se voit demain matin pour la pratique d'accord?» M'étirant doucement je vins plaquer un baiser amical contre la joue de mon partenaire, mon confident, mon frère. Alors que je me levai, il me retint par la main m'immobilisant et mon regard n'eut que d'autre choix que de croiser le sien. « Tu dois pas perdre de vue tes objectifs Jona.» Son ton n'était pas autoritaire, mais il savait que la rupture que j'avais vécus 6 mois plutôt affectait mes performances et ça causait des problématiques au sein de l'équipe. « T'inquiète pas, je gère.» Finis-je par dire en quittant le balcon, sans me faire prier je m'emparai de ma veste et j'enfilai mes chaussures, j'avais besoin d'air je me sentais étouffée...

Errant dans les rues, les mains dans les poches de ma veste je ne pouvais pas m'empêcher de penser à tout le chemin que j'avais parcouru ces dernières années, les embûches que j'avais réussi à traverser. Cependant à chaque fois que je repensais à tout ça, je voyais son visage. Plusieurs fois, il était là à m'épauler et m'encourager à toutes les fois il était là à m'attendre. Il n'avait fait que cela pendant trois ans, pour finalement se rendre compte qu'il ne pouvait pas faire que ça, de sa vie et c'est en prenant du recul que j'avais compris qu'il avait fait cela encore une fois pour moi. Sans me rendre compte, je venais d'accélérer le pas me mettant pratiquement à courir dans ses rues, c'est à bout de souffle que je m'arrêtai et vint m'asseoir sur un banc à l'écart de la route. De façon impulsive je m'emparai de mon portable et je composai un numéro. Une voix me répondit après quelques minutes m'annonçant que ce n'était pas le bon moment, et qu'il n'était pas seul. Il eut un silence et pendant ce temps, je pouvais entendre encore mon coeur battre la chamade dans ma poitrine, puis j'attendis une nouvelle fois sa voix et la discussion s'entama, bien qu'elle fut brêve, je ne fis que lui déclarer ceci: « Je ne te dérangerai pas longtemps, simplement te dire que, que je rentre à Winnipeg.» Mes dernières paroles avaient été presque murmurés. C'est lorsque je raccrochai que je me rendis compte de l'impact de mon geste impulsif, mais je ne m'étais pas senti aussi sereine depuis un bon moment. Je finis par revenir à ma chambre et je m'endormis avec difficultés, comment allais-je expliquer cela à Tyler et aux autres membres de l'équipe qui comptaient sur moi? Le lendemain, je me levai aux aurores et je commençai mes bagages c'est lorsque le soleil se leva que Tyler vint me rejoindre à la chambre. Il eut un rire nerveux se passant une main sur la nuque, quant à moi je le regardais terrifiée à l'idée de le laisser tomber, de laisser tomber ce projet ce contrat qui me tenait tant à coeur. Il s'avança et déclara: « Laisse-moi t'aider à apporter ça.» J'eus un sourire puis je le remercia en continuant de faire mes valises.

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Voilà quelques jours que j'avais débarquée finalement à Winnipeg, je m'étais trouvée un petit loft sympa et je tentais de m'apprivoiser à cette nouvelle vie, cette nouvelle ville que je connaissais pas réellement encore.  Je m'étais empressée d'envoyer mon curriculum vitae dans diverses magasins, dans l'unique but de me trouver un nouvel emploi, n'ayant  vécu que de la danse pendant des années c'était difficile de me trouver autre chose, mais je ne baissais pas les bras du coup. Donc après avoir fait la tourner des magasins et autres commerces je décidai de me rendre au parc, pour m'oxygéner un peu. Je décidai d'envoyer un message texte à Aaron par la même occasion, depuis mon arrivé à Winnipeg, je n'avais pas osé communiquer avec lui, j'avais peur que Sean ou encore que lui-même ne veuille plus rien avoir avec moi. Mais contrairement à ce que je pensais, il m'écrivit un texto en disant qu'il viendrait me rejoindre au parc d'ici quelques heures. C'est donc anxieuse et heureuse à la fois, que je l'attendis et je me disais que si j'étais anxieuse de revoir mon ex beau-frère imaginez lorsque je reverrai Sean. M'assoyant sur un banc, je sortis mon ipod que je m'y en route en attendant de le voir arriver.

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∞ « Un coeur ne peut-être brisé que par celui qui en détient la clé. »

Ce soir là, Aaron & moi on regardait un match de basket comme tout les mardis soirs. Bière dans une main, part de pizza dans l'autre. Le match n'était franchement pas passionnant mais on s'amusait à le commenter avec Aaron. Quand on était pas dans un bar ou à une fête on adorait se retrouver dans notre canapé pour voir des matchs, basket, football, baseball peu importe on commentait tout. C'était l'habitude qu'on avait pris, l'une des seules habitudes d'ailleurs depuis que nous étions à Winnipeg. Amber était chez une copine et Bryan, lui, il devait être dans sa chambre. Le sport ça ne l'intéressait pas vraiment, on avait beau essayé de le convertir avec Aaron, rien n'y faisait. Bryan était tellement différent de nous deux parfois que s'en était troublant.

Le match se présentait plutôt mal pour les bulls ce qui m'agaça un peu, face à un Aaron tout content que son équipe mène. Derrière son sourire, il voulait me dire : " Tu vas devoir payer ta tournée bro'." Les Bulls risquaient bien de me faire perdre mon pari... Je détestais perdre, même quand je restais assis sur un canapé, je ne supportais pas avoir tord. Il m'en fallait peu, mais voilà qu'il avait réussi à m'énerver. Son téléphone sonna, Aaron se jeta sur son téléphone comme si la encore on faisait une compétition. Je le regardais étonné, mais m'en occupa pas plus que ça. Je le vis s'éloigner pour parler, ça ne lui ressemblait pas vraiment non plus mais bon je n'allait pas m'attarder sur son comportement bizarre aujourd'hui. Il revint l'air de rien et s'affala sur le canapé à côté de moi. Je l'interrogea du regard pour savoir qui c'était. Il m'ignora clairement et me répondit un bref : "ah les femmes... Tu sais ce que c'est..." Il reprit une autre bière et se remit à commenter le match l'air de rien.

J'étais son frère, il pouvait faire croire ce qu'il veut à qui il veut mais pas à moi. Quelque chose le tracassait dont il n'avait pas forcément envie de me parler, je pouvais le sentir. Est-ce qu'il aurait mis une nana enceinte ? Oh vous savez avec Aaron je ne m'étonnerais de rien. Il reposa son téléphone et partit au toilette.Il n'avait peut-être pas choisi le bon moment pour me laisser seul en compagnie de son téléphone. Si il y a bien un défaut qu'il me connait, c'est que je suis curieux, trop curieux, beaucoup trop curieux. J'aime fouiner pour avoir toutes les infos dont j'ai besoin et connaître les derniers potins. Je pris son téléphone et alla dans la liste d'appel, je voulais savoir qui était-ce pour que je puisse imaginer ce qu'il ne voulait pas me dire. J'allais enfin pouvoir le charier et lui faire oublier la défaite des Bulls. Dans la liste d'appel je vis un seul nom qui me parlait et qui me parlerait sous doute toujours. Jona. Qu'est ce que Jona avait avoir avec mon frère ? Pourquoi il ne m'en avait pas parlé ? Pourquoi elle le contactait et pourquoi cela avait l'air de le perturber autant ? A ce moment là dix milles questions fusaient dans ma tête.

J'avais toujours su qu'ils avaient tous plus ou moins gardé contact avec Jona même si ils avaient essayé de me le caché. Je ne pouvais pas leur reprocher, si ils étaient aussi proche, c'était quand même de "ma faute". C'est moi qui l'avait intégré à notre famille et qui tout au long de ses trois années l'avait emmené partout avec moi. Amber considérait Jona comme une grande sœur, elle la conseillait et adorait parler avec elle pendant des heures. Bryan et elle s'entendaient bien mais son côté timide et solitaire faisait qu'ils étaient proche mais sans plus. En ce qui concerne Aaron, la par contre j'étais bluffé. Nous connaissant par cœur, il avait prit l'habitude de nous calmer chacun de notre côté et de nous rabiboché quand l'un ou l'autre était trop fier pour faire le premier pas.Enfin c'est ce que je croyais jusqu'à l'heure d'aujourd'hui. Et si finalement je n'avais jamais été capable qu'entre eux ce n'était plus qu'une simple amitié. Non Aaron ne pouvait pas me faire ça. J'avais envie de tout casser, de jeter son téléphone contre un mur mais je devais rester calme et faire à mon tour comme si tout allait bien. Aaron revint des toilettes, je lui fit un sourire en me pinçant en buvant ma bière mais j'avais l'impression que mon regard me trahissait. Je regarda donc le match, les bulls avaient bel et bien perdu.

- Bon je crois que les Bulls ne m'ont pas aidés, je te dois un restau pour toi et la personne de ton choix. Peut-être même la fille qui avait l'air de t'exaspérer tout à l'heure...


Je rigola malgré l'ironie pour essayer de voir la réaction d'Aaron même si au final le plus tendu de nous deux c'était bien moi. Je pensais avoir totalement tournée la page Jona. Mon arrivée à Winnipeg, la distance physique entre elle moi et ma nouvelle vie m'y avait fait croire. Au contraire de mes frères et de ma soeur, je ne voulais plus aucun contact avec elle pour m'aider à passer à autre chose. Aucun texto, aucun mail, aucun appel... Enfin Jona m'en avait envoyé mais je n'y avais jamais répondu. Ma fierté m'avait bien aidé dans cette épreuve. De voir apparaitre son nom sur le téléphone de mon frère, m'avait bouleversé. Qu'est ce qu'elle avait bien pu vouloir lui dire ou faire avec lui. Allait-elle se marier ? Était-elle enceinte du nouvel homme qui partageait sa vie ? Voulait-elle revoir Aaron parce qu'elle avait réaliser que celui qu'elle aimait c'était lui ? Bien oui parce qu'au final j'étais celui qui la faisait pleurer et Aaron était toujours celui qui séchait les larmes et qui arrangeait la situation. C'était toujours le héros de nous deux de toute façons. C'est lui qu'Amber avait appelé pour le sauver, c'est lui qui l'avait sauver, c'est lui qui avait toujours tout gérer même si par habitude on disait toujours que c'était nous deux. Je savais bien que nos rôles n'était pas égaux en ce qui concernait notre installation à Winnipeg. Il était toujours le premier dans tout ce qu'il faisait et moi j'étais toujours le second. Il n'y avait qu'à regarder sur notre carte d'identité et comparé nos dates de naissance, j'étais second. Dans le rôle du plus gros connard, j'étais second. Toute ma vie je serais second derrière lui. Il y avait une pointe de jalousie et de compétition qui s'était ravivé en faisant apparaitre son nom sur son téléphone. Si sur un terrain je ne le laisserais pas être premier, c'est Jona. Elle était à moi, ou si ce n'est pas le cas, elle ne serait pas à lui en tout cas. J'étais donc décidé à savoir ce qui se passait entre eux, tout en restant discret...

 

▽ « L'amour véritable c'est celui qui dit je t'aime mais je te quitte. Il part mais ne cesse de s'agrandir. »

Le match était de plus en plus intense et les Raptors finissaient par prendre peu à peu le dessus sur les Bulls que Sean supportait tant. Je n'avais jamais compris ça d'ailleurs, comment lorsque tu viens d'une ville, à savoir Toronto, tu pouvais en soutenir une autre ? Enfin, la soirée s'était mal finie pour lui avec la défaite de ses chouchous et une victoire probante des miens. J'avais bien envie de fanfaronner et de lui lancer un "J'te l'avais bien dit" qui achève, mais je le sentais très tendu, je ne savais pas si c'était la défaite qu'il avait amère ou autre chose alors je préférai la jouer humilité cette fois... Peut-être avait-il eu le temps de lire que l'appel provenait de Jona, peut-être que ça l'avait bouleversé, peut-être même qu'il m'en voulait... Mais je pense que si tel était le cas, il m'en parlerait, il ne laisserait pas quelque chose d'aussi important en suspens, surtout el connaissant. Sean s'imaginait vite tout et n'importe quoi et avant même que les gens aient le temps de dire "ouf", ils étaient déjà coupables de crimes impardonnables à ses yeux, sans pour autant que les faits soient pourtant avérés. Oui, il avait cette fameuse tendance, à partir de rien, de se monter toute une histoire et là, c'en était fini, il pétait les plombs. Ce fut à ce moment là qu'il revint sur l'appel en question, en me proposant un restau avec pourquoi pas la fille en question. Je sentais bien que cette insinuation était loin d'être anodine, il voulait en savoir plus.

"C'est rien, juste une fille qui veut devenir une McCauley, une de plus sur la liste... Mais bon tu me connais, pas de sentiments. J'ai pas le temps pour ces conneries." J'espèrai que mon illusion d'explication allait faire l'affaire, que ça allait lui ôter tout soupçon, quelqu'ils soient, et surtout qu'il finirait par enfin changer de sujet car la situation me mettait de plus en plus mal à l'aise. Je décidai finalement d'esquiver toute éventuelle question en prétextant un rendez-vous galant et m'éclipsai. Je n'avais rien de spécialement prévu alors je rappelai Jona pour avoir plus de détails. Elle avait décidé de venir s'installer dans les jours qui venaient, ce n'était une idée en l'air donc, elle avait vraiment pris une décision définitive, elle cherchait déjà un appartement. Je ne savais pas bien quoi lui dire, ni même l'aiguiller sur la façon de l'annoncer à Sean. Il avait refusé tout contact avec elle depuis notre départ de Toronto, il avait toujours eu cette volonté de la rayer de sa vie depuis notre installation à Winnipeg et je ne voulais pas briser cet élan, après tout, s'il l'avait quitté, c'est parce que c'était mieux pour leur bien mutuel. Mais leur histoire avait été vraiment très belle, moi qui pourtant vomi ce genre de sottises, Jona faisait presque partie de la famille, elle tenait une place importante dans la vie de chacun des McCauley et je ne me voyais guère ne pas lui tendre les bras.  

Quelques jours passèrent, une semaine, deux semaines sans avoir de nouvelles de Jona, elle m'avait pourtant dit vouloir s'installer dans le quartier immédiatement, et je trouvais son silence surprenant. Peut-être avait-elle changé d'avis. Après tout, elle avait sûrement réfléchi un peu plus à sa décision et décida de ne pas risquer de mettre son cœur à l'épreuve à nouveau. Je pouvais le comprendre. Enfin essayer tout du moins. Alors que je rentrais de mon service, je reçus finalement un message de la demoiselle me disant qu'elle était là et qu'elle avait besoin de me voir... Ce n'était pas vraiment le style de Jona d'avoir "besoin" de quoique ce soit et ça m'inquiétait un peu. Aurait-elle des ennuis ? Ou avait-elle besoin d'un service pour un boulot, pour ses cartons ? Pour Sean... Je lui demandas de m'attendre car je devais rentrer me doucher, me changer, avant de pouvoir la rejoindre au parc. Quand j'ouvris la porte, j'aperçus Sean dans le canapé, depuis quelques jours, c'était son endroit de prédilection, il était vraiment mollasson, je ne savais pas quel était son problème, on aurait dit qu'i était dans une mini dépression, il n'était pas franchement des plus agréables. Je préférais faire semblant de rien, clairement il n'avait pas envie de discuter de ce qui le rongeait. "Ca va mon fréro ?" lui lançais de la cuisine. On s'boit un truc ?"

Je ne sais pas si c'était l'émission sur les éléphants en Afrique qui l'intéressait autant ou s'il était dans la Lune, ou simplement endormi, mais sans réponse de sa part, je posai mes affaires sur le comptoir du bar qui séparait le salon de la cuisine et partis me doucher. Ca faisait tellement bien de sentir l'eau chaude sur son corps courbaturé, je restais souvent des longs moments sous l'eau, ça me permettait de réfléchir, de me poser des questions, de ressasser les moments clés de la journée. Pris dans mes pensées, j'en avais oublié que Jona m'attendait, je coupai vite l'eau, m'essuyai en vitesse, enfilai un jean et un T-shirt en V de chez Diesel, quelques gouttes de "La Nuit de l'Homme" d'Yves-Saint-Laurent et je me sentais propre et frais pour aller voir ce que ma petite Jo' voulait.

"Bon Sean, je file je dois retrouver quelqu'un, je t'appelle tout à l'heure." Et en parlant d'appeler, j'avais oublié de récupérer mon téléphone et mes clés, j'étais sorti dans la précipitation. Je frappai à la porte "Putain Sean, j'ai oublié mes clés et mon iPhone sur le bar, apporte-les moi s'il te plait, je ne sais pas où j'avais la tête !". Après plusieurs dizaines de secondes, la porte s'ouvrit enfin.

∞ « Un coeur ne peut-être brisé que par celui qui en détient la clé. »

Je ne voulais pas paraitre suspect et admettre à mon frère que j'avais fouiller dans son téléphone. Il savait que j'étais une fouine, cela n'avait jamais été un secret pour personne mais là il allait forcément devoir rentrer dans des explications ou on allait rentrer en conflit et je n'avais vraiment pas envie de rentrer là dedans ce soir. C'est sourire en coin qu'il me dit fièrement.

"C'est rien, juste une fille qui veut devenir une McCauley, une de plus sur la liste... Mais bon tu me connais, pas de sentiments. J'ai pas le temps pour ces conneries."

Est-ce que mon frère se foutait de moi ? Je crois qu'à cet instant là il put y voir la haine dans mes yeux, sans vraiment savoir pourquoi. J'étais habitué à avoir ce discours là, à flirter, coucher, me servir des filles quitte à leur raconter tout et n'importe quoi pour arriver à mes fins mais là... Là il s'agissait de Jona. Il était en train de m'avouer clairement qu'il avait couché avec Jona mais que c'était par pur plaisir et que lui se fichait d'elle ? Non vraiment j'avais du mal à le suivre pour le coup. D'ailleurs en y pensant bien, il ne pouvait même pas coucher avec Jona même s'il le voulait. Elle devait être dans une des capitales européennes à l'heure qu'il était pour faire une de ses représentations. Plus je réfléchissais à la situation, plus les films défilaient dans ma tête. Aucun n'avait réellement de sens. Je voyais Aaron m'observer bizarrement, je voyais bien que j'avais du mal à lui cacher mes angoisses et les centaines de questions que j'aurai aimé lui posé. Je me releva du canapé pour aller en direction de la salle de bains, prendre une douche me fera le plus grand bien.

- Bon allez je vais prendre une douche et me changer les idées parce que les Bulls m'ont gâchés ma fin de soirée.

Le temps avait beau passer, j'avais du mal à faire confiance totalement à Aaron maintenant. Il ne m'avait toujours pas parlé de ses contacts avec Jona et son silence m'inquiétait. Mon côté paranoïaque ne m'aidait pas vraiment dans cette situation. Je m'éloignais un peu de lui inconsciemment je pense, mais cette trahison me paraissait impardonnable. Aaron m'avait vu suite à la rupture avec Jona, il avait vu mon état. C'est lui qui m'avait relever, qui m'avait obliger à le suivre dans ces beuveries, qui m'avait fait retrouver ma vie d'avant et quitter ma vie posé. J'avais cette habitude depuis 3 ans de passer mes week-ends accompagnés de Jona à partir à droite à gauche quand elle n'était pas en déplacement. Je m'étais découvert l'âme d'un romantique, qui aurait fait beaucoup pour la surprendre et l'épater. Aaron m'avait redonner goût à ma vie de célibataire suite à notre séparation, il savait à quel point elle comptait alors il essayait de me trouver des occupations à la hauteur de sa présence dans ma vie...

Cette appelle avait de nouveau bouleverser mes habitudes et mes envies. Je sortais moins dans les bars et mes coups d'un soir se transformaient en flirt de plusieurs soirs. J'essayais de retrouver la complicité et les habitudes que je pouvais avoir avec Jona. C'était malsain, je m'en rendais compte mais elle me donnait l'impression que je me portais mieux sans elle et que son histoire avec mon frère ne me toucherait pas quand ils me l’annonceront. J'étais dans le canapé à regarder les programmes défiler les uns à la suite de l'autre sans bouger, au contraire de moi Aaron avait l'air d'avoir une sortie de prévue. Il sortit précipitamment de la maison et oublia son téléphone. Cela faisait quelques semaines maintenant que j'avais vu sa liste d'appel avec le nom de Jona qui y apparaissait. L'envie était trop forte, comme un drogué que la cocaïne appellerait, son téléphone me faisait de l’œil. Je l'ouvrit vite, avant qu'il réalise son oublie et alla dans la liste d'appel une seconde fois. Rien. Je ne trouva aucune trace de Jona dans sa liste d'appel. Bizarrement je ne me réjouis pas de cette nouvelle. J'allai reposer son téléphone quand je me décida à aller checker les textos de mon frère.

" Le parc ? Ce soir ? Jo' "

Le message était court et précis à la fois mais il était évident et claire. La personne qu'Aaron allait rejoindre vu l'heure était Jona. Il s'était préparer comme pour tout ces rendez-vous séductions. Qu'est ce qu'il me fallait de plus pour ouvrir les yeux ? Je l'entendis revenir tambouriner la porte de la maison en m'expliquant son oublie. De toute façons je n'avais pas besoin d'en voir plus, j'en avais déjà vu assez pour aujourd'hui. Je me dirigera vers la porte, lui balança ses clés et son téléphone.

- Amuse toi bien.

Mon ton ne laissait pas vraiment place au doute quand à mon humeur. Je me jeta dans le canapé, attrapa une bière qui était resté à moitié vide sur la table. La femme qui m'avait fait découvrir l'amour et que je pensais avoir oublié était à présent à quelques centaines de mètres de moi avec mon frère bien habillé et parfumé. Pendant que moi, j'étais là, assis dans un canapé en caleçon à 17h de l'après-midi. Voilà il n'y avait rien à dire, rien à faire... Plus qu'à attendre que le mal passe.

 

(De lamartine) ▽  « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. »

Assise sur ce fameux banc de parc j'étais plus qu'anxieuse. Une de mes mains tapotait légèrement ma cuisse j'avais l'impression que mon coeur allait lâchée tellement je sentais l'anxiété monter en moi rapidement. Levant le regard par moment, je ne pouvais pas m'empêcher de regarder pour voir si je ne le verrai pas arriver. Un soupir ne pu s'empêcher de franchir mes lèvres, je décidai de parcourir la playlist de mon ipod, lorsque je finis par tomber sur une chanson et mon sang ne fit qu'un tour, à croire que le destin voulait m'emmerder aujourd'hui. je laissai tout de même la musique jouer dans mes oreilles et encore une fois elle me replongeait dans mes souvenirs, je détournai les yeux pour regarder l'horizon, tranquillement je réussis à me calmer et reprendre un certain contrôle sur moi. Soudainement, j'entendis un murmure au loin du moins ça me donna l'impression d'un murmure puisque j'avais les écouteurs dans les oreilles, je retirai un écouteur tout en relevant les yeux et un immense sourire se dessina sur mes lèvres, je m'empressai de me lever et de me diriger dans ses bras. Après cette étreinte amicale, je me reculai légèrement pour l'observer il n'avait pas changé, il avait toujours autant fier allure, tellement que je lui mentionnai: « Tu sais, t'étais pas obligé de te mettre sur ton trente et un.» J'arquai un sourcil puis j'enchaînai en disant: ^color=crimson]« Tu t'es parfumé en plus.»[/color] J'eus un sourire amusé et je fis mine de lever les yeux au ciel tout en disant: « Tu fais pas les choses à moitié, j'avais oubliée...» Un petit rire s'échappa entre mes lèvres, j'avais oubliée à quel point c'était si agréable de rire. J'avais l'impression que ça faisait des lustres que je n'avais souris ou encore ris. Replaçant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille je l'invitai d'un léger signe de tête à venir marcher un peu, lorsque nous avons commencés à marcher je mis mes mains dans les poches arrières de mon jeans regardant devant moi, un silence s'installa entre nous et je finis par briser le silence en disant: « Alors, comment ça va?» Ouais bon, ce n'était pas génial comme début de conversation, mais ça faisait des mois que je n'avais pas reçu de nouvelles et que je n'en avais pas donnée non plus à vrai dire optant pour le silence radio. Mais bon, maintenant que j'étais dans la même ville que lui, les nouvelles allaient être plus régulières. Je remarquai que son visage s'était quelque peu renfermé, je le dévisageai un moment, puis il finit par prendre la parole et je me mis à l'écouter tout en continuant de marcher, hochant parfois la tête à ces propos puis finalement il me retourna la question, j'eus moi aussi un moment de silence et un maigre sourire se dessina sur mon visage, puis dans un haussement d'épaules je finis par répondre: « Ça va...» Menteuse que j'étais, mais bon j'étais trop fière pour avouer que je n'allais pas très bien depuis des mois, mais en même temps Aaron n'était pas dupe il allait se rendre compte que je n'étais pas au meilleur de ma forme. J'enchaînai en disant: « Mon expérience à Milan était génial, j'ai rencontrée d'excellentes danseuses et danseurs qui vivaient la même passion que moi. » Soudainement, mon sourire diminua et j'avouai: « Mais contrairement à eux, on dirait que j'ai envie de découvrir autre chose... J'ai passé ma vie dans la danse et j'ai toujours cru que j'allais mourir avec elle, mais finalement au fil des années je me suis rendue compte que ça ne me rendait pas plus heureuse.» J'inspirai un grand coup et je remarquai le regard de mon confident, qui avait changé au fil de mes paroles, j'eus un rire nerveux et je ne pu m'empêcher de dire: « Tu dois me trouver complètement cinglée hein?» Me pinçant les deux lèvres, j'aurais pu répondre pour lui. Je me trouvais complètement cinglée, beaucoup de jeunes danseuses auraient voulus vivre le tiers de ce que moi j'ai pu vivre au cours des dernières années, jamais je n'avais osée dire à mes partenaires filles ou garçons que je n'étais pas tout à fait heureuse, s'aurait été stupide de dire de telles choses alors que tout était à porter de mains. À nouveau le silence prit la place et cette fois je demandai d'une petite voix: « Sean le sait que t'es ici?» Je ne pouvais pas m'empêcher de parler de lui, je suis persuadée qu'à un moment il finirait par me dire d'arrêter de reprendre toujours le même refrain, mais c'était plus fort que moi, j'arrivais pas à me le sortir de la tête et j'espérais au fond ne jamais réussir.

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▽ « L'amour véritable c'est celui qui dit je t'aime mais je te quitte. Il part mais ne cesse de s'agrandir. »

Après quelques longs instants, Sean ouvrit la porte et me lança mes affaires tout en lâchant un "Amuse-toi bien" grinçant, il était visiblement très énervé que je m'en aille. Est-ce qu'on avait prévu quelque chose ? Je ne pensais pas avoir oublié quoique ce soit avec lui et je ne comprenais pas vraiment son attitude, mais de toute façon, quoiqu'il se passait, j'étais en retard et je n'avais pas le temps de gérer son côté lunatique pour le moment. Le trajet jusqu'au parc n'était pas très long mais pourtant j'avais déjà chaud, j'avais l'impression de transpirer, et oui, je crois que j'angoissais. Revoir Jona après tout ce temps, c'était un peu comme retrouver une sœur, elle avait fait partie intégrante de la famille et tout le monde sait à quel point j'accorde une importance capitale à ma famille. Après 5 minutes de marche, j'arrivais tranquillement sur Whittier Park, et je savais que Jona y serait, qu'elle m'attendait déjà quelque part. Est-ce qu'elle était stressée elle aussi ? J'avais du mal à me projeter, à imaginer ce que ça allait être de la revoir, allions-nous faire comme si de rien était, allions-nous être comme deux étrangers que le temps a séparé et qui ont désormais des vies opposées. Je ne savais pas à quoi m'attendre. Comme très rarement, je me sentais vulnérable, non pas pour moi, mais pour mon frère, de revenir sur ce terrain, de revoir cette femme qu'il a tant aimé, est-ce que je prenais la bonne décision ? Aurais-je du lui en parler ? Est-ce que je le ^protégeais vraiment ? J'essayais de me convaincre que oui, que je tatais le terrain, je voulais voir si elle avait changé avant de lui annoncer la nouvelle, vérifier de mes propres yeux qu'elle était vraiment là, de retour dans nos vies pour de bon.

De descendais le chemin central du parc, à la recherche de cette jolie brune dont le sourire me manquait, celle que je considérais toujours comme ma belle-sœur malgré tout. Je regardais à droite, à gauche quand je l'aperçus, au loin, assise sur un banc à écouter son mp3. Je m'approchais doucement, elle était toujours aussi belle et élégante : "Jona !... Jona... Tu m'entends ?" lui disais-je sans qu'elle ne semble m'entendre. Elle leva finalement la tête et me pris dans ses bras. Elle avait l'air heureuse et soulagée de me voir et ça me détendait aussi. Je lui rendis son étreinte. Elle me charria sur mon style et mon parfum mais elle savait bien que j'étais comme ça, toujours prêt en cas de charmantes rencontres. Je la suivais, on commença à marcher dans le parc et un certain malaise se faisait ressentir. Jona me demande comment j'allais, je lui expliquai alors la vie que nous avions à Winnipeg, mon boulot, ce que devenaient Bryan et Amber. J'évitais soigneusement de parler de Sean, j'attendais qu'elle le fasse, je voulais voir si elle allait amener le sujet à un moment donné.

Quant à elle, elle me raconta sa vie de danseuse, ses doutes et l'épanouissement qu'elle cherchait qui lui manquait dans son travail, sa décision de tout quitter. Je sentais bien chez elle une profonde blessure qu'elle essayait pourtant de cacher par un sourire angélique, mais je la connaissais trop bien. Elle pensait que je ne la comprenais pas mais je voyais mon frère vivre et combler ce vide chaque jour par le sexe et l'alcool, je savais mais je ne pouvais pas lui en parler bien entendu. Alors je restais là à la regarder, quand elle lança le sujet qui fâche, elle demanda si Sean était au courant de notre rendez-vous. Je baissa la tête car je n'étais pas fier de moi et lui expliqua :

"Non, je ne lui ai rien dit de nos échanges depuis que nous avons quitté Toronto. Il a eu des moments difficiles et je ne veux pas lui faire de mal, je n'étais pas sûr de tes intentions... Excuse-moi Jona hein, alors j'ai préféré venir voir comment ça se passait avant, je ne veux pas le voir souffrir à nouveau tu comprends ?". Elle me regardait avec tendresse, j'avais du mal à trouver les mots pour lui expliquer sans l'alarmer sur la situation de Sean. Je m'étais fourré dans de sales draps encore une fois.

∞ « Un coeur ne peut-être brisé que par celui qui en détient la clé. »

Je regardai Aaron partir en direction de Whittier Park par la fenêtre et sans savoir ce qui me prit j'enfila un sweet à capuche, une paire de sneakers et me décida de le suivre. Une fois après avoir trouvé les clés de la maison et m'avoir lancer un dernier regard dans le miroir du couloir, je dévalai les marches de la maison quatre à quatre. Aaron avait pris de l'avance certes, mais en y allant à petite foulée, j'allais assez vite le rattraper surtout que le parc n'était pas si grand que ça non plus. Finalement, je le rattrapai même alors qu'il était encore seul, personne à ses côtés. Quel film j'étais encore parti m'imaginer. Comme si Jona allait être là, quel idiot je suis ! J'étais rongé entre deux sentiments le soulagement de ne pas la voir dans ce parc avec mon frère qui s'était fait beau comme un marié et la déception de ne pas la voir. Voir son sourire, ses gestes si tendres et ses déplacements si gracieux. Elle me manquait, de tout son être. Ses questions idiotes et ses blagues nulles qui me faisaient lever les yeux au ciel, sa façon de me regarder avec sa petite moue quand elle m'avait contrarié. De ne plus sentir son souffle chaud contre ma nuque chaque matin en me réveillant, de ne plus me réveiller la nuit en sursaut quand elle glissait ses pieds froids contre mes jambes. Son rire insupportable, sa façon de s'énerver quand elle n'arrivait pas à quelque chose. Bien que cela paraisse fou, ce n'était pas les meilleurs côtés de Jona qui me manquait le plus, mais tous ces défauts qui l'auraient rendu détestables pour d'autres, mais qui me la rendaient si unique. Cette femme me rendait dingue clairement. Cela faisait plus d'un mois que je ne parlais plus vraiment à Aaron parce que j'avais des doutes sur une relation éventuelle entre eux. Mais comment avais-je pu être aussi con franchement ? C'est pour ce genre de chose que Jona et moi, on s'était déchiré. Cette jalousie maladive qu'elle ne supportait plus. Comment avais-je pu douter de mon frère qu'allait juste se taper une nana de plus et moi comme un con, je pensais que ça pouvait être Jona dans ce parc. Qu'est-ce qui m'avait pris ? À cause de mon comportement, je me retrouvais là avec mon short de basket, mon sweet dans un parc à surveiller ce que mon frère faisait et qui est-ce qu'il allait sauter en l'observant de loin caché derrière mon arbre.

J'allais tourner les talons quand je le vis arriver à la hauteur d'un banc, une brune se leva, se retourna et lui sauta dans les bras. C'était elle. Je ne voyais qu'une silhouette floue de l'endroit où j'étais, mais je le savais, c'était Jona cette silhouette que je pouvais apercevoir au loin. Elle était là, à une centaine de mètres de moi seulement, dans les bras de mon frère. D'où j'étais, je ne pouvais pas distinguer ni ce qu'ils se disaient, ni ce qu'ils faisaient réellement. Je pouvais reconnaître sa grâce, sa façon de sautiller et de se déplacer. Mes remords sur mon comportement n'avaient pas duré longtemps vu la tournure des évènements. Je m'approchai discrètement, ma capuche me recouvrant la tête. Mon cœur battait de plus en plus vite à l'approche de Jona et Aaron. À présent, je pouvais distinguer clairement leur visage, ils riaient tous les deux, se frôlant même parfois les bras. On pouvait retrouver la complicité dans leur regard des années passées ensemble, retrouvés, comme si rien ne s'était jamais finis.

Qu'est-ce que j'étais censé faire à présent ? Sauter sur mon frère ? Me battre avec lui ? Partir et fuir comme si rien ne s'était passés ou du moins que je ne l'avais pas vu. Non-peu importe ma réaction, la leur en me voyant, la situation devait être rétablie. Voila que depuis le départ de Jona, j'avais sombré entre dépression et excès en tout genre, mais depuis que j'avais découvert cet appel sur le téléphone d'Aaron ma vie était devenue un véritable enfer. Si elle m'avait pris mon amour, mes rêves et ma vie, elle n'allait pas en plus de ça prendre ma famille, il en était hors de question. Mes jambes me guidaient vers eux comme un robot. J'avais envie de leur crier de partir, leur hurler que j'arrivais, mais j'avançais incapable de réfléchir ou d'ouvrir la bouche. C'est le visage totalement fermé, les sourcils froncés que j'arrivai derrière eux. Ils étaient là à quelques mètres de moi, me tournant le dos. Je racla ma gorge pour leur signaler ma présence et pendant qu'ils me tournaient toujours le dos je leur lança :

- Je vous dérange peut-être non?

Je venais de parler sans même savoir ce qui allait se passer ensuite ou ce que j'allais devoir leur répondre par la suite. C'est le regard noir que j'attendais de croiser le leur. Je serrais les dents, mes poings étaient serrés contre mes jambes. J'essayais de garder mon calme et de respirer profondément. J'allais rester calme, sans être violent avec qui que ce soit. C'était Aaron & Jona, je ne pouvais pas me permettre de faire n'importe quoi cette fois. Avant même qu'il puisse me dire quoi que ce soit, j'éclatai :

- Non mais est-ce que vous vous foutez de moi ? À vous voir comme ça dans un parc à une centaine de mètres de chez moi ? Jona, je t'avais dit quoi ? Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans je ne te supporte plus, je ne veux plus te voir... T'essayes de me rendre fou en allant voir mon frère à la place ? Et toi là comme un con, tu réponds à ses avances... Au lieu de réfléchir un minimum avec ton cerveau pour une fois ! C'est Jona là... Qu'elle, elle essaye de me détruire, je veux bien... Mais toi... Putain Aaron t'as pas le droit de me faire ça, je suis ton frère ! Ton frère... Mais apparemment une partie de baise comme tu me l'as si bien dit tout à l'heure, ça doit être plus important que moi. T'as toujours tout eu. T'as toujours été meilleur partout Aaron alors il a fallu que la seule chose au monde qui était à moi et pas à toi, tu l'obtiennes, c'est ça ?

J'étais là à leur sortir ma colère et mon dégoût pour eux. Je ne voyais plus rien autour de moi, je pensais à ces mois qui avaient défilé. Comment l'alcool m'avait détruit peu à peu, comment cette situation était devenue ce qu'elle était.


 

▽ « L'amour véritable c'est celui qui dit je t'aime mais je te quitte. Il part mais ne cesse de s'agrandir. »

Nous continuions à discuter un moment, je lui expliquai pourquoi je n'avais rien dit à Sean, je lui parlais de combien leur rupture fut pénible pour nous tous, non seulement parce qu'il nous était insupportable de voir Sean souffrir mais aussi parce qu'on l'aimait beaucoup et qu'elle faisait comme partie de la famille pour nous, alors du jour au lendemain, ne plus la voir, ne plus entendre son rire résonner dans la maison. Sean avait perdu sa petite amie, mais Amber avait aussi perdu une grande sœur et ça n'avait été facile pour personne. Jona m'attrapa le bras comme pour me dire qu'elle comprenait, un geste de tendresse amicale pour me rassurer, et c'est à ce moment-là que j'entendis derrière moi :

"Je vous dérange peut-être non?". C'était Sean, et son ton était celui de quelqu'un très en colère, que faisait-il ici ? Il m'avait suivi ! Sans aucun doute, mon propre frère m'avait suivi ! En plus il était là avec son jogging et ses baskets, son sweat à capuches, dans quel état...Même pas présentable. Et j'étais supposé faire croire à Jona qu'il allait bien après ça. Impossible. Il ressemblait à un mec au fond du trou rongé par les blessures de son passé qui se noie dans l'alcool pour oublier ses erreurs. Je le contemplais avec effroi, je ne savais même pas quoi lui dire. Qu'est-ce qu'il s'imaginait, que j'allais entretenir une relation secrète avec son ex-fiancé ?! Enfin, c'était tellement invraisemblable que je ne trouvais pas les mots, et de toute façon, il continua, sa rage parlant pour lui :

"Non mais est-ce que vous vous foutez de moi ? À vous voir comme ça dans un parc à une centaine de mètres de chez moi ? Jona, je t'avais dit quoi ? Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans je ne te supporte plus, je ne veux plus te voir... T'essayes de me rendre fou en allant voir mon frère à la place ? Et toi là comme un con, tu réponds à ses avances... Au lieu de réfléchir un minimum avec ton cerveau pour une fois ! C'est Jona là... Qu'elle, elle essaye de me détruire, je veux bien... Mais toi... Putain Aaron t'as pas le droit de me faire ça, je suis ton frère ! Ton frère... Mais apparemment une partie de baise comme tu me l'as si bien dit tout à l'heure, ça doit être plus important que moi. T'as toujours tout eu. T'as toujours été meilleur partout Aaron alors il a fallu que la seule chose au monde qui était à moi et pas à toi, tu l'obtiennes, c'est ça ?"

Il se moquait vraiment de nous, il avait tout faux de A à Z, il s'était monté tout un truc dans sa tête de jaloux maladif qu'il ne nous avait pas vraiment observé, il avait vu ce qu'il voulait voir. Il n'avait sans doute pas vu le malaise qu'il y avait entre nous dès le départ, ni le fait qu'il n'y ait pas eu de baiser, ou encore il n'avait clairement pas entendu notre dernier sujet de conversation qui était celui de l'amour que je lui portais, de combien je voulais le protéger. Ses accusations me blessaient dans le sens ou tout ce que j'avais fait dans la vie, c'était pour lui, pour eux, pour les miens. Et là, il me faisait passé pour le roi des cons. Qu'un inconnu me le dise, je l'aurais pris pour un compliment mais venant de mon sang, jamais je ne pouvais accepter de tels propos. Je l'attrapai par le col et colla mon visage à 2 centimètres du sien :

"Ecoute-moi bien Sean, il ne se passe rien entre Jona et moi t'as compris. Elle vient de s'installer sur Winnipeg et c'est la première fois qu'on se voit depuis Toronto. Je voulais vérifier ses intentions, voir comment ça allait se passer et ce qu'elle attendait avant de t'en parler, je cherchais à te protéger avant d'exposer ton cœur à un tel choc. Alors maintenant, soit tu te calmes, soit tu dégages d'ici t'as compris ? Regarde-toi, tu me fais honte." Je me retournai vers Jona, qui restait là, choquée de ce qu'elle venait de voir et de ce qui venait de sa passer.

∞ « Un coeur ne peut-être brisé que par celui qui en détient la clé. »

J'avais à peine eu le temps de finir qu'Aaron m'attrapa de rage par le col, me soulevant même légèrement du sol. Son visage était à quelques centimètres du mien. De le savoir si près de ma douche, vu la demi-bouteille de Whisky que je m'étais descendu dans la journée me gênait et me rendait honteux de mon comportement. L'alcool m'avait rendu fou dernièrement et j'avais fait des choses dont je n'étais pas vraiment fier. D'habitude, c'est mon frère qui me relevait. Pas toujours comme il fallait, mais il ne me laissait jamais m'enfoncer dans mon mal-être comme après ma rupture avec Jona. Le seul souci, c'est que mon problème était avec lui pour le coup. Je n'avais plus personne avec qui rigoler depuis plus d'un mois, plus personne pour me dire de me lever de ce foutu canapé. J'étais seul avec moi-même, Amber étant parti en vacance chez une cousine et Bryan étant plongé dans ses examens avait autre chose a pensé que les états d'âme à la con de son frère. Et c'est ainsi que je découvris que mon pire ennemi n'était personne d'autre que moi même.

"Ecoute-moi bien Sean, il ne se passe rien entre Jona et moi t'as compris. Elle vient de s'installer sur Winnipeg et c'est la première fois qu'on se voit depuis Toronto. Je voulais vérifier ses intentions, voir comment ça allait se passer et ce qu'elle attendait avant de t'en parler, je cherchais à te protéger avant d'exposer ton cœur à un tel choc. Alors maintenant, soit tu te calmes, soit tu dégages d'ici t'as compris ? Regarde-toi, tu me fais honte."

Mes mots l'avaient visiblement touché, je pense autant que les siens à l'heure actuelle. Je m'étais arrêté en réalité à sa première phrase. Il venait de me balancer à la figure que Jona s'installait à Winnipeg. Le reste n'avait plus vraiment d'importance, je l'avais écouté sans l'écouter. Si la situation, jusque-là, n'avait pas de sens, ce nouvel élément paraissait tout aussi incompréhensible. Toronto était déjà trop petit pour sa carrière de danseuse, qu'est-ce qu'elle allait venir faire à Winnipeg. Pourquoi était-elle revenue ? Elle ne pouvait quand même pas venir emménager avec un de ses toy boy de ses tournées. Mon regard se figea et se tourna vers Jona. Je n'avais pas encore osé affronter son regard. Alors qu'Aaron me tenait toujours, nos regards se croisèrent. De revoir son visage après quasiment un an d'absence me glaça le sang. J'étais honteux de la situation, de me retrouver comme un con en train de me faire réprimander par Aaron comme un petit garçon qui venait de se faire disputer après une grosse bêtise. Je sentais l'alcool comme pas possible et mon entrée en scène avait loin d'avoir été glorieuse. Je me détacha de l'emprise d'Aaron, jeta un coup d’œil rapide à Jona en baissant le regard pour m'excuser de mon comportement. On se retrouvait finalement dans la même situation qu'un an plus tôt. J'étais la jaloux maladif à éloigner et bousiller mes relations avec les gens que j'aimaient. En regardant mes pieds, je m'excusa doucement d'un ton las.

- Je crois que je vais rentré à la maison, je vais vous laissez vous retrouvez c'est mieux... Je m'excuse de ce comportement, je crois que j'ai un peu trop bu pour aujourd'hui.

Je leur tournais le dos honteux de cette scène et ce comportement engendré par l'alcool et cette jalousie maladive qui me bouffait de l'intérieur. Je rebroussa mon chemin, les laissant seuls et partit en direction de la maison doucement. Ils allaient surement pouvoir parler de ce comportement ridicule tranquillement à présent.