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 don't let them know (albane)

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MessageSujet: don't let them know (albane)   don't let them know (albane) EmptyVen 8 Nov - 22:43

que désirs deviennent souvenirs.

A ma fille, à mon amie et à ma soeur. A la douce Blackwood, à la fragile petite chose, à ton minuscule espoir brisé, gisant à tes pieds, six pieds sous terre, enterrée au plus profond de ton âme. A la rouquine, à l'orpheline, à l'abandonné qui abandonna, à la trahie, à la faiblesse d'une âme puérile et hanté par des démons qui ne devaient pas lui appartenir. A ta souffrance, honey, à la douleur qui ne disparaît pas, à ses yeux qui te suivent, qui te bercent, qui t'effraient et que t'aime un peu plus à en crever chaque jour et chaque nuit. A tes douces amantes, la culpabilité et la rancœur, au rejet et à la peur, à leurs ongles qui se serrent autour de ta gorge et de ton ventre et qui t'arrachent tes cris et tes larmes. A la beauté de cette tombe, de son nom gravé au plus profond de ta chaire, au plus profond de ton univers et qui te suivent, sans relâche. Au manque qui s'insinue dans ta vie, qui t'empêche d'avancer, qui gâche ton existence comme t'as pas pu sauver la sienne.
Tu n'as même pas vu ta mère ce matin, ses mains froides et ses yeux vides. T'as pas vu ton frère non plus mais ça, tu le savais déjà. Tu t'es retrouvé seul, comme un con, penché sur ce monticule de terre, sur ces fleurs ridicules qu'elle aurait détesté. T'as un peu rigolé quand t'as croisé le regard de pitié de ses vieux qui te dévisageaient puis tu t'es empêché de pleurer en te fourrant un poing dans la bouche quand t'as réalisé ce qu'ils regardaient. T'es resté là pendant une éternité, à caresser doucement les pétales que tu finissais par arracher un à un pour connaître leur parfum. Comme si ça allait la réveiller, comme si elle viendrait t'engueuler de détruire ses bébés. Alors, voyant qu'elle n'arrivait toujours pas, t'as fini par te lever. T'as maudit tous les dieux, t'as hurlé silencieusement l'injustice de ce qui ne te reviendrait jamais. T'as tout revu ; les pleurs, la blancheur de sa peau, son sourire tiré sur ses joues creusées et ses soupirs saccadés. T'as renversé ta colère en balayant les fleurs mutilés et tu t'es cassé, t'as roulé aussi vite que battait ton cœur ; pour une fois tu l'as suivi ce traître et t'es rentré te terrer dans la monotonie de ta nouvelle vie. T'as encore fait peur à la voisine en claquant la porte et en insultant cette putain de clef qui ne veut jamais ouvrir ta salope de porte ; tu t'es encore détesté quand tu t'es retrouvé seul, dans ces habits noirs, dans ce costard dégueulasse qui te brûlait la peau, dans cette solitude flippante et ce silence morbide. Même les oiseaux refusent de chanter  ; depuis que tu n'ouvres plus les fenêtres, ils ont compris qu'ils ne pouvaient plus rien pour toi.
Alors t'es resté là, à rien faire, allongé sur ce fauteuil au milieu du bordel de ta vie. T'as observé longuement, comme ce putain de fantôme que t'es devenu, les assiettes sales et les vêtements sur le sol, les livres ouverts sur des pages que t'as jamais lu et les papiers, les lettres de ta mère que t'as même pas ouverte. Ca t'aurais fait du bien, tu sais. De te lever et de tout envoyer valser ; de nettoyer ton appart comme t'aurais purifié ton cerveau. De passer au javel le sol et les souvenirs, d'aspirer la poussière et ce qui t'es arrivé de pire. Mais comme toujours, t'as pas bougé. Comme toujours, t'es resté là, sur ces coussins sans draps et t'as attendu quelque chose qui ne viendrait jamais. T'as rouvert la porte à l'ennui et au silence et, tu t'es abandonné dans leurs bras deux heures à peine.
Tu l'observes à peine quand elle apparaît dans l'embrasure de la porte et tu manques d'éclater de rire. Albane. Il manquait bien plus qu'elle. « Quelqu'un est mort ? » Ta mauvaise blague ne te fais même pas rire quand tu t'écartes de l'entrée pour t'éloigner dans ton propre salon. Tu restes debout à boire une grande lampée d'eau, à essayer de sortir ton esprit embrumé du sommeil que la sonnerie stridente vient de te tirer. T'arrives même pas à comprendre pourquoi elle est là, pourquoi vous êtes là, ensemble, dans cet écran de fumée qui abrite maintenant votre relation qui était si naturelle, y a deux mois à peine. Ses mots que tu devinais, les mèches brunes qui ont bercés ton enfance, et ses yeux ambrés qui te fixent sans vraiment te voir, aujourd'hui. Albane, putain, mais t'es où ? T'as envie de lui crier. Allez, fais pas la con, reviens moi un peu, sors moi de ce putain de merdier dans lequel la vie m'a fourré. Aide-moi à sentir à nouveau, réapprends moi à vivre putain. Comme avant, tu sais ? Tout là-bas, nous deux tous seuls contre les mers et les champs... Mais t'arrives même pas à lui décrocher un sourire, tu veux même pas desserrer ta mâchoire. Tu restes planté devant, elle, attendant juste quelque chose même si t'es sûr qu'au fond, même elle ne sait pas ce que c'est.
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Albane G. Everdeen


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Ginny Albane ◗ CELEBRITE : Sarah Hyland ♥
◗ CREDITS : © myrtille.
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◗ EMPLOI, ETUDES : Lycéenne
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MessageSujet: Re: don't let them know (albane)   don't let them know (albane) EmptyJeu 14 Nov - 19:00

albane & lane



Ce que ça pouvait être douloureux, de ne rien sentir. La télé criait déjà depuis quelques minutes des insignifiances immondes à la manière d’une mégère atteinte de logorrhée. C’était dégueulasse. L’image était dégueulasse ; Albane elle-même l’était, incapable vautrée sur un fauteuil qui puait l’ennui. Un râle. Il avait fallu un effort monstrueux pour atteindre la fichue télécommande, seule salvatrice de cet affreux gribouillis de sons qui s’agitait dans ses oreilles embourbées. Le mal de crâne était imminent, ou déjà présent depuis un ou deux siècles, elle n’aurait su le dire ; il n’empêche, il fallait qu’elle se lève. Tourner en rond dans une pièce dont elle faisait un capharnaüm ne faisait qu’ajouter au côté glauque et pathétique de ce qu’elle pensait être une sorte de gueule de bois à retardement. Pas envie de sourire. Juste pas du tout. Certains jours, pourtant, elle sentait qu’elle devait sortir, qu’elle apprécierait le soleil dansant sur sa peau trop blafarde, qu’elle pourrait sourire comme une abrutie parce que ses amis semblaient heureux, heureux pour deux. Pas aujourd’hui. Aujourd’hui, rien que de l’ennui. Lassitude. Envie de dormir. Mais genre, pour ne pas se réveiller. Même pas envie de mourir. Flemme. ça la bouffe, de ne pas bouffer. C'est ce qu'elle veut. Être consumée pour ne pas consommer. Se donner en guise de proie à un tiers prédateur. Être nourriture pour ses démons, ne plus se nourrir. Chaîne alimentaire renversée: c'était elle qu'il fallait bouffer. Pour tout dire, elle ne voulait même pas d'une éclaircie, aujourd'hui. Il y avait ces jours où elle voulait pleurer, où c'était triste, où c'était affligeant, où elle était pathétique, où elle voulait que ça passe, où elle aurait pu considérer un arc-en-ciel comme un signe que c'était un jour où elle était obligée de sourire. Là, l'idée-même d'être triste était terriblement lassante. L'idée seule de sourire était répugnante. Alors, on fait quoi? Dans ces cas-là, dites, on fait quoi? Loque parmi les loques, ça nous afflige mais nous ne contrarie pas; on sait que c'est mal mais on ne le pense pas; on espère que ça va passer mais au fond c'est juste pour la forme. On n'en sait trop rien. ça passera? Quand, dites?

Lorsque sa sœur appela Albane à table, celle-ci sentit sa gorge se serrer, son estomac se nouer. Elle avait la nausée, impossible d'avaler quoi que ce soit... mais Delilah ne voudrait pas le comprendre. C'était juste pas le jour. L'escapade; la grande escapade, la liberté, grisante. S'échapper de l'autre côté de la rue. Parfait. Putain pathétique. « Désolée j'ai rendez-vous. » « Avec qui? » ça devait devenir lourd, qu'elle se barre comme ça après que sa sœur ait fait à manger. C'était irrespectueux, mais elle n'avait juste pas la mémoire nécessaire à réaliser qu'il aurait fallu avoir du respect pour quoi que ce soit ou qui que ce soit. Elle n'avait même pas de respect pour sa vie. « Kovu. » Il avait un nom de lion. Petit c'était chouette, là elle lui aurait bien dit que c'était stupide et méprisable. En fait, elle trouvait ça toujours chouette... les autres jours.

Elle sonna par principe, pour le réveiller, pour le prévenir. Sa blague d'accueil donna à la brunette la soudaine envie de lui foutre son poing dans la gueule, de l'étouffer avec ses propres mots. Quel con. Oui, elle, elle était morte. Et lui aussi, apparemment. Everdeen était peut-être naïvement venue chercher un sourire. Non, mieux encore, elle était venue chercher l'envie d'un sourire. Elle n'était même pas certaine d'avoir envie d'en avoir envie, mais au travers de son petit blackout de la veille, il lui semblait se rappeler que c'était sympa, de chercher un sourire. Plus que de traîner ses guêtres comme un drap blanc lévitant étrangement traînait un boulet dont on expliquait pas l'attache. Albane rentra dans l'appartement, toussant légèrement. C'était dégueulasse, morbide, comme ses rêves d'opalines gerbés sur ses murs grisâtres. Ils étaient glauques, et Albane se demandait pourquoi elle était là. Moins et moins, ça fait plus. Et plus les moins sont bas, plus le plus est haut. C'était bien la seule chose qu'elle avait retenue de ses cours de maths -ceux auxquels elle avait assisté. Leur plus à eux, ils seraient relativement proche de l'infini. Merde. Et si elle était plutôt à zéro? Ils seraient juste des loosers. « Mec, putain, tu veux pas ouvrir la fenêtre? Sérieusement, ouvre-la fenêtre, s'il te plait, ouvre la fenêtre, ça me donne envie de me tirer une balle cette ambiance. » C'était dans sa vie qu'elle voulait ouvrir la fenêtre, pas juste dans une pièce qui n'était même pas la sienne. Seulement voilà, c'était plus facile de demander à un lion de dessin animé de tourner une poignée prévue à cet effet plutôt que de faire de l'air et la poussière dans une existence qui partait en fumée. Des cendres sur le parquet. Poignée bloquée.

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MessageSujet: Re: don't let them know (albane)   don't let them know (albane) EmptyJeu 28 Nov - 19:57

que désirs deviennent souvenirs.

Un deux trois. Regarde là comme elle s'enfuie, comme elle pose son regard désabusé sur l'ensemble de la pièce, sur ton univers, sur ta pauvre petite âme. Regarde-là, elle et sa tête de bébé, elle et ses manières de gamine crevée par quoi d'ailleurs ? La vie, les cours, l'amour ? Pourquoi elle se plaindrait, elle, qu'est-ce qui tourne pas rond dans sa petite existence de rebelle écorchée vive ? Tout peut-être. Absolument rien ne va et tu le sais, tout au fond de toi, de ton esprit ravagé par la colère et la rancœur. Mais t'as pas envie, pas maintenant, pas aujourd'hui, pas comme ça, perdu dans ta tristesse, enfouie sous ta douleur, de te soucier de la fille qui a sans doute toujours compté. De celle qui t'a trouvé, que t'as trouvé, aussi seule que toi, rejetée au bord de la route de la société. Celle que tu trouvais si mignonne à l'époque, avec ces allures de garçon raté, de fleur fragile et d'oiseau blessé. Celle qui insultait tout ceux qui te faisais chier, qui t'aider à les emmerder, qui prônait haut et fort votre liberté. Qu'en est-il aujourd'hui de ces après-midi ensoleillés et de cette enfance sauvée ? Qu'avez-vous fait de votre fausse innocence et de votre franchise méprisante, de cet affront culotté et puis de ces rires, de ces engueulades, de cet amour irrationnelle ? Parce que c'était ça, irrémédiablement. Juste ça dans vos murmures proscrits, dans vos sourires coquins et vos délires flippants. Ca suffisait amplement et ça a toujours suffi.

Puis t'as grandi, t'as évolué comme le petit con que t'es devenu. Elle, elle a changé aussi, elle s'est obscurci, elle a maigri. Vous êtes devenus aussi fades l'un que l'autre ; les enfants que vous étiez n'ont même pas réussi à vous sauver de ces destinées tracés. Mais vous étiez là, toujours, dans le réconfort des regards entendus et des visages familiers. Vous restiez Albane et Kovu, Kovu et Albane, les grands, les seuls, les deux pauvres oubliés incapables de trouver une autre solution que l'autodestruction.

Et maintenant, t'as même plus envie de croiser son regard, d'affronter ses reproches, de bouffer sa fausse pitié. Tu sais très bien qu'elle en a rien à foutre. Qu'elle ne veut pas en parler. Qu'elle n'a jamais voulu t'aider. Tu le sais mais tu ne le comprends toujours pas, tu cherches à t'en faire mal mais tu ne trouves irréfutablement pas. Elle t'a jamais fait aussi mal c'te conne, tu pensais pas qu'elle pourrait un jour te faire ça. T'abandonner dans ton cafard, t'enfoncer dans ta douleur permanente. Tu peux pas t'empêcher de lui reprocher n'importe quoi, de rejeter sur elle toute la haine que le monde t'inspire ; c'est sa faute si t'es seul, si t'as mal, si t'as peur, tout seul, le soir du fantôme de ta sœur. Ca ne peut être qu'elle qui a provoqué tout ça, qui a fait flanché ton monde, qui a tout renversé et qui n'a rien réparé, qui n'a même pas essayé. Et tu t'enfonces dans ton délire jusqu'à ce que tu te rendes comptes que tu deviens aussi fou que ta mère, aussi lâche que ton frère. Tu arrêtes au moment où la seule image qui t'apaise est une grande plaque d'étain, vide et noire qui reflète le vide ton âme. Quel ironie ; tu n'as jamais été aussi poétique.

De me tirer une balle... de me tirer une balle... tu sais pas si elle a fait exprès et un sourire sarcastique arrache tes lèvres, te transperce lentement. Ca t'étonnerait, qu'elle puisse jouer sur ces mots-là, qu'elle puisse t'infliger un peu plus de remords. Même si tu doutes sérieusement de sa culpabilité ; même si finalement, t'en a peut-être bien plus grand chose à carrer. « Vas-y princesse, ouvre la fenêtre, prends ton pied ; t’arriveras pas à la faire partir de toute façon. » T'enlèves ta veste devant elle, t'enlèves lentement les boutons de ta chemise froissée. Tu veux qu'elle observe ce vêtement que d'ordinaire, tu ne mettrais jamais ; une des seules preuves qu'elle ait jamais existé. « Cette putain d'odeur de mort. » Tu te retrouves torse nu et tu l'abandonnes un instant, le temps d'enfiler quelque chose d'autre, de moins blanc, de moins pur. Tu te déshabilles entièrement en fait, et tu fourres les habits de deuil au fond de ta panière. Tu changes de peau et tu reviens, les yeux cernés de noir ; mais t'as plus envie de dormir, plus jamais. « Alors Alb' ? Qu'est-ce qui se passe pour que tu viennes ici ? » Dixit le trou à rat. Dixit pas la maison qu'elle a toujours connu et la chambre avec les couvertures et les vieux CD de rock. Dixit l'endroit qu'elle ne veut pas connaître.
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MessageSujet: Re: don't let them know (albane)   don't let them know (albane) EmptyLun 30 Déc - 16:27

albane & lane



Deux âmes égarées plantées l'une en face de l'autre dans un appartement morne. Tableau presque cliché si on y réfléchissait. Ils seraient seuls à deux; terriblement seuls, aujourd'hui. Plus seuls que d'habitude. Parce que si Albane était là, c'était parce qu'il était son seul repère. Si elle était là, c'était pour éviter qu'il ne comprenne pourquoi elle n'était pas venue à l'enterrement. Il fallait que tout paraisse normal. Il fallait qu'elle soit à ses côtés pour s'éloigner de lui. Elle les voyait encore, escalader à un arbre bien trop haut parce que refuser d'y grimper aurait été avouer sa faiblesse. Elle les revoyait, les mains écorchées des bêtises de la veille, les mains plus griffées encore que ce qu'il restait de leurs cœurs enfantins. Elle le détestait presque de lui avoir fait toutes ces blessures. Elle détestait savoir combien elle l'adorait pour les mêmes raisons. ça ne se disait pas, ce genre de choses. Ils ne se disaient pas je t'aime comme des personnes normales. Ils n'avaient rien de normal. C'était leur plus grande honte, leur plus grande fierté. Eux, ils se lançaient d'un air déjà méprisant des défis intenables pour être le plus fort, le roi de la cour de récré, le roi des conneries, le roi de pic, le roi de son cœur, à l'autre.

Les âmes du purgatoires. Elles étaient pâles, leurs existences. Pourtant derrière ces chiffons acres il y avait toujours quelque chose: toujours eux-deux, à deux. Toujours cette demi-existence qu'ils vivaient, cette demi-existence qu'ils se donnaient l'un à l'autre pour s'en partager une à deux plutôt que de ne vivre qu'à moitié chacun de leur côté. Durcis les traits, maigries les hanches, plus grave la voix, plus perçantes les insultes; au fond c'était la même rengaine. Leur rengaine, qui sous ses airs de symphonie sonnait plutôt comme des ongles sur un tableau. Jusque là c'était simple: ils reprochaient tout au monde entier... ensemble. Puis ils s'insultaient pour la forme, s'aimaient dans le fond. Aujourd'hui Albane lui délivrait le plus bel exemple d'insulte qui lui soit donné: l'indifférence. Elle aurait pu lui cracher qu'il n'avait qu'à se remettre du décès de sa soeur, que ce n'était rien, qu'elle n'était rien -plus rien. Qu'il n'y avait pas de quoi jouer les âmes en peine. Qu'elle ne voulait plus être en peine avec lui. Oh comme ça sonnait faux, même dans sa tête embourbée dans une mauvaise foi sans pareil. Elle avait envie de gueuler pour extérioriser ce dilemme intérieur, cette schizophrénie qui la bouffait.

Princesse. Qu'avait-elle d'une princesse? Les princesses ne se tirent pas de balle. Les princesses n'arrachent pas les lèvres de leurs compagnons d'un sourire qui sent le mépris à des kilomètres. Même en ouvrant la fenêtre elle ne ferait pas partir ses cernes; elle ne ferait pas partir sa gueule d'ange insomniaque, déchu et malade à en crever. Il devrait le savoir, pourtant. C'est parce que c'est impossible qu'elle veut le faire. « Cap. » Marmonne-t-elle, incapable d'accentuer la syllabe malgré l'air haineux avec lequel elle la délivre. La main fermement accrochée à la poignée, elle grogne comme si ça pouvait l'aider à la tourner. Incapable. Femmelette. Faible. Si faible. Fétiche, même. La faute aux calories. « Put-aiin. » entre deux râles. Quand la fenêtre s'ouvre enfin, elle prend une grande bouffée d'air; se persuader qu'elle vit encore. ça ne sent plus rien. Pas la vie, pas la mort. Juste rien. Et Lane qui revient. Crevé. Littéralement. Il est crevé, partout, de tout, tout le temps, de toutes les façons possibles. Un ballon dégonflé, un jardin fané. « Tu m'fais flipper. » C'était sa gueule débraillée, ses habits changés pour coller à sa morosité, son ton glaçant qui la faisait se sentir coupable à chaque seconde qu'elle vivait. « Il se passe rien, j'me faisais chier, je suis venue, voilà. » Une main s'égare dans sa tignasse brune, nervosité avouée. « Je vais peut-être me barrer en fait. » Les bras lui tombent, elle a vraiment peur. « Fin non je sais pas. Maintenant que j'ai ouvert la fenêtre ça serait con peut-être. » Elle se laisse tomber sous celle-ci, d'ailleurs, jambes pliées contre son torse, comme ces soirs d'angoisse. Là c'est parce qu'elle ne veut pas être trop loin de l'air de l'extérieur; de la vraie vie. Celle des gens normaux. « T'as bien fait de te changer. C'est glauque le noir. » à défaut de ne savoir l’ôter de sa vie, autant l’ôter de ses vêtements.


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