I. A ma naissance ...
«
T'es en r'tard. Dommage, ta gosse est déjà sortie. »
Ce fut les premières paroles de j'entendis. Je n'étais qu'un nouveau né, mais pourtant, je m'en souviens bien. Ma mère avait accouché, et bien sûr, je ne fus pas accueillie tendrement par mon père, non, loin de là. Enfin bon, toujours est-t-il que le médecin voulu savoir mon prénom. Sachez tout de même qu'après 9 mois de grossesse, ma mère n'avait pas la moindre idée du prénom qu'ils allait devoir me faire porter. Mon père ? Même pas la peine d'en parler. Si maman avait voulu m'appeler Trou du cul, il aurait dit oui tant il se fichait de moi. Mais, malgré tout, je fus baptisée Eden. Et Delilah devint mon second prénom. (
Ouf !) Je crois bien que sa visite n'a jamais eue d'utilité, car il était déjà partit après que je sois lavée. M'enfin, j'étais née dans l'indifférence, et maman me serrais contre sa poitrine d'une manière à la fois affectueuse et blasée. (
De toute façon, au point où j'en étais ...) Je vous épargnerez bien les désespérants détails.
II. A mes deux ans ...
Dieu sait à quel point je pouvais être bavarde. Il n'y avait pas une minute, pas une seule seconde que je passais à me taire. Entre les «
Maman ! » et les «
On va jouer ! » ... Haha, je ne serais compter le nombre de fois que j'ai pu sortir ces répliques. Mais, je me faisais bien souvent envoyer promener par mon cher père. Maman était tout simplement fatiguée, et elle se couchait très tôt. Alors, le soir, c'est mon père qui me gardait. Il regardait son film chaque jour, vers 20:30. Et moi, je m'égosillais à lui parler, que voulez-vous, je m'exprimais ! Je ne sais pas si je le faisais VRAIMENT chier ou quoi, mais un jour, il s'en alla, laissant maman seule avec moi. Il revenait tout les jours vers 8:00, et repartait à 18:00. A croire qu'il avait une autre famille. Tout ce que je sais, c'est que le jour de mes 3 ans, il revint pour de bon. Maman et lui avait reprit ensemble le même rythme, je me demande toujours pourquoi mon père agissait de la sorte, si c'était pour revenir supplier ma mère de le reprendre. Et surtout, pourquoi maman ne l'avait pas envoyé bouler !
III. A mes cinq ans ...
Je n'ai jamais vraiment su pourquoi, mais maman était enceinte. Cet événement était arrivé vraiment rapidement ... Je crois que dans toute cette histoire, le plus agacé fut mon père. Tout les jours, je devais supporter les engueulades de mes parents. Je devais apprendre à me nourrir seule, car ma mère étant tombée en dépression, je me retrouvais seule à tout gérer. Oui, j'avais 5 ans. Mais ce qui était sûre, c'était que maman était fière de voir à quel point sa fille était mature et intelligente pour sa petite taille et son petit âge. Plus tard dans l'année, maman perdit les eaux. Et je crois que c'est le seul moment où le vieux voisin nous fut utile. (
Maman ne serait le remercier assez d'avoir était là à ce moment, vu que mon père ne se pointait pas malgré les appels acharnés de sa femme.) Enfin, toujours est-il que ma petite soeur vit le jour, en ce 10 juillet. Je dois dire que j'étais déboussolée. Je n'avais pas pu assister à sa naissance, vu mon jeune âge à l'époque. En tous cas, je me rappelle si bien avoir enquiquiné la secrétaire un bon quart d'heure ! Tout ça pour de simple bonbons. De simple bonbons ... si doux, si sucrés, roulant lentement sur ma langue, avec ce délicieux goût fruité et acidulé ... (
Mmmmh ... Je donnerai un rein pour en manger, mais ils n'existent qu'à l'hôpital.) Mon père ne s'était pas pointé, encore une fois. Et pour finir, de la salle d'attente je pouvais entendre maman qui gueulait. De toute façon, je commençais à avoir l'habitude.
IV. A mes dix ans ...
Cela faisait maintenant cinq ans que ma soeur était là. Je dois bien avouer que c'était l'amour de ma vie, et ça l'est toujours. Papa, lui ... Il a finit par se barrer. Je savais qu'il ne nous avait jamais aimé. Je me fichais de ce qui avait pu lui arriver, mais un jour pourtant, je l'avais vu traîner dans une ruelle au bras d'une jeunette blonde. Cela m’écœurait d'autant plus que la fille avait environ dix-huit piges. (
Pff !) Je le hais, c'est tout ! Il me faisait souffrir aussi bien que maman. Au pire, j'ai finis par tirer un trait sur lui et l'oublier complètement. Maman, elle ... Elle est partie sur une mauvaise voie. L'alcool. La drogue. La clope. J'sais pas vraiment. Mais elle passait ses journées entières sur le canapé à picoler, dormir, dire des choses incompréhensibles. Je m'en fichais bien. Cependant, je n'aimais pas l'aptitude qu'elle avait avec Albane. La pauvre petite ne méritait pas ça, et je sentais bien qu'elle ne comprennais pas pourquoi maman était aussi ... A côté de la plaque quand elle parlait ... J'ai essayé de la rassurer. (
Les enfants, je les adore, surtout ma soeur.) Il faut croire qu'Albane et moi sommes très attachées l'une à l'autre. Je me suis promis de toujours la protéger, je serais toujours là pour elle. Toujours. Quoi qu'il arrive.
V. A mes dix-sept ans ...
Voilà maintenant plusieurs années que nous supportions ma mère: une alcoolo, j'étais même arrivée à la détester ! Pourtant, elle comptait beaucoup pour moi. Je savais que je l'aimerai toujours malgré tout, mais je n'en pouvais plus. J'avais pris une décision ! Je ne pouvais malheureusement pas me confier à ma soeur, car je savais bien qu'elle serait contre mon idée. Elle s'occupait très bien de maman, et elle s'en sortait à merveille pour une jeune fille de dix ans. Je pensais qu'elle serait débrouillarde et mature à mon âge. Ma décision était donc prise, et j'avais tout prévu. Je voulais appeler une assistante sociale pour qu'on soit retirées toutes les deux de ce cauchemar. Les choses passèrent très rapidement. (
Bien trop à mon goût ...) J'avais peur de laisser maman toute seule, mais je voulais enfin qu'on vive comme une vraie famille, ma soeur et moi ! Quand le moment fut arrivé, maman appris que ses deux filles lui été retirée. Elle était abasourdie, je le voyais bien. Mais je continuais à me dire que mon idée était la meilleure. Je me promis alors de ne jamais oublier ma mère, j'étais triste, mais je faisais tout pour ne pas pleurer. Elle allait me manquer, ah ça oui ! Quant à ma soeur, elle m'engueula comme pas permis, pour enfin garder le silence. Je me réjouissais intérieurement. (
I'm the winner. 8D) Albane ne voulait pas aller au foyer. Elle appelait sa " la prison ". Mais je savais que c'était bien mieux comme ça. J'en étais persuadée ...
VI. A mes dix-huit ans ... (jusqu'à mes vingt et un)
Un an s'était écoulé. Et on avait enfin réussit. Le matin même de ce beau jour de juin, un couple se présenta à l'accueil du foyer. Je me souviens encore que j'avais absolument tout fait pour qu'on soit prises. Je m'acharnais à montrer à quel point j'étais une fille modèle qui m'investissais bien dans les tâches de la maison, ainsi qu'une fille polie, mature, calme, compréhensive, autrement dit, une fille parfaite ! Je savais bien que j'avais des défauts, cependant je faisais mon possible pour les cacher du mieux que je pouvais. (
A vrai dire, je faisais ça souvent.) Bien sûr, les Hamilton avaient remarqués que j'étais sans doute la fille qu'il leur fallait. Ils avaient choisi de nous adopter. J'étais vraiment heureuse, et je m'y donnais à coeur joie pour les aider du mieux que je pouvais à faire tout dans la maison: La vaisselle, la cuisine, le ménage, mettre et débarrasser la table, bref, je fus une fille idéale. Ma soeur ? Elle passait son temps à râler et répondre aux Hamilton. Trois ans passés à la supporter, je me dis encore qu'ils ont été patients. Mais ça n'était plus possible. J'avais rencontré des personnes supers. J'étais même tombée amoureuse pour la première fois; mais on devait partir. Les Hamilton avaient été très généreux envers nous. Je leur en était très reconnaissante. Le lendemain, je mettais rendue à l'appartement de Joay. J'avais sonné, plusieurs fois avant qu'il ouvre la porte, à la fois étonné et heureux de me voir ici. Un sourire illuminait son visage. Je m'étais sentie tellement coupable ce jour-ci. Je regrette encore de l'avoir laissé. Toujours est-il que j'étais entrée avec lui dans l'immense pièce. On s'était assis sur le canapé. J'étais restée silencieuse un long moment. Il était là, il me regardait, il me parlait, il commençait à me crier dessus. Il disait: «
Qu'est-ce qu'il y a Eden ? », «
Chérie ? », «
Réponds, s'il te plaît. ». Pour le faire taire, je mettais contenté de l'embrasser. Je fermais les yeux, ne pouvant pas le regarder tant j'étais anéantie de devoir l'abandonner. Je m'en voulais, mais je voulais le bonheur d'Albane avant le mien. Je mettais enlevée, et je plongeais pour la dernière fois mon regard dans celui de Joay. Mon coeur battait très rapidement lorsque je lui annonça d'une voix hésitante:
«
Joay, je t'aime très fort, mais je dois m'en aller d'ici. Je dois partir vivre ailleurs, je fais ça pour ma petite soeur: tu sais à quel point je tiens à elle. Je veux qu'elle soit heureuse. Tu vas affreusement me manquer. Mon amour ... Ne m'oublies jamais. Je te fais confiance. Adieu ... »
Je m'étais levée, je me dirigeais vers la porte, ne le quittant pas des yeux. Je le voyait, il n'en revenait pas. Il restait sans bouger. Il n'osait rien dire. Ce fut la dernière fois que je le vis. En fermant la porte, je l'entendis crier: «
Attends... Non, EDEN ! ATTENDS. PARS PAS. » Mais je ne m'étais pas retournée. De retour chez les Hamilton, je les remercia beaucoup, et j'avoua enfin à Albane que nous allions habiter à Winnipeg, la ville où nous sommes nées, dans un appartement. Elle était ravie, et moi aussi. Je savais bien qu'on finirait par être heureuses, ensemble. Joay est resté mon plus beau souvenir, mais mon passé. Jamais je ne l'oublierai, comme maman ...