Un ami, c'est quelqu'un qui sait tout
de toi, mais qui t'aime quand même.

« -Il nous faut des compresses, et on sera bientôt à cours de sérum phy. Oh, et note des gants aussi. Voilà, je crois qu'on a fait le tour. Bon, redis moi la liste pour voir ? » demandais-je en m'asseyant sur le bord ouvert de l'arrière de notre ambulance.

Sam râla, comme dans ses bonnes vieilles habitudes, répéta une nouvelle fois la liste de fournitures qu'il fallait qu'on songe à remettre dans notre véhicule de secours. Notre garde avait fini près d'une heure trente plus tôt, mais comme toutes les deux semaines, nous étions restés à la caserne de pompiers qui était également la nôtre, faisant le point sur nos ressources. Je hochais la tête avec conviction en l'entendant énumérer tout ce qu'il nous fallait, avant de l'interrompre brusquement en sentant ma poche vibrer.

Voir qu'il s'agissait d'un sms de Andrew m'arracha un sourire, qui se fana légèrement en lisant que mon meilleur ami se trouvait à l'hôpital. Je lui envoyais un rapide message pour lui demander s'il n'avait rien de grave, et lui dire que j'arrivais, avant de me relever et de sauter de l'ambulance sous le regard interrogateur de mon coéquipier.

« -Je dois filer. C'est à ton tour de nettoyer l'ambulance de toutes façons, je l'ai fais hier. A demain Sam ! » lançais-je tout en récupérant ma veste et mon sac à main.

Puis sans plus un regard en arrière, sans même prendre le temps de me changer, je grimpais en voiture et me rendais directement à l'hôpital, me garant au hasard sur le parking avant de rejoindre les urgences. Andrew était déjà là, m'attendant, et je le détaillais des pieds à la tête sans un mot, à la recherche de ce qu'il lui était arrivé. Je soupirais discrètement en voyant qu'il n'avait qu'un bandage à la main, et le rejoignant, je déposais mes lèvres sur sa joue, le saluant, avant de l'entraîner vers la sortie :

« -Alors, tu t'es battu avec un couteau ? » demandais-je en montrant d'un signe de tête sa main.

Tout en parlant, je rejoignais la voiture, le laissant s'installer tandis que je prenais place à mon tour.

« -J'ai la soirée de libre. Ça te dit d'aller manger un morceau ? Ou alors on peut aller traîner chez moi !» repris-je, tout en quittant les emplacements de parking.

Un ami, c'est quelqu'un qui sait tout
de toi, mais qui t'aime quand même.

« -De rien, ça me fait plaisir tu sais ! » dis-je alors que nous rejoignions la voiture et nous y installions sans attendre.

Le parking n'était pas aussi plein qu'il pourrait l'être si on considérait les allées et venues incessantes qui avaient lieu en permanence aux urgences de l'hôpital, et nous fûmes vite loin de celui-ci. Arrêtés à un feu rouge, je me tournais vers Andrew, lui souriant toujours.

« -Oh, t'es prêt à me supporter toute la soirée ? Génial alors ! » dis-je pour le taquiner, alors qu'il reprenait aussitôt la parole, pour m'inviter à dîner dans le restaurant de mon choix.

« -Hum...que dirais-tu d'acheter japonais ou chinois quelque part, et on va manger chez moi ? Ou alors on peut aller dans un italien ! Je te laisse choisir ! »

Un plat à emporter, un bon DVD, la compagnie de l'autre, et voilà qui nous assurerait une très bonne soirée.

« -Je changerais ton bandage avant que tu repartes chez toi. Enfin, à moins que tu préfères rester chez moi ce soir, tu sais que ça dérange pas ! » continuais-je, tout en allumant la radio, et en baissant un peu le son pour que nous puissions avoir une conversation sans hurler.

Il n'était pas rare que Andrew passe la nuit dans la maison des Blackbird, comme il n'était pas exceptionnel non plus que je reste parfois chez lui. En plus des longues conversations et autres fous rires que nous avions, il nous arrivait d'entretenir des relations un peu plus charnelles que celles qu'étaient censés avoir des meilleurs amis, sans pour autant que cela ne gâche notre amitié. En attendant sa réponse, je nous conduisais vers le centre-ville, certaine que quelle que soit sa décision, nous ne manquerions pas d'y trouver notre bonheur.