+ tu connais l'histoire de l'arroseur arrosé? feat. josh & Aelya

Je déteste toute cette attention, je ne suis pas habitué à ça. Au Texas, je jouais dans une "grande" équipe mais on en entendait moins parler. Je viens d'arriver à Winnipeg, j'ai signé mon contrat avant hier et me voilà en train de donner une interview qui va passer sur grand écran. Autant dire que je ne fais pas le malin. J'ai les mains moites et il me faudra un bon moment pour réussir à parler sans que ma voix ne tremble. Mais plus l'interview avance, plus je me détends. J'ai l'impression que le baseball ici est une religion, que tous les habitants suivent les périples de l'équipe et qu'ils sont à chaque matches au stade. Ce n'est pas pour me déplaire bien sur. Chez moi, le baseball est reconnu mais c'est vrai que c'est pas non plus comme le hockey sur glace au Canada par exemple.

L'interview prend fin et je suis soulagé. Je souffle un peu et me passe une main sur le visage. Les questions de la journalistes étaient quand même un peu personnelles d'après moi mais heureusement j'ai réussi à les esquiver avec toute ma diplomatie. Un agent s'approche de moi, me sert la main et me demande de le suivre. On traverse un long couloir où la baie vitrée donne sur le stade. L'endroit où je me sens le plus à l'aise, comme si j'étais à la maison. Peu importe la ville, le terrain reste le même et les émotions qu'on y ressent aussi. Mais je constate que tous les sièges sont vides et que les grands écrans sont éteint. « J'étais pas sensé passer sur les grands écrans? » demandais-je avec une lueur d'espoir. Personnellement, ça m'arrange si toute la ville n'est obligée de le coltiner ma bouille mais ça serait trop beau pour être vrai. On ne donne pas une interview pour qu'elle reste dans un ordinateur à tout jamais. « Oh si. Mais en ville. Tous les supporters se sont réunis là-bas. » Je blêmis. Moi qui voulait m'installer tranquillement avant de faire remarquer ma présence.

Presque immédiatement je pense aux raisons qui m'ont poussés à venir à Winnipeg; Josh et Aelya. C'est pour eux que j'ai tout lâché au Texas. Je ne pouvais simplement pas laisser la jeune femme subir ça toute seule et surtout je rêve de foutre un coup de poing à mon meilleur ami pour nous avoir abandonné comme ça. Je pensais d'abord arriver, m'installer et après éventuellement me mettre à les chercher pour leur parler. Enfin, surtout lui parler à lui. Mais je crois que pour la discrétion c'est fichu... Je soupire, un peu tendu tout d'un coup. L'homme ouvre une porte et je me retrouve dans une petite salle avec une file de supporters qui attendent. Un juron s'échappe de ma bouche. On m'avait pas parlé de tout ça. Je ravale difficilement ma salive et m'asseye à la chaise que l'on me présente. Une séance de dédicace. Tout d'un coup, j'ai l'impression d'être le messi. C'est vrai que je suis un bon joueur mais pas au point de donner des interviews et des séances de dédicaces juste après avoir signé un contrat. Ces personnes ne me connaissent presque pas et pourtant, ils ont tous des posters et des maillots portant mon nom. C'est bien là que je me rends compte que le mode de vie au Canada est bien différent du mien.

Les minutes et les supporters défilent. J'ai mal au poignet et au zygomatiques à force de sourire bêtement alors que je n'ai qu'une envie; fuir. Mais heureusement, mon agent s'approche de moi et se penche à mon oreille. « On va pouvoir y aller Monsieur Jenner. » Je hoche la tête et recule ma chaise pour me lever après avoir posé mon stylo sur la table. Mais apparemment, avant que je n'ai le temps de lever les yeux, on me demande deux autographes supplémentaires. Je reconnaîtrais ces deux voix entre mille. Je relève doucement la tête et me retrouve face à Josh et Aelya. Oups.

Quelques jours étaient passés depuis que j'étais arrivée à Winnipeg. Je n'avais pas eu le temps d'appeler qui que ce soit encore, ni mon père ni Oliver. Pourtant, je devrais. A l'heure qu'il est, mon père est surement toujours en train de se saouler pour la faute qu'il a commise et du fait que je suis partie à mon tour. Et Oliver doit se faire un sang d'encre car il n'a aucunes nouvelles de moi ni de mon frère. C'était le meilleur ami de mon frère, mais c'était aussi un très bon ami à moi. Je passais la plupart de mon temps avec eux quand j'étais encore gamine. Même si je devenais un vrai garçon manqué, j'aimais leur simplicité et le fait qu'ils aimaient ma compagnie même si j'étais une fille. J'ai quand même finit par grandir et petit à petit, à me détacher d'eux. Je les suivais moins, je me faisais des amies, je prenais plus soin de moi. Bref, une vraie petite femme même si je suis tête en l'air et que j'oublie de faire la moitié des choses.

Mon souvenir préféré est lorsque tous les trois jouons dans la boue. Rien d'exceptionnel. Mais à ce moment là, même si nous étions jeunes, je me rappelle à quel point nous étions tous heureux et que la vie semblait à notre portée. Nous construisons des châteaux de boue, on faisait des batailles de boue, on s'amusait et notre sourire en disait long. J'aurais aimé que ce moment dur plus longtemps. Mais même si tout à une fin, mon histoire avec Oliver & Josh venait seulement de commencer.

Qui aurait cru que j'aurais du faire bon nombre de kilomètres pour retrouver mon frère ? Personne. Mais je l'ai fait. Il ne va pas se débarrasser de moi ainsi. Je tenais bien trop à lui pour rester dans l'ignorance. Surtout qu'il ne dénier pas même m'appeler pour m'informer si au moins il était encore en vie. J'avais finit par le retrouver, par chance surement. Et nous passons beaucoup de temps ensemble, mais je devais aussi trouver un endroit où dormir et un travail pour vivre. Je ne pouvais pas continuer à vivre dans un hôtel. Surtout que mon argent commence à disparaître petit à petit.

Josh et moi trainons en ville. Il me faisait découvrir les alentours, les endroits à aller voir et les autres à oublier. Je me sentais bien avec lui et même s'il a l'air triste, il me souriait de temps en temps et pour moi c'était déjà une victoire. Je lui sortais des pics ou des blagues pour qu'il réagisse. Cela marchait, mais ce n'était pas suffisant. Le pauvre était bien amoché déjà, mais même si je m’inquiétais pour lui, je sais qu'il ne fallait pas que je m'arrête à ça. Après tout, il n'a pas besoin que quelqu'un s'inquiète pour lui, mais seulement quelqu'un qui lui redonne confiance.

Cela faisait maintenant plus de deux heures que Josh et moi marchions dans les rues de Winnipeg. Pleins de supporters de baseball s'y trouvaient. Je ne comprenais d'ailleurs pas pourquoi. Même si je n'étais pas là depuis longtemps, je savais qu'il n'y avait pas de match ce soir. Bizarre. Mais je ne posai alors pas plus de questions qu'il n'en faut et je décidai alors de m'arrêter un instant et d'aller m'assoir sur le bord d'une fontaine. Nous parlions un peu de tout et de rien à la fois.

- Tiens, as-tu eu des nouvelles d'Oliver ? Je pensais à ça hier. Je n'ai même pas pris le temps de lui donner de nos nouvelles ! Il doit surement s'inquiéter pour nous.

Peu de temps après cette discussion, l'écran géant qui se trouvait sur une façade en face de nous s'alluma et la tête d'Oliver apparu. Je suis alors restée bouché bée devant l'interview qui passait. Je ne pouvais même pas prononcé un mot. Josh et moi apprenions alors qu'il venait d'arriver et qu'il allait faire partit de l'équipe de la ville. Il allait alors habiter ici ? Pourquoi ? Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Je ne comprenais pas. J'avais tant de questions. La journaliste finit par conclure - Vous pouvez dès à présent venir prendre une photo et avoir un autographe de ce nouveau joueur au stade de baseball ! Il a alors suffit d'un regard pour que mon frère et moi commencions à nous lever et à courir comme des fous pour le retrouver. C'est alors que quelques minutes après, nous nous sommes retrouvés devant lui.

- J'aimerais aussi avoir un autographe si possible.

Ça me faisait bizarre d’avoir Aelya à côté de moi. De se balader comme ça en ville, comme si de rien n’était. Comme si on était partis tous les deux en vacances. J’avais eu l’occasion d’arpenter le centre-ville de long en large - et en travers – avec mes recherches de petits boulots (qui n’avaient toujours rien donné…) Alors ce matin, j’avais proposé à ma petite sœur de lui faire faire le tour de la ville, lui montrer les endroits que j’aimais bien et ceux dans lesquels il était hors de question que je la retrouve. Malgré son côté sympa, Winnipeg avait aussi des endroits craignos. Et comme Aelya était du genre à s’attirer naturellement des ennuis, mieux valait prévenir que guérir.

On discutait de tout et de rien tout en faisant du lèche-vitrine. C’était vraiment le maximum qu’on pouvait faire avec nos économies, réduites à néant pour moi, en voie d’extinction pour Aelya. Malgré tout ça, Aelya était d’un optimisme à toute épreuve. J’avais oublié à quel point j’aimais ce côté-là chez elle. Et j’en avais rudement besoin en ce moment, d’avoir quelqu’un qui réussisse à me redonner le sourire malgré tout ce que j’étais en train de traverser. Je savais que je pouvais compter sur elle. Elle venait de m’en donner la plus belle des preuves après avoir traversé tous les Etats-Unis pour venir me retrouver ici. Elle avait peut-être agi sur un coup de tête (un peu comme moi, quand tout ce bordel m’était tombé dessus) mais je savais surtout qu’elle avait agi selon ce que lui dictait son cœur. J’avais même pas eu la force de l’engueuler pour m’avoir rejoint à Winnipeg. D’avoir lâché son année de fac alors que les exams approchaient à vitesse grand V. Nan, j’avais été incapable de l’engueuler. J’étais trop content qu’elle soit là. Trop content de voir un visage familier en territoire inconnu.

Alors qu’on arrivait près des gratte-ciels du centre-ville, je montrais à Aelya la ribambelle d’écrans géants qui ornaient le bas des immeubles et où l’on pouvait voir de tout : des pubs pour des grandes marques, les derniers clips des stars mondiales, le journal TV. On est allé s’asseoir au bord de la fontaine qui était en plein centre de la place. Je m’amusais à faire quelques vagues dans l’eau avec ma main tandis qu’Aelya semblait intéressée par ce qui se passait du côté des écrans géants.

- Tiens, as-tu eu des nouvelles d'Oliver ? Je pensais à ça hier. Je n'ai même pas pris le temps de lui donner de nos nouvelles ! Il doit surement s'inquiéter pour nous, me dit-t-elle tout à coup. Ma main s’arrêta net, mes yeux se posèrent sur ma petite sœur. Et j’eus du mal à déglutir. Oliver. On pouvait pas dire que j’étais le meilleur des meilleurs amis en ce moment. C’est vrai, je lui avais rien promis quand je suis parti de chez lui. Ni promesse de mail ou de téléphone. Je veux pas me défausser en me disant qu’ « après tout, Oliver ne me l’a pas demandé » parce que je sais que c’était un truc que j’aurais dû faire. Oliver n’avait pas besoin de me le dire pour que je comprenne qu’il fallait que je lui donne de mes nouvelles en arrivant à Winnipeg. Pour lui, ça coulait de sens. Pour moi, aussi mais au final, je ne l’avais pas appelé. Ni lui, ni Aelya d’ailleurs.

Heureusement que niveau communication, ces deux-là étaient meilleurs que moi. Sans Oliver, Aelya ne serait pas ici. Elle n’aurait jamais pu me retrouver sans son aide. J’offris un timide sourire à ma sœur et lui fit signe que non de la tête. Je n’avais pas de nouvelles de mon pote et il me manquait grave. Et plus le temps passait, plus je me disais que ça allait chauffer pour mes oreilles quand j’allais l’avoir au téléphone. Ah oui, mon téléphone. Il fallait que je pense un jour à le recharger. Et prendre la peine d’écouter les centaines de messages qu’avaient dû me laisser Aelya, Oliver et aussi certainement mon père, après mon départ. Peut-être même que Cassie avait eu l’audace de me joindre, qui sait…

J’en étais là de mes réflexions lorsque l’écran géant principal, celui situé sur le plus haut gratte-ciel des alentours- s’alluma. On entendit les supporters de baseball s’exclamer et agiter leurs écharpes et drapeaux. Eux donnaient de la voix. Moi, je venais de perdre la mienne. Car le visage qui venait de s’afficher en méga gros plan à quelques mètres de nous n’était nul autre que celui de…

- Oliver… ! fis-je dans un murmure. Mes yeux étaient comme hypnotisés par ce qu’ils voyaient, c’était complètement irréel !! Qu’est-ce qu’il foutait sur les écrans géants de Winnipeg ?!! On n’entendait rien de ce qu’il racontait à la journaliste en train de l’interviewer – les supporters faisaient vraiment trop de bruit et chantaient les hymnes de leur club à tue-tête. Mais la phrase au bas de l’écran me laissa bouche-bée : « D. Oliver Jenner – nouvelle recrue des Winnipeg Goldeyes »

- Oh l’enfoiré… ! lançai-je alors qu’un sourire immense s’étirait sur mes lèvres. Aelya et moi étions comme subjugués. Oliver était là. Ce con était venu au Canada pour moi ! Et il avait encore une fois fait les choses en grand : il avait carrément quitté son équipe de baseball universitaire pour devenir pro ici, à Winnipeg. J’avais du mal à y croire tellement c’était énorme.

Alors que l’interview prenait fin, on entendit la journaliste dire « Vous pouvez dès à présent venir prendre une photo et avoir un autographe de ce nouveau joueur au stade de baseball ! »

Il n’avait suffi que d’un regard envers ma sœur pour qu’on se comprenne (c’est une chose qui nous arrivait très souvent et qui continuait de me faire peur. C’était incroyable de voir à quel point elle et moi on arrive à se comprendre sans même se parler) et au pas de course, on se dirigea vers le stade de baseball de Winnipeg. C’était pas la porte à côté et je croisais les doigts pour que la séance de dédicaces ne soit pas terminée quand Aelya et moi on débarquerait là-bas.

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On avait couru comme des malades jusqu’au stade. Arrivés sur le parking, on voyait des supporters en sortir avec des affiches géantes de la tête d’Oliver signées par le lascar lui-même. Hors d’haleine, on arriva à l’entrée, il n’y avait plus personne qui faisait la queue pour obtenir l’autographe d’Oliver.

- Non, me dis-je, tout en activant le pas. On ne pouvait pas être si proches de lui et le rater, ça serait vraiment trop con !!

Aelya bifurqua dans une salle à gauche et je la suivis. Au fond de la pièce, je vis Oliver en train de se lever de sa chaise, prêt à partir. Je n’eux même pas le temps de dire quoi que ce soit que j’entendis ma petite sœur dire de sa voix malicieuse :

- J'aimerais aussi avoir un autographe si possible.

Je me mis à sourire bêtement et ajouta sur le même ton qu’elle : « Moi aussi, s’il-vous-plaît Monsieur Jenner, je suis l’un de vos plus grands fans ! » Je me mis à papillonner des yeux, la bouche en cœur et les deux mains jointes en une prière. Oliver allait nous tuer qu’on se foute autant de sa gueule mais c’était vraiment trop bon de le revoir. Oh oui, c’était vraiment trop bon d’avoir les deux personnes qui comptaient le plus dans ma vie être venues ici, rien que pour moi.

Je suis loin de mener large. Face à ces deux caméras et à ce micro qu'on me tend, je n'ai qu'une envie; fuir. J'ai l'habitude de jouer dans une petite équipe et tout cet engouement me fou presque la chaire de poule. Cependant, je ne regrette pas. C'est gratifiant pour un joueur comme moi de me retrouver "adulé" et médiatisé comme ça. Je ne sais pas encore comment je vais gérer tout ça. J'ai peur de prendre la grosse tête et c'est exactement pour ça que je compte sur mes amis et mon entourage pour me remettre en place si ça devait arriver.

Enfin bref. J'essaie de cacher mon malaise face à la caméra et réponds le plus fluidement possible aux questions que l'on me pose. Même si me demander si je vis dans une grande villa ou si je sors avec Miss USA ne me semblent pas être des questions très appropriées avec le contrat que je viens de signer. Un contrat qui pèse très lourd dans ma poche. Je ne l'ai toujours pas sorti de mon pantalon depuis l'autre soir. Peut-être par superstition je sais pas mais je n'ai pas encore réussi à le poser dans la maison que je viens d'acheter. Je n'aime pas m'étaler. Je viens d'un milieu plus que normal, j'ai dû me battre pour que ma soeur et moi ne manquions de rien malgré la mort de nos parents. Ce soudain pactole me semble malsain. Il paraît que je ne devrais pas me sentir mal face à ce nouveau compte en banque mais je ne suis pas sûr de mériter une telle somme pour taper quelques balles.

Heureusement, la femme qui m'interview n'insiste pas et conclu l'entretient. Il me reste encore une petite séance d'autographes à faire puis je pourrais rentrer chez moi et sérieusement envisager à comment je vais contacter Josh et Aelya car c'est quand même grâce - ou à cause, ça dépend comment on voit la chose - que je suis ici à Winnipeg. J'aurais pu me contenter de bosser dans un supermarché et repartir une fois que j'aurais sonner les cloches à mon meilleur ami mais vu que l'équipe de la ville cherchait un joueur, autant recommencer une vie et sauter sur l'occasion? Je n'ai pas vraiment eu le choix il faut dire... Ma petite soeur m'a presque poussé mais je ne pense pas que je vais regretter. On verra ce que l'avenir me réserve.

« J'aimerais aussi avoir un autographe si possible. » Cette voix... Je la reconnaîtrais parmi cent autres. « Moi aussi, s’il-vous-plaît Monsieur Jenner, je suis l’un de vos plus grands fans ! » Je relève les yeux et me retrouve face à mes deux meilleurs amis. Les trois mousquetaires, les trois inséparables. Ceux pour qui j'ai tout quitté. J'ai embarqué ma soeur et mes affaires de baseball pour les rejoindre. Ma gorge se serre mais deux sentiments sont entrain de se livrer bataille dans ma tête. Je suis à la fois soulagé de voir qu'ils vont bien, mais j'ai également envie de sauter à la gorge de Josh pour l'étrangler. Heureusement pour lui, je suis trop "subjugué" par le regard de sa soeur pour m'en prendre à lui. Je l'ai vue y a pas longtemps et pourtant, ça me fait à chaque fois la même chose de la revoir... Une main se pose sur mon épaule et je retombe immédiatement sur la planète terre. C'est mon agent qui me regarde avec un air étonné. « Je... Allez-y déjà. » Il hausse les épaules et disparaît. Les deux Stenson semblent ravis de me voir alors qu'ils n'étaient même pas au courant de ma venue. C'était vraiment pas les retrouvailles que je m'étais imaginées mais en même temps, quand on donne une interview filmée, j'aurais dû le prévoir. J'enfonce mes mains dans les poches de mon pantalon. Il faut vite que je trouve quelque chose à dire. « Un de mes plus grands fans? » Je me retourne vers Josh et le regarde en haussant les sourcils. Non Oliver, ça ne sert à rien de t'en prendre directe à lui. Je tends le bras pour le passer autour des épaules d'Aelya et la serre contre moi en lui embrassant le front comme j'ai l'habitude de le faire. Qu'avec elle. Puis, je m'écarte et me tourne vers Josh. « Tu préfères un baiser ou une rencontre avec mon poing? » demandais-je ironiquement.

J’attendais avec impatience le moment où Oliver allait réaliser qu’on était là, en face de lui. Et ben, je fus pas déçu du voyage… ! A voir ses yeux de merlan frit, il s’attendait vraiment pas à nous voir débarquer ici pendant sa séance d’autographes… Le sourire toujours accroché aux lèvres, j’attendis qu’Oliver réagisse enfin. Réaction qui ne vint pas : il semblait tout bonnement avoir buggué. Pour un peu, on aurait pu lire dans ses yeux « FATAL SYSTEM ERROR. WINDOWS’S GONNA SHUT DOWN. »

Seule la main d’un homme en costard cravate sur son épaule le fit redescendre sur Terre. Oliver lui murmura quelques mots et l’homme sortit de la salle, nous laissant seuls tous les trois.

« Un de mes plus grands fans ? » me demanda mon meilleur pote, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon. J’adorais quand Oliver prenait ce ton ; on passait notre temps à nous taquiner ainsi tous les trois. Il y avait toujours cette pointe d’ironie dans nos conversations. Ce n’était jamais rien de méchant, bien au contraire. Nos taquineries faisaient partie intégrante de notre amitié, il n’y avait jamais eu de méchancetés là-dessous. Le haussement de sourcils d’Oliver à la fin de sa question le prouvait d’ailleurs très bien. On s’était quittés il y a peut-être une dizaine de jours mais je sentis, à travers ce simple haussement de sourcils, que rien n’avait changé. Oliver était venu au Canada me retrouver et nos taquineries reprenaient là où on les avait laissées. J’avais eu peur de me prendre une droite (j’aurais jamais fait le poids face à un Oliver méga entraîné et super sportif – de toute façon, je l’aurais laissé faire, une bonne droite aurait amplement été méritée suite à mon silence depuis mon arrivée à Winnipeg) mais je ne risquais pas grand-chose si Oliver gardait bien sagement ses mimines dans les poches de son pantalon…

Quelques secondes s’étaient écoulées avant que je le voie tendre le bras (« il va quand même m’en foutre une ? ») D’instinct, j’eus un léger mouvement de recul. Je fus vite soulagé de voir que son bras s’était simplement posé autour des épaules d’Aelya, une Aelya qu’il embrassa d’ailleurs sur le front alors qu’il la ramenait tout contre lui.

« Tu préfères un baiser ou une rencontre avec mon poing ? » fit-il tout en se tournant vers moi. Bon le problème quand on sait manier royalement l’ironie comme on arrive à la manier tous les trois, c’est qu’il arrive un moment où on ne sait plus trop où est la limite entre la déconnade et la non-déconnade. J’étais en train de vivre l’un de ces fichus moments. Croyez-moi, vous auriez pas aimé être dans mon pantalon en cet instant. L’idée de recevoir le poing d’Oliver dans ma gueule ne m’enchantait guère. J’avais vécu pas mal de coups durs depuis dix jours et je crois que ce coup-là aurait bien pu m’achever. Le seul moyen pour moi de m’en sortir sans trop de bobos, c’était de prendre ça à la déconnade. Après tout, il m’aimait trop pour me faire du mal hein ? Non ? Arf, j’en étais plus vraiment sûr tout à coup…

« Bah, si ça te dérange pas, j’aimerais bien avoir le même accueil que pour Aelya… Si elle a droit à un bisou comme ça alors que ça fait pas longtemps que vous vous êtes vus, je me demande quel bisou je vais avoir droit moi. Je t’ai manqué heeeeein ?» continuai-je sur le même ton blagueur. Je fermai mes yeux tandis que mes lèvres formèrent un gros cœur, envoyant plein de petits bisous dans le vide.

Revoir Aelya me fait un bien fou. Ca ne fait que quelques jours qu'elle a quitté le Texas pour retrouver son frère ici, au Canada mais elle m'a tout de même manqué. Ce grand imbécile aussi m'a manqué, sinon je ne serais pas là, mais pour l'instant, j'ai surtout envie de lui flanquer une bonne droite. Ca tombe bien, c'est mon bras droit qui est le plus musclé grâce au baseball. Qu'on me passe une batte s'il vous plaît? J'arrive pas à croire que j'ai traversé tout le pays pour ce grand dadet qui me regarde avec un large sourire. Il doit être content de voir son meilleur pote débarquer dans sa ville, je m'attends même à ce qu'il me dise que grâce à lui, j'ai enfin réalisé mon rêve de jouer dans une ligue supérieure. Quand je salue Aelya, je constate quand même qu'il a un mouvement de recul. Il n'est pas tout blanc et il le sait.

On a toujours été très très proches lui et moi. Peut-être un peu comme avec ma soeur dans le fond, toujours fourré ensembles, à faire les quatre cent coups tout les deux, à rire, faire les cons et vivre nos premières expériences. Bien sur, je peux comprendre qu'il ait eu besoin de quitter le Texas mais je lui en veux beaucoup de la manière qu'il l'a fait.

Je lui demande très ironiquement s'il veut que je l'embrasse ou s'il préfère rencontrer mon poing. L'ironie entre nous est une habitude sauf qu'en temps normal ça aurait été pour déconner, alors que là, c'est loin d'être le cas. C'est une question purement rhétorique en plus de ça. Je jette un oeil par-dessus les épaules de mes deux amis et constate qu'il n'y a plus personne, plus de caméras. Je pourrais sans autre relâcher ma colère sans que ça n'entrave ma toute nouvelle carrière mais je ne suis pas bagarreur. Ca m'est arrivé bien sur, surtout quand c'était Josh qui me poussait, mais je crois qu'à vingt deux ans, on a passé à autre chose non? Non. J'imite le geste d'un candidat de télévision jouant à un jeu de questions. « BIIIIIIP, mauvaise réponse. » Mon poing vole dans l'air jusqu'à retrouver la mâchoire du jeune homme. Pas un coup fort, juste histoire de lui remettre les idées en place suite à ses paroles. Il a pris sa à la rigolade. Je secoue quelque peu mon poing en jetant un regard désolé à Aelya. Le genre de regard qui veut dire "il l'a mérité". J'attends quelques secondes. « Tu sais que t'es vraiment qu'un gros imbécile?! » Oups. Je m'emporte. « Tu pensais sérieusement qu'on allait rester au Texas, tranquilles pendant que toi tu mènerais une vie toute autre à l'autre bout du continent? » Quoi? Incontinent? « Des fois je me demande sérieusement ce que tu as entre les deux oreilles. T'as pensé à ta soeur? Elle a tout abandonné, ses études et tout le reste pour toi. Tu pensais sérieusement qu'on allait rester les bras croisés?! » Je soupire et secoue la tête, serrant et desserrant les doigts dans mon poing. « Mais PUTAIN! » Je me penche en avant. « Ta mâchoire c'est du béton mec! »

Le sourire sur mes lèvres en disait long. Je ne savais pas pourquoi, mais j'étais heureuse. Ce n'était pas le même sentiment que celui d'autre fois. Les choses avaient changées. Pourtant, je me trouvais avec les deux personnes que j'aime le plus. Nous nous parlons comme d'habitude et nos gestes font exactement les mêmes mouvements. Qu'importe la ville, nous étions ensemble. Mais alors, qu'est-ce qui avait changé à ce point pour que je me sente plus heureuse que d'habitude ? Le fait que nous avions tous abandonné notre vie passée pour retrouver Josh ? Oui ... Mais non. Même si je ne regrettais pas le fait d'avoir tout laissé derrière moi, un sentiment nouveau apparaissait. Je me sentais différente, mais d'un bon côté.

Retrouver Josh m'avait fait un bien fou. Cela faisait à peine une semaine que je n'avais pas eu de ses nouvelles, mais c'était déjà trop. Nous passions notre temps à parler au téléphone. Presque tous les jours nous nous appelions pour parler de notre journée et pour se donner des nouvelles. J'étais surement une soeur un peu collante. - Et je n'ai pas finit de l'être. - Mais notre relation, bien qu'elle soit comme chien et chat, était très forte et je n'aime pas l'idée de vivre aussi loin de lui. Même si j'avais abandonné mes études, il ne m'avait pas fait la morale. C'est qu'il avait besoin de moi et que j'avais eu raison de venir jusqu'ici. Après tout, les études ont peut en faire toute notre vie si on le désire alors ce n'est pas pour une année que j'ai gâché ma vie. C'est un nouveau départ et quand je me serais trouvé un toit où dormir, je commencerais à me trouver une école pour reprendre mes études. J'avais assez d'argent de côté pour le moment, mais il ne faudrait pas que je dépense comme une folle ces prochains jours.

Ce matin là, Josh et moi rattrapions le temps perdu en arpentant les rues de Winnipeg. Même s'il avait l'air d'être un peu perdu dans ses émotions, je faisais de mon mieux pour lui redonner le goût de se battre. Il ne faut pas se laisser démoraliser par les évènements produits. Bref, il me montrait les coins de la ville et moi je l'écoutais parler. Je savais qu'ils me montraient tous les endroits fréquentables pour que j'y passe le plus clair de mon temps. Si j'allais malencontreusement dans un endroit non fréquentable, je me serais surement ramassée un coup de pied au cul par Josh. Il était très protecteur envers moi, enfaîte surement trop. Mais je l'en remercier car après tout, je suis plutôt insouciante et je serais surement dans de beaux draps s'il ne me surveillait pas comme il le faisait. - Cela n'empêche pas que j'y vais quand même, il n'est juste pas au courant. -

Oliver, Josh et moi aimons jouer avec nos nerfs. Les taquineries faisaient partit de notre quotidien et j'aimais participer à leurs délires. Ils étaient drôles, même s'ils parfois, ils étaient tout simplement cons. - Heureusement que je suis là pour les calmer, ils seraient perdus sans moi - Josh et moi étions arrivé comme des fous au stade de baseball essoufflés mais à temps. Du moins, on l'espérait. Des supporters avec des tee-shirts et des posters étaient déjà en train de partir. Pas une seconde à perdre, j'arpentais les couloirs comme une folle pour trouver Oliver avant que celui-ci n'eut finit. Je bifurquas alors à gauche et je vis au bout du couloir Oliver. J'étais tellement heureuse de le voir que je me suis précipitée devant lui avant qu'il n'est eu le temps de se lever. Josh et moi demandions alors un autographe d'une voix un peu sarcastique. Quand Oliver s'aperçut que c'était nous, il resta un long moment sans dire un mot. Lui aussi ne se doutait pas qu'on allait se retrouver dans ce contexte. Son agent finit par partir et Oliver vint près de nous, leva son bras droit et sur le coup, Josh et moi pensions qu'il allait le frapper. Mais il finit par le déposer autour de mon cou, il me fit rapprocher contre lui pour ensuite m'embrasser sur le front. Je le serrai alors à mon tour. Il m'avait manqué, certes, mais plus que je ne le pensais. Être contre lui me faisait du bien et je me sentais plus que protégée maintenant que ces deux gaillards étaient de nouveau ensemble.

Ils continuèrent leurs pitreries en se demandant comment ils allaient se saluer. Je me suis écartée d'Oliver en les laissant régler leur compte. Après tout, je n'aimais pas qu'on fasse de mal à Josh, mais si Oliver décidait de lui mettre un poing, c'était largement mérité. - Il ne fallait pas nous abandonner comme des vieilles chaussettes ! - Et puis, je n'avais pas à m’immiscer toujours dans les affaires de mon frère. Lui comme moi étions très respectueux de ça. Josh et moi nous parlions de tout et même de choses très personnelles. Même si c'est mon frère, je savais surement plus de choses que sa propre copine. Enfin, ex copine. Mais on ne se tirait pas les vers du nez. Si on sentait le besoin de se parler, cela se faisait plutôt très naturellement.

C'est alors qu'Oliver le frappa. Au moins, ce n'était pas un gros coup, mais assez pour lui montrer qu'il n'avait pas apprécié son attitude ses derniers jours. Oliver se retourna vers moi en me lançant un air désolée et je lui souris tout naturellement en signe que j'étais en accord avec ce qu'il venait de faire. Il enchaîna alors « Tu sais que t'es vraiment qu'un gros imbécile?! Tu pensais sérieusement qu'on allait rester au Texas, tranquilles pendant que toi tu mènerais une vie toute autre à l'autre bout du continent? Des fois je me demande sérieusement ce que tu as entre les deux oreilles. T'as pensé à ta soeur? Elle a tout abandonné, ses études et tout le reste pour toi. Tu pensais sérieusement qu'on allait rester les bras croisés?! » Ce qu'il disait était vrai. Josh devait bien se faire dire la morale, même si je l'avais faîte moi aussi quand on s'était revu quelques jours avant. Je ne dis pas un mot, j'écoutais seulement ce qu'ils avaient à se dire. Après tout, c'était leur histoire.

Je ne m'en étais pas rendu compte mais Oliver était très attentionné envers moi. Il pensait à mes études et à mes sentiments envers le comportement de mon frère. Cela me faisait chaud au coeur. Je savais que je pouvais compter sur lui, mais je ne savais pas à quel point. Une fois leur discussion terminée, je posa légèrement ma main sur le dos d'Oliver en lui souriant. - Merci. Puis, un fou rire m'envahit. Les évènements prenaient une tournure plutôt drôle, vous ne trouvez pas ? Oliver était revenu et faisait partit de l'équipe de baseball à Winnipeg. Josh se fait envahir par sa soeur et son meilleur ami alors qu'il ne s'y attendais pas du tout. Et me voilà, ici, avec mes deux idiots adorés, déjà en train de se taquiner. Ah .. J'avais oublié ce que c'était que, d'être heureuse.

Je devais avoir l’air con la bouche en cœur comme ça à attendre que Monsieur Oliver daigne me saluer comme il se doit. Il attendait quoi bon sang pour me faire un ptit bisou sur le front comme il venait de le faire pour Aelya ? Les secondes défilaient et j’avais bien envie d’ouvrir un œil pour voir ce qu’il faisait. Si ça se trouve, ils s’étaient tous les deux éclipsés de la salle et ils m’avaient laissé comme un con comme ça. Ou pire. Ils avaient dégainé leur téléphone portable pour me prendre en photo (je m’imaginais déjà comment les prochaines semaines allaient se dérouler avec ces deux zigotos en train de se moquer constamment de moi) Mais c’était pas son téléphone qu’Oliver décida de dégainer.

« BIIIIIIP, mauvaise réponse. » Sa réaction me fit ouvrir un œil et tout ce que je vis, c’était son poing qui était en train de m’arriver en pleine gueule. Ouch. Vraiment pas eu le temps d’esquiver, le choc me fit faire un volte-face. A moitié groggy, je contemplai les étoiles qui valsaient devant mes yeux. J’y étais peut-être allé trop fort sur la déconnade… Oliver ne semblait pas avoir apprécié que je prenne ça sur le ton de l’humour… En tout cas, c’était ce que me disait la marque de ses phalanges sur mon menton.

« Tu sais que t'es vraiment qu'un gros imbécile?! Tu pensais sérieusement qu'on allait rester au Texas, tranquilles pendant que toi tu mènerais une vie toute autre à l'autre bout du continent? Des fois je me demande sérieusement ce que tu as entre les deux oreilles. T'as pensé à ta sœur? Elle a tout abandonné, ses études et tout le reste pour toi. Tu pensais sérieusement qu'on allait rester les bras croisés?! »

Ca y est, l’heure était venue pour moi d’en prendre pour mon grade. J’étais incapable de bouger, aussi bien à cause du poing qu’il venait de me foutre dans la tronche que de la gêne que je ressentais en cet instant. J’étais vraiment pas fier de moi, pas fier du fait de ne pas les avoir appelés alors que je savais pertinemment qu’ils se faisaient tous les deux un sang d’encre pour moi. Je ne sais toujours pas pourquoi je ne leur ai pas donné de mes nouvelles, tout ce que je savais, c’était que plus les jours passaient et moins j’avais le courage de le faire. J’avais peur de ça, de me faire engueuler, j’avais peur de leur dire que rien n’allait pour moi depuis que j’étais parti de Houston. Leur avouer tout ça, c’était reconnaître que j’avais échoué, et ma fierté de mec m’interdisait de le leur dire. Mais maintenant qu’ils étaient là tous les deux, je m’en voulais à mort de n’avoir rien fait. De pas avoir décroché mon putain de téléphone et de leur mentir, de leur dire que tout allait bien, que Winnipeg était sympa et que je m’étais trouvé facilement un endroit où crécher. Entendre Oliver me dire qu’Aelya avait tout quitté pour moi me déchira le cœur. Qu’est-ce que j’avais foutu bon sang ? J’étais censé protéger ma petite sœur, pas lui faire faire n’importe quoi ! Elle avait abandonné la fac pour moi ! Elle avait fait des milliers de kilomètres toute seule pour arriver jusqu’ici sans même avoir la certitude de me retrouver dans cette jungle urbaine ! Mon départ avait eu des conséquences pour toutes les personnes que j’aimais et ça me rendait malade. J’aurais voulu avoir une baguette magique et pouvoir remonter le temps. Qu’au lieu de partir pour le Canada, je sois resté chez Oliver, à squatter chez lui le temps de digérer tout ça et de me trouver un appart’ pas trop cher ni trop loin de la fac. J’aurais même pu squatter dans le studio d’Aelya à Dallas, j’en suis sûr. Je sais qu’ils ne m’auraient pas laissé dans la merde, qu’ils m’auraient aidé à surmonter cette situation du mieux possible. Et moi, j’ai préféré agir sur un coup de tête.

« Mais PUTAIN! » s’écria Oliver « Ta mâchoire c'est du béton mec! »

Si ma mâchoire était en béton, je sais pas en quoi étaient ses doigts ; « La vache, ça fait un mal de chien !! » me dis-je tout en frottant mon menton du revers de la main. Les étoiles étaient parties mais la douleur, elle, était bien là. Je sais pas à quoi carburait Oliver mais pour le coup, j’ai eu l’impression de n’être qu’une vulgaire balle de baseball qu’il se serait amusé à envoyer balader à l’autre bout du stade… Note pour plus tard : ne plus jamais énerver Oliver si je tiens à garder ma mâchoire bien droite.

« Merci » entendis-je ma sœur murmurer à Oliver. Ce simple mot me fit mal plus que de raison. Par ce « merci », elle approuvait tout ce qu’Oliver venait de dire et bordel, ça me faisait encore plus mal que le coup de poing que je venais de recevoir. Si Aelya était d’accord avec tout ça, pourquoi ne m’en avait-elle pas parlé depuis son arrivée ici ? Pourquoi ne m’avait-elle pas dit qu’elle m’en voulait de lui avoir fait quitter la fac pour me retrouver ? Il fallait vraiment qu’on ait une discussion sérieuse à ce sujet plus tard elle et moi. Je détestais les non-dits entre nous ; si Aelya était en colère contre moi, je préférais le savoir plutôt qu’elle ne me dise rien. Même si je vivais une situation difficile en ce moment, je voulais qu’elle continue de me dire tout ce qu’elle avait sur le cœur, que ça me plaise ou non. Alors que je me retournai enfin pour leur faire face, le rire d’Aelya se mit à emplir la salle. Son rire me fit redescendre immédiatement sur terre. Il y a quelques instants à peine, j’avais ressenti une telle colère, contre moi-même et quelque part aussi contre eux et le fou rire d’Aelya m’aida à relativiser les choses. J’étais peut-être allé trop loin dans mes réflexions, j’avais tendance à toujours vouloir noircir les choses. J’étais parti, je leur avais pas donné de nouvelles, quoi de plus normal qu’ils se soient ramenés tous les deux ici ? On avait toujours été un trio formidable, toujours là pour l’un ou l’autre et ça n’allait pas changer même à des milliers de kilomètres de Houston ! Il fallait que j’arrête de voir constamment les choses en noir, ma petite semaine seul à Winnipeg n’avait pas fait que du bien à mes neurones, on dirait ! Qui sait ce qui aurait pu se passer si Aelya ne s’était pas mise à rire ? Comment aurais-je réagi après ce coup de poing alors que je me sentais bouillonner à l’intérieur ? Aelya aura eu le mérite d’avoir inconsciemment calmé les choses. Maintenant je relativisais ce qui s’était passé. Après tout, si ça avait été Oliver à ma place, moi aussi je lui aurais flanqué une bonne droite en le revoyant ! C’était sa façon à lui de me dire qu’il s’était inquiété. Et si j’avais été à la place d’Aelya, je n’aurais pas non plus rajouté une couche alors que mon frère vivait une période difficile, mes doutes et mes problèmes, je les aurais sagement gardés pour moi. Je me sentis soudainement bien petit dans mes pompes. Et je laissais également un petit rire s’échapper de mes lèvres tout en continuant de me frotter le menton.

« P’tit con, tu m’as fait mal ! » fis-je en donnant un léger coup de poing sur l’épaule d’Oliver. « Et ça te fait marrer toi ? Ton frère se prend une droite et tu le protèges même pas, sœur indigne ! Pourtant avec ta carrure de camionneur, j’pensais que t’allais me venger et lui mettre sa pâté ! Tss, tu parles, tu me sers vraiment à rien !! » Je lui tirai la langue d’un air enfantin, juste histoire de l’énerver comme il se doit. Je savais que le coup du camionneur, elle allait pas apprécier !

Je repris mon sérieux au bout de quelques secondes et, la tête basse, leur avoua : « J’suis vraiment désolé, les gars. J’ai merdé, je le sais. » Je fis une pause, prenant quelques inspirations. Merde, je sentais les larmes venir me chatouiller le bord des yeux. Fallait que j’arrête d’être aussi émotif, moi. Hors de question que je me mette à chialer devant eux, j’allais en entendre parler jusqu’à la St Glinglin si jamais je me mettais à pleurer comme une fille. J’avalai ma salive et les regardai tour à tour. Au diable le foutage de gueule, qu’ils se moquent de moi s’ils le veulent… ! Avançant vers eux, je les pris tous les deux dans mes bras, les serrant très fort contre moi : « J’suis vraiment content que vous soyez là… ! » Et des larmes de joie se mirent à couler sur mes joues.

J'ai beau toujours avoir rêvé d'être hockeyeur, je ne suis pas bagarreur. Si ça m'arrive c'est qu'on m'a poussé à bout et que j'avais un trop plein à vider. Comme en ce moment même. Ce genre de geste envers un autre joueur pourrait me valoir ma carrière de baseballeur mais là, il ne s'agit que de la mâchoire de Josh alors ça va. En plus, les caméras ne tournent plus. Ce qui est presque dommage, j'aurais aimé que tout le monde voit mon meilleur ami s'en prendre une. Seulement, tout le monde verrait aussi que j'ai une droite de minable que mes phalanges souffrent. Je le fais d'ailleurs savoir à Josh qui se frotte la mâchoire et se plaint d'avoir mal. « Comme ça, tu sais ce que ça nous a fait quand t'es parti sans rien dire espèce de couille. » Je soupire et m'appuie contre la table où je signais des autographes il y a encore quelques minutes de cela. Je lance un regard à Aelya. Moi qui avait soucis qu'elle se jette sur moi pour me foutre des claques d'avoir cogné son frère, en fin de compte elle approuve. Je jubile au fond de moi. Comme toujours, comme ce petit jeu qu'on a entre nous, Josh me renvoie une insulte. Je laisse les deux Stenson s'envoyer des pics alors que je croise les bras sur mon torse. Même si j'ai envie de lui arracher les yeux, je suis heureux de les voir, de voir Josh surtout parce qu'Aelya je l'ai vue y a pas longtemps mais mon meilleur ami m'a vraiment manqué. Et ces retrouvailles musclées sont bon signe. C'est tout à fait nous ce genre de connerie. Tout d'un coup, Josh a l'air bien petit. Je pense que mon coup de poing lui a un peu remis les idées en place et c'est tant mieux. Il réalise quand même que c'était stupide de partir comme ça sans rien nous dire alors qu'on aurait pu l'aider. Sans que je ne me rende compte de quoi que ce soit, Josh nous prend tous les deux dans ses bras et c'est que maintenant que je réalise qu'on est nous réunis dans la même ville et qu'on va pouvoir reprendre notre amitié où elle s'était arrêté à cause de cet imbécile. « Mais quelle gonzesse! » dis-je avec un demi sourire au coin des lèvres avant de passer mon bras dans le dos d'Aelya et mon autre bras sur les épaules de Josh qui s'est mis à pleurer de joie. C'est touchant mais je ne partage pas ce genre de sensibilité. Même si on se ressemble pour beaucoup de choses et qu'on est comme cul et chemise, Josh a toujours été plus sensible que moi. Je m'écarte quelque peu et enfonce mes mains dans les poches de mon jeans. « Bon! Vous voulez un autographe ou bien? » Je les vois le scruter pour voir si je suis sérieux ou pas. Je finis par rire. « J'déconne! Vous avez intérêt à me faire visiter cette ville les gars parce que là, j'suis paumé! » A part mon appartement et le stade, je n'ai encore rien vu.

Mon frère venait de se prendre une droite, oui et alors ? Il l'avait mérité et de toute façon, cette histoire se passait entre mon frère et Oliver. Oui, je suis peut être sa soeur, un peu trop collante, un peu protectrice et surtout insupportable, mais pour ces choses là, il devait se démerder seul. Je suis ne suis pas sa copine, je suis seulement sa soeur. Et même si je m'inquiète toujours énormément pour lui, il sait que je garde toujours un oeil sur lui. - Bon dis comme ça, ça fait un peu sketch mais que voulez-vous, Josh aime prendre des mauvaises décisions -

Je riais de bon coeur car ces deux grands nigauts m'avaient manqué et que je me rendais compte que nous étions toujours les mêmes. Taquins et franc. Ça devait surement nous donner un charme. Et j'étais contente de faire partie de ce trio. Regardez-nous, un regard, un rire et on se comprend tout de suite. Nous sommes comme les trois mousquetaires. - Avec moi comme chef ! - Inséparables. Alors, où Josh avait-il la tête quand il décida de partir ? J'avais des tas de questions à lui poser. Mais je n'avais pas encore osé les lui poser. Ce n'était jamais le bon moment et vu sa tête et son mal-être, je savais qu'il ne fallait pas que j'en rajoute. Mais, j'allais bientôt cracher le morceau vu que je ne suis pas capable de tenir ma langue pendant très longtemps.

Après avoir reçu la bonne droite d'Oliver, les deux jeunes hommes semblaient s'être calmés. Enfin, ils étaient toujours en forme pour s'envoyer quelques vacheries, mais au moins, je savais qu'ils allaient bien l'un comme l'autre. Josh s'adressa alors à moi. « Et ça te fait marrer toi ? Ton frère se prend une droite et tu le protèges même pas, sœur indigne ! Il n'y avait que lui pour me sortir de telles sornettes. Moi une soeur indigne ? Alors que j'avais traversé un pays pour le voir ? Alors que depuis que je suis né, j'essaie de faire de mon mieux pour lui ? Que j'ai toujours été présente pour lui, jusqu'à tout abandonner ? A cet instant précis, j'ai aussi voulu lui donner une droite. Je sais qu'il ne le pensait pas sérieusement et que c'est seulement pour me faire chier, mais c'est réussit. A ce moment là, peut être que moi aussi j'ai besoin de lui. Combien de fois est-ce que je me suis plains auprès de lui ? Combien de fois est-ce qu'il m'a demandé comment j'allais ? Ce que j'allais faire de mes études ? Comment je me sens dans cette ville ... J'avais tout abandonné pour lui et tout ce que je lui demandais, c'était une simple question de formalité. Je suis comme ça, impulsive. Mais la pression redescendit très vite lorsque Oliver soupira et s'appuya contre la table où il signait des autographes. Il me sourit alors et tout ce que je me suis dit à ce moment là, c'était que mon frère était idiot. Mais que je l'aimais comme ça. Il ajouta alors.

- Pourtant avec ta carrure de camionneur, j’pensais que t’allais me venger et lui mettre sa pâté ! Tss, tu parles, tu me sers vraiment à rien !! »

- Je sais hein ! J'y ais cru aussi pendant un instant .. Mais finalement j'ai laissé tombé l'idée car il me semblait que c'était toi le plus beau, le plus fort et le plus intelligent ? Enfin, je pensais que tu avais du répondant sans moi. Mais comme je peux le constater, tu n'en n'as pas et tu as besoin de moi. Je pris une pose un peu comme superman, la tête vers le haut, le torse bondé et un poing vers le haut pour lui dire. Je te sauverais frérounet adoré. Dis-je avec un regard de malice qui disait plus que je me foutais de sa gueule qu'autre chose. Je lui tira la langue en retour. Je n'avais en effet pas apprécié le coup du camionneur, mais au lieu de m'énerver d'avantage sur lui, j'avais pour une fois préféré rentrer dans son jeu. C'était bien plus amusant comme cela. Il en suivit de peu pour qu'ensuite, il s'approcha de nous pour nous serrer dans ses bras et nous avouer.

« J’suis vraiment désolé, les gars. J’ai merdé, je le sais. J’suis vraiment content que vous soyez là… ! » Alors comme ça je ne servais à rien ? Je ne crois pas. Oliver et moi savions très bien que nous servions au bien être de notre cher ami. Josh était un garçon très sensible et dans les situations de crises il pouvait facilement se laisser aller et j'étais souvent là pour l'aider à se relever. Je le serra à mon tour très fort. Puis je sentie des larmes sur sa joue. Je fis un petit sourire, je le trouvais mignon. Il avait besoin de nous mais il n'a jamais osé nous le dire. Maintenant il pouvait enfin lâcher prise et se confier à nous. J'essuyai ses larmes d'un frottement de la main, puis je m'empressai alors de lui faire quelques centaines de bisous pour lui faire comprendre que tout se passerait bien maintenant et que nous étions près de lui. - Et aussi pour l'emmerder, après tout, il reste un homme. Enfin, je crois. -

» Le passé, c'est de l'avenir en construction. [feat Wayne]
» toi je te croque je te manque je te met dans mon lit ou ailleurs feat Nohlan
» Annily & Josh | I'm not a thief
» http://www.formspring.me/Aelya.Stenson
» Kelsey & Josh ♦ Sunday with a flu.

+ tu connais l'histoire de l'arroseur arrosé? feat. josh & Aelya

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