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 L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé

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MessageSujet: L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé   L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé EmptyDim 9 Juin - 23:44

 
« L'amour dure trois ans. »

Cela faisait à peine une semaine et quelques qu'Isaac était de retour à Winnipeg, et déjà il lui semblait qu'il n'était jamais parti, enfin à quelques détails près. Peu à peu, il reprenait ses marques dans la ville, recroisant des gens qu'il n'avait pas vu depuis trois ans, certains venaient lui parler, d'autres l'ignoraient totalement. Pour sa part, il s'en foutait royalement. Il n'avait pas besoin de l'accord des autres pour vivre sa vie comme il le voulait. Son quartier n'avait pas vraiment changé. Il y avait toujours ces petites maisons bien rangées de banlieue résidentielle, ces jardins où les pelouses se concurrençaient à qui sera la plus verte, ces médisances entre voisins où chacun épiait l'autre en souriant faussement. Cela donnait presque l'envie de gerber au jeune homme. C'était entre autre pour ses raisons qu'il avait quitté la ville pour faire sa vie ailleurs. Ça et la mort de son père qu'il n'avait pas réussi à assumer. Il n'avait pas supporté le regard des gens, le voyant comme un pauvre petit orphelin, qui avait connu l'abandon de sa mère d'abord et la mort brutale de son père ensuite. Il n'acceptait pas cette fausse sympathie qu'avaient ses voisins, apportant leur soutien et des plats préparés comme si Camélia et lui n'étaient pas capable de se nourrir tout seul. Elle s'en était mieux sorti que lui. Sa sœur avait déjà pris ce rôle de chef de famille dès le départ de leur mère. Alors même si le décès de leur père fut tragique, elle avait vite repris le dessus, se battant pour avoir la garde de leur jeune sœur, et agissant comme une mère de substitution. Isaac, lui, avait gardé son insouciance, la laissant tout diriger, jusqu'à ce qu'il se prenne les responsabilités en pleine gueule à la mort de son paternel. Autant dire qu'il n'avait pas réussi à gérer ça, et avait préféré prendre la fuite quelques mois après.

À 19 ans, du jour au lendemain, il avait pris un sac à dos, un billet low cost pour New York, ses économies et était parti de chez lui sans se retourner, et surtout sans dire au revoir à personne. Il avait tout quitté pour voler de ses propres ailes et apprécier sa liberté durement acquise. Quitter son petit confort familial où il n'avait jamais connu de soucis d'argent, pour se rendre dans un lieu inconnu. Quitter ses sœurs qu'il aimait en laissant à son aînée la charge d'expliquer son départ à la plus jeune. Quitter ses amis, avec qui il croyait tout partager alors qu'il n'arrivait même pas à leur avouer qu'il étouffait. Quitter sa meuf de l'époque, sans se soucier un instant de ce qu'elle aurait pu ressentir. Certes, ce n'était pas très mature de sa part, mais c'était seulement en agissant ainsi qu'il avait réussi à fuir Winnipeg, sans laisser ses émotions le submerger et le contraindre à changer d'avis. Trois ans après, il revenait comme une fleur dans la ville et essayait de recoller les morceaux lorsque cela était possible. Autant dire que cela avait fait un choc aux deux Blackbird lorsqu'il avait sonné à la porte de chez lui, avec pour seule excuse, un sourire de circonstance sur le visage, en espérant que cela aiderait. La pilule fut difficile à avaler et Isaac fut bon pour recevoir une claque magistrale de la part de Camélia, comme jamais encore il n'en avait reçu au cours de sa vie. Mais, finalement, il avait réintégré la maison et la cohabitation ne se passait pas si mal que cela, même si ce n'était pas encore la joie. Certes, ses sœurs ne lui avaient pas pardonné en un claquement de doigt, mais il restait leur frère et les liens familiaux étaient plus forts que tout. Il se doutait que cela ne serait pas de même pour tous.

La maison était vide et Isaac faisait les cent pas dans le salon. Camélia était de garde, et Skyler avait préféré passer sa soirée avec ses amis plutôt qu'avec le frère qui l'avait abandonné du jour au lendemain. Après avoir mangé en solitaire devant la télé, il ne savait que faire et il détestait cela. Il n'avait plus d'amis avec qui traîner, plus personne avec qui passer la soirée, enfiler des bières en jouant à la console. Il ne savait pas non plus à qui téléphoner. En vérité, il savait très bien qui il voulait voir mais il redoutait sa réaction. Il avait quitté Raven en lui envoyant un pitoyable message, le jour de son départ. Lui et elle formaient ce que l'on pouvait appeler un couple, avant qu'il ne décide de partir. Un duo assez surprenant, en effet. Elle n'avait que 15 ans lorsqu'il l'avait rencontré à une soirée, et lui quatre ans de plus. Pourtant, cela ne l'avait pas empêché de coucher avec elle, le soir même, alors qu'elle était complètement défoncée par la drogue et toutes les conneries qu'elle prenait, et lui, dans un état fortement alcoolisé. Elle n'était pas franchement le genre de filles avec qui il aurait pu sortir. Dépravée, vulgaire, lunatique, elle était complètement extravagante et à des années lumières de l'apparence de fils-à-papa qu'il avait fini par adopter. Elle avait un caractère volcanique et édictait ses propres règles. Entre eux, c'était explosif, intense et il aimait ça. Ce n'était pas du goût de son père, encore moins celui de sa sœur aînée, mais il s'en foutait. Il était jeune, complètement insouciant et il avait l'impression que rien ne pouvait lui arriver. Il l'accompagnait dans ses fêtes permanentes, elle le suivait dans toutes ses conneries. Elle était encore plus immature que lui et souvent, c'était lui qui la limitait dans ses excès. Mais tout avait une fin.

Prenant sa veste, Isaac n'attendit pas plus longtemps pour quitter la maison et se rendre dans le bar glauque dans lequel elle travaillait. Il avait obtenu cette information de Camélia, dont les réponses avaient été bien vagues lorsqu'il lui avait demandé ce que Raven était devenue et si elle vivait toujours ici. Il allait en avoir le cœur net par lui même. Mais avant, il allait devoir faire démarrer le vieux pick up de son père, seul véhicule qui restait dans le garage des Blackbird, après que Camélia ait pris sa voiture. Après trois tentatives, le tacot commença à rouler difficilement d'abord mais avec plus d'aplomb au fur et à mesure que les mètres défilaient et décrassaient l'engin. Cela lui laissait le temps de se préparer à l'idée de la revoir. Lorsqu'il entra dans le bar, il ne fut pas étonné qu'il soit pas franchement bien fréquenté, et ne fut pas long à remarquer Raven dans la salle enfumée par la cigarette et autres substances pas toutes très licites. Elle n'avait pas vraiment changé à première vue, avec ses longs cheveux blonds et cette mèche rebelle qu'elle mettait toujours sur le côté, son visage trop maquillé, meurtri par la vie, ses lèvres pulpeuses et son regard de braise. Elle était toujours aussi fascinante, servant comme un automate les clients, majoritairement des hommes, qui la reluquaient comme si elle était un simple bout de viande. Glissant sa main dans ses cheveux, Isaac attendit qu'elle finisse de servir une table avant de l'intercepter avec assurance, adoptant le sourire séduisant qu'il savait si bien faire, comme si cela suffisait à effacer trois années d'absence. « Tu n'as pas changé. », dit-il en la détaillant de haut en bas, remarquant qu'elle était devenue beaucoup plus femme que lorsqu'il était parti. Et pour cause, Raven avait maintenant 18 ans, elle n'était plus l'enfant écorchée qu'il avait quitté. « Alors qu'est ce que tu deviens ? » à travailler dans ce bar miteux, voulut-il ajouter mais se retenant au dernier moment face au regard peu amène qu'elle lui lançait.


Dernière édition par P. Isaac Blackbird le Mar 9 Juil - 22:51, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé   L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé EmptyLun 10 Juin - 18:07



L'amour dure trois ans
« Je ne me souviens pas avoir un jour véritablement aimé ma vie et on a jamais rien fait en sorte pour que je le fasse. Je suis le stéréotype de la salope qui est passé dans tous les lits de la ville, de la pauvre fille, de la trainée notoire qui est tombée enceinte et qui finira comme son alcoolique de mère, avec un gosse à charge alors qu’elle n’a même pas atteint sa majorité. Je n’ai jamais eu de père pour me foutre la raclée que je méritais et mon seul modèle plus ou moins féminin ressemblait à une poupée de porcelaine, pâle, fade, vile, à qui la vie aurait craquelé une à une chaque cellule de son visage pour ne lui laisser qu’un masque désolant. Je ne me souviens même pas d’un souvenir sain, d’un sourire sincère sur le visage de ma mère, d’une main tendue, d’une odeur de gâteau ou d’une connerie dans le genre. La mer, j’l’ai jamais vu, l’air de la montagne, j’l’ai jamais senti. Je sais même pas ce que c’est de me perdre dans une forêt, de voir une biche sauvage, de me sentir libre, libre, foutrement et déraisonnablement libre. Libre à en pleurer, libre à en crever. Et je ne le pourrais plus. Cette chance m’a sans doute été enlevée le jour où j’ai appris que j’avais une brioche dans le four, un putain de gosse qui détruirait ma vie sociale et sentimentale pendant les vingt années à venir. Mais ça m’a même pas touché. Parce que je le savais très bien ; la vie avait décidé de se foutre de ma gueule jusqu’à la fin. »
« Je travaillais ce soir-là, comme pour tous les autres soirs d’ailleurs. Le tablier aux couleurs criardes vantant les mérites du bar minable dans lequel je travaillais noué autour de ma taille, un jean plus troué que mon compte bancaire et un débardeur noir en simple tenue de travail, j’me sentais carrément ridicule. Pas à l’aise. Pas moi et horriblement fade. Je cachais mes yeux cernés derrière un trait d’eye-liner, je barrais mon visage d’un rouge à lèvre rouge sang. C’était pitoyable mais comme ça, j’me sentais à l’abri des mains des ratés qui reluquaient mes seins et me mettaient la main au cul jusqu’à ce que j’les foute dehors avec un bon coup de pied dans les burnes histoire que leur femme ait mes sincères salutations. Au fond, c’est pas mon job que je détestais. Prendre la commande, transmettre, servir, commande, transmettre, servir, c’était automatique, ça faisait du bien. Y avait pas besoin de réfléchir, d’avoir des diplômes et tout ce que j’ai jamais été capable d’avoir, juste d’exécuter et faire deux-trois sourires forcés à l’occasion. La partie détestable, exaspérante et pathétique, c’était les clients, évidemment. Le patron, qui laissait faire, l’autre serveuse qui en riait jusqu’à ce qu’elle se soit fait renvoyé pour plus minauder que servir. Je voyais en une soirée tous les rebus de la société, la peste, les rejetés, les sans-familles ou ceux qui étaient capable de voir la leur. Les pères de famille, les infidèles, les abrutis, les têtes de bandits, les abruties notoires, et les jeunots qui venaient se faire refouler, testant leurs limites, obsédés par leurs poils et leur pseudo virilité. Imbécile, déchets, immondices. Et ce qui me rend malade, c’est que je suis sans doute la pire du lot.
Alors je pense à Jude qui parle de plus en plus, qui se rend compte dans quelle merde il grandit. Qui continue à sourire, qui joue avec mes sous-vêtements, innocent et débonnaire, jusqu’à ce que je lui explique que ce genre de chose, il ne devait pas avoir à y toucher avant sa majorité. Venant de moi, ça s’appelle même plus de l’hypocrisie, c’est du foutage de gueule permanent. Mais il sourit, évidemment, et il s’intéresse aux bouteilles de vodka de ma mère et aux paquets de cigarette. Et j’ai envie de chialer quand je comprends que j’aurais mille fois mieux fait de le faire adopter. »
« Mon service était presque fini ; il était pas tard, je faisais simplement des heures sup ‘ pour remplacer une collègue trop malade, trop fatiguée, trop morte, quelque chose dans ce goût-là. Jude était, comme à son habitude, chez ma mère qui m’avait confié sa came et ses douces amantes pour la soirée ; tout était planqué dans le coffre de ma voiture et je me demandais si c’était franchement une bonne idée. Surtout avec l’homme qui devant moi, venait d’apparaître.
Vous savez il y a ce moment de surprise quand vous regardez une chose, une personne que vous n’avez pas vu depuis des lustres où les sentiments les plus profonds s’expriment pendant une fraction de seconde, le temps que l’esprit se réhabitue à cette présence que vous avez tant aimé, à cette absence que vous avez tant maudit. Je crois que je n’ai jamais paru aussi profondément mauvaise, bouleversée et sur le cul que pendant la minute qui suivit son apparition. Je crois que je n’ai jamais autant détesté son visage, ses cheveux bruns et sa peau si bronzée par rapport à la mienne. Son allure si décontractée, son air détaché. « Tu n'as pas changé. » Et cette putain de phrase, ces putains de mots que je décidais déjà de classer dans « réplique la plus commune, inadéquate, immensément frustrante du monde ». Je n’avais pas changé. Après neuf mois de grossesse, une dépression et environ deux centaines de nuit blanche, j’étais restée la pauvre adolescente fraîchement en cloque qu’il avait connu avant de foutre le camp, avant de ne plus prendre une seule nouvelle. « Alors qu'est ce que tu deviens ? » « Qu’est-ce que tu viens foutre ici ? » Je ne sais pas exactement le nombre de fois où, alors que je me l’interdisais, je m’imaginais le jour où mes yeux se poserait sur sa foutue gueule d’ange une nouvelle fois, sur ce petit sourire en coin et sur son air soigné. Je ne sais pas combien de fois je me suis répétée ce que je lui dirais, ce que je lui cracherais à la gueule. Les mots exacts, les moindres exclamations, les insultes, les cris de rage puis la suffisance et les adieux définitifs. Jusqu’à ce que je me souvienne que j’étais encore amoureuse de ce connard et que je prenne Jude dans ses bras.
Et tout ce qui me venait à l’esprit c’était de le persuader de se casser pour qu’il ne revienne pas. Jamais. Je me retournais pour poser le plateau qui ne me servait plus rien à rien et me retourner vers lui, plantant des yeux où on pouvait clairement lire « choisis bien tes mots chéri, où tu pourras bientôt toucher tes couilles en tirant la langue. » »
© night sky.
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MessageSujet: Re: L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé   L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé EmptyMar 11 Juin - 12:34

« L'amour dure trois ans. »
Peut-être qu'il n'aurait pas du poser cette question, finalement. C'est vrai que ce n'était pas très valorisant de lui demander ce qu'elle était devenue alors qu'il la voyait devant lui, les yeux cernés, l'air fatigué, enchaînant ses soirées à bosser dans un bar minable de la ville. Isaac doutait fortement qu'elle faisait cela pour payer ses études, même si elle pouvait toujours le surprendre. Il se rendait compte à tel point il avait été prétentieux de s'afficher ainsi, le visage hâlé par le soleil d'Australie, et l'attitude détendue, détachée. Raven devait le trouver méprisant, et elle avait raison. Il ne se cachait pas pour montrer que ces trois années loin de Winnipeg lui avaient été favorables. Trois années sans pression, sans obligations, où il avait pu aller où il voulait, quand il le pouvait. Son visage ne trahissait aucune marque de fatigue, de dépression, mais laissait apparaître à la place un enthousiasme, une exaltation de qu'il avait pu vivre. La liberté qu'il avait acquise pendant qu'elle était resté ici, se devant de travailler pour subvenir à ses besoins. Il se rappelait que sa mère était loin d'avoir le profil idéal de la maternelle présente, rassurante mais plutôt la figure d'une droguée notoire qui avait laissé sa fille se débrouiller seule pendant qu'elle avalait ses conneries. En quelque sorte, elle était pire que la sienne. Au moins, lui ne l'avait pas connu. Et il était là, se pavanant devant elle, comme pour lui rappeler à quel point sa vie était misérable, alors qu'il avait pu souffler, s'échapper, fuir pendant trois ans. Pire encore, il revenait innocemment du jour au lendemain et reprenait peu à peu sa place dans une vie qui était loin de ressembler à la sienne. Il vivait dans une grande maison, avec une sœur assez responsable pour qu'il n'est pas besoin de l'être, il avait trouvé un job convenable pour l'été avec une mise à l'essai de trois mois dont il était certain de passer avec brio. Tout lui souriait, et il était là pour le lui rappeler.

Pourtant, ce n'était pas son but. Il n'était pas là pour la provoquer, pour la narguer, mais malgré lui, cela devait être l'effet qu'il produisait. Raven n'avait pas franchement l'air ravie de son retour, c'était le cas de le dire. C'était visible dans son intention de voix, dans le choix des mots qu'elle avait prononcés. Ce qu'il venait foutre ici, comme si il était là pour mettre le bordel, le bordel dans son bar, le bordel dans sa vie. Tout indiquait qu'elle voulait qu'il s'en aille, que sa présence n'était pas désirée. Voilà, il était un intrus, un indésirable qui n'avait pas sa place parmi les rejets de la société. Isaac détonnait dans le lieu, avec son apparence de fils de riche, ses cheveux bien coiffés, son attitude orgueilleuse face à ces déchets, ces ordures de premier ordre, tous ceux dont l'honneur ne signifiait plus rien. Il n'était pas mieux qu'eux, dans le fond. Pire, cela se lisait dans les yeux clairs de Raven. Elle ne voulait pas de lui. Isaac resta silencieux un instant, la fixant droit dans les yeux, cherchant la moindre faille dans son regard perçant. Ce regard qu'il avait tant aimé, d'où ne ressortait plus que de la haine, de la rancune et du dégoût. « Détends-toi. Qu'est-ce qui t'es arrivée ? T'as perdu ton sens de l'humour ou quoi ? ». Son ton se voulait décontracté et serein, mais ce n'était qu'en apparence. Il se rendait compte à quel point il avait du la blesser en partant, combien il avait été maladroit et désinvolte avec son pitoyable sms dont il ne se souvenait même plus ce qu'il avait mis clairement dedans. Un vrai connard. Mais, il venait pour faire amende honorable, elle devrait prendre cela en compte quand même. Ils étaient jeunes à cet époque, insouciants et irresponsables, lui l'était toujours d'ailleurs, et il avait flippé. C'était légitime, non ? Il avait eu peur, peur de l'avenir, peur de s'enfermer dans une vie qu'il n'avait pas voulu. Alors il avait fui.

Mais là où il avait la sensation d'avoir merdé, c'était d'être parti en la laissant à son triste sort. Il aurait du lui dire de venir avec lui. Après tout, qu'est-ce qu'il l'aurait retenu ici ? Qui serait venu la chercher ? Mais, cela aurait été trop difficile, trop compliqué. Elle était trop jeune, et lui pas assez mature. Il l'aimait pourtant, peut-être trop, peut-être mal, et cela n'avait pas suffi. Alors il l'avait laissé. Il ne s'était pas senti capable de le lui dire en face, pas capable d'assumer la triste réalité lorsqu'il lui aurait dit qu'il se cassait. Et maintenant qu'il lisait dans ses yeux, tout ce qu'il n'avait pas voulu voir avant, la tristesse, l'abandon, la colère, le ressentiment, la haine, il avait du mal à soutenir son regard. La vie n'avait pas été charmante avec elle. Sans doute avait-il une part de responsabilité, n'ayant pas forcément eu une bonne influence non plus. Peut-être aurait-il mieux fait de partir comme elle lui demandait via ses gestes, son attitude sur la défensive et ses yeux témoignant de la violence qu'elle pouvait faire preuve. Pourtant, il ne bougeait pas. Malgré tout, il n'avait rien oublié d'elle, rien oublié de ce qu'ils avaient vécu ensemble. Il ne savait pas ce qu'il cherchait en venant ici, mais il avait l'impression de l'avoir trouvé en la voyant. « J'avais envie de te voir. C'est une raison suffisante, non ? ». Sa voix avait repris une assurance sans faille, il la fixait aussi durement qu'elle le faisait bien qu'une teinte de taquinerie pouvait se lire dans ses yeux, la testant pour voir ses limites. Il savait que derrière cette attitude froide et indifférente qu'elle arborait se cachait une sensibilité voilée qu'il lui connaissait et la preuve qu'elle ne l'avait pas oublié non plus. Il voulait briser le mur qu'elle avait mis entre eux, peu importe ce que cela lui coûterait. Après tout, il n'avait rien à perdre.
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MessageSujet: Re: L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé   L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé EmptyMar 11 Juin - 19:05



L'amour dure trois ans
Puis vint le moment de panique, l’angoisse grandissante. La respiration saccadée, les sueurs froides. J’étais franchement dans la merde, une situation si merdique que s’en était pathétique. Une situation qui m’avait fui, que j’avais fui pendant trois minuscules, ridicules années, bien trop courtes et foutrement bien trop douloureuses. En y réfléchissant, j’aurais bien pu mal finir. S’il n’y avait pas eu Jude, s’il n’y avait pas eu ces grands yeux clairs qui me forcèrent à me bouger le séant pour me trouver une situation – assez minable, certes, mais une situation- pour trouver une motivation, juste quelque chose qui me permette d’oublier mon amour déchu. J’étais jeune, atrocement trop jeune pour cette existence et Paul n’y avait plus sa place, simplement. Personne ne l’avait à part mon fils, je me l’étais interdit.
« Détends-toi. Qu'est-ce qui t'es arrivée ? T'as perdu ton sens de l'humour ou quoi ? » Ouais, en même temps que mon placenta, connard. Mais putain j’y arrivais pas, j’y arrivais tout simplement pas. A oublier le fait qu’il ne l’avait pas voulu cet enfant, qu’il n’était qu’un gamin qui voulait juste fuir, trouver sa voie, sa destinée et toutes les belles excuses du monde qu’il m’avait servi dans son message ridicule. Ce n’était censé qu’être un message d’au revoir, pas une fatalité, pas un abandon. Il n’était pas innocent mais il n’était pas coupable de ça, pas de lui, pas de ma situation. Pas de ma détresse et de mon envie croissante de m’enfoncer l’arme cachée dans le placard du patron, sous la caisse, dans la bouche et de tirer jusqu’à ce que je vois la mort me payer un verre.
Je n’arrivais même pas à me calmer, ni à penser correctement. Lui répondre me semblait être un acte terroriste. Ca y est ; je me sentais mal, mal à en dégueuler. Je voulais pas. Pas ici, pas comme ça, pas maintenant, pas au milieu de tous ces gens, de ce bar, loin de mon fils, ma fierté obscurcissant toutes mes pensées. Fallait que je me calme, que je respire un grand coup, que j’aille voir ailleurs. Loin de lui, loin de tout, mais je savais à son expression déterminée, à son regard dans le mien et à son sourire taquin – oh mon dieu, ce sourire en coin- qu’il était pas prêt de me laisser filer. Pas cette fois, en tout cas. Je voyais dans ces yeux tout ce que j’avais cherché durant les trois dernières années et mon image effondrée me revint en pleine gueule. « J'avais envie de te voir. C'est une raison suffisante, non ? » C’était plus possible, fallait que je sorte. C’est ce que je lui cracha d’ailleurs avant de déposer mon plateau et de balancer mon tablier sur le comptoir. De toute façon, j’avais largement dépassé mon quota d’heure sup’ pour l’année à venir et si je réclamais l’argent que ça représentait, ils pouvaient fermer boutique.
Le vent frais de la nuit vint caresser mon visage, mon regard fou, mes mains crispées. Je devais être horrible, flippante, paniquée, énervée, perdue. J’avais aucune idée d’où aller alors que je le savais sur mes talons, derrière moi. Ma réaction d’ex petite amie éplorée était sans doute excessive, limite tragique et révélatrice sur mon état d’esprit, mais sincèrement, j’en avais absolument rien à battre. Tout ce que je trouvai à faire, c’était de m’appuyer sur le capot de ma voiture, d’allumer une clope et tirer dessus jusqu’en m’en cramer les poumons, jusqu’à ce que mes nerfs se détendent et que l’image de Paul apparaisse moins dur à mes rétines. Que son image se stabilise. Et que je puisse enfin articuler quelque chose. « Et t’avais envie de me voir pendant les trois dernières années ? T’y a repensé, à ce putain de message, à cette chambre vide ? A tes sœurs qui m’ont annoncé ton départ, à leur air méprisant ? Tu le connais, celui qu’elle affiche, ta Camélia, quand elle nous voyait tous les deux, quand on s’embrassait ? Et nos baisers, t’y a repensé à nos baisers ? A nos conneries, à nos parties de jambe en l’air, à nos disputes et à nos déboires ? Est-ce que t’as seulement pensé à moi, pauvre con ? Tu m’excuseras d’être sceptique. Tu m’excuseras de pas vraiment croire à tes conneries. » Je sais pas si c’était franchement une bonne idée, la clope. « T’avais pas le droit de me faire ça. Ou pas comme ça. Tu m’as tellement fait souffrir, pauvre abruti, que j’arrive même pas à me souvenir de nos souvenirs heureux. Tu vois, j’suis crevée, explosée et cette clope, y a sûrement de la beu dedans, parce que te voir, ça relève sans doute du miracle. » Ouais, c’était sans doute vrai. C’était peut-être une clope de ma mère. Tout ce que je savais, c’était qu’elle passait bien et que la prochaine avait intérêt d’être aussi bonne. « Et puis, sois pas désolé. Je veux pas jouer et encore moins que t’aies pitié. Je suis heureuse aujourd’hui, ok ? Je suis tellement heureuse que j’pourrais te faire la danse de la joie à poil sur ce parking et aller me taper la moitié des mecs bourrés de ce bar dans la minute qui suis. » Et je repoussais le sujet. Finalement, j’étais peut-être aussi lâche que lui.
© night sky.
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MessageSujet: Re: L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé   L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé EmptyMer 12 Juin - 21:16

« L'amour dure trois ans. »

Il n'avait pas d'autre choix que de la suivre, quittant le bar à son tour, le visage anxieux, pour retrouver la brise de la rue déserte et faiblement éclairée. Il n'y avait pas que le bar de minable, même le quartier n'en valait pas le coup. Pas de nuit, en tout cas. Il n'aimait pas trop l'idée qu'elle se retrouve ici, soir après soir, à sortir de son service exténuée, marchant dans ces rues froides et désagréables afin de rentrer chez elle. Au moins, ce soir là, il était certain qu'il ne lui arriverait rien, il était là. Isaac secoua la tête pour chasser cette idée et soupira. Il n'avait pas le droit penser à cela, il en avait perdu le privilège lorsqu'il était parti. Maintenant, elle se débrouillait seule, et il devait bien avouer qu'elle ne s'en sortait pas si mal. Glissant ses mains dans ses poches, il marchait derrière elle, adoptant la même allure à quelques mètres à peine d'écart, sans dire le moindre mot. Que pouvait-il bien dire après tout ? C'était la première fois qu'il la voyait dans cet état, la respiration saccadée, le regard paniqué et violent, l'air d'une gamine perdue et affolée. Elle lui avait toujours semblé sûre d'elle, du moins indifférente à ce qu'il pouvait bien se passer, et là, il avait devant lui, une Raven déstabilisée. Isaac avait du mal à croire que cela était de sa faute. Ce n'était pas possible. Certes, il était parti alors qu'elle l'aimait, c'était vrai. Elle s'était attachée à lui autant qu'il s'était attaché à elle, sans doute. Mais, il n'avait pas pensé qu'elle aurait du mal à s'en remettre. Il l'avait toujours connu de nature solitaire, capable de s'en sortir seule face à n'importe quelles péripéties.


Finalement, elle s'arrêta, se posant contre le capot d'une voiture qui devait certainement être la sienne, avant de s'allumer une clope et de tirer dessus pour profiter au maximum de la nicotine que son corps assimilait peu à peu. Peut-être plus que lui, Raven était une grande consommatrice de tabac, et il préférait la voir fumer une clope plutôt que ce qu'elle avait tendance à prendre lorsqu'ils étaient plus jeunes. Cela ne voulait pas dire qu'elle avait arrêté de se droguer, mais au moins, elle ne le faisait pas devant lui. Isaac avait laissé une distance palpable entre eux, se postant face à elle en sachant très bien qu'elle n'aurait pas accepté qu'il se pose lui aussi sur le capot de sa bagnole. Silencieux, il la regardait inhaler la fumée par sa bouche, lui donnant envie de sortir son paquet de sa poche pour s'en tirer une, lui aussi, avant de se rappeler qu'il n'avait pas de briquet. Le jeune Blackbird se voyait mal entamer la conversation en lui demandant du feu. Surtout vu le regard noir qu'elle lui lançait. Se mordant l'intérieur de la bouche, manie qu'il avait de faire lorsqu'il était préoccupé, il attendit les bras croisés qu'elle daigne lui adresser la parole. En fin de compte, il préférait encore lorsqu'elle était silencieuse. Raven laissait exploser sa rage. Toute la haine contre lui qu'elle avait laissé accumuler année après année, elle la lui crachait au visage, sans déglutir. Bien qu'il s'y était préparé, les mots étaient blessants alors qu'ils se les prenaient en pleine gueule. Il avait du mal à y rester insensible. Bien sûr qu'il avait eu envie de la voir pendant ces trois dernières années. Évidemment, qu'il y avait repensé à ce message. Elle le prenait pour qui, pour quoi ? Ok, il avait été un connard, mais il n'avait pas un cœur de pierre.

Quand elle évoqua ses sœurs, il serra les dents sachant d'avance que cela n'allait pas lui plaire. Elle pouvait lui remettre la faute sur tout, le traiter de tous les noms mais qu'elle ne mêle pas ses sœurs à leur histoire. C'était lui le responsable, lui qui l'avait laissé. Ses sœurs avaient autant souffert qu'elle, voir plus peut-être. Il tenait bon, jusqu'à ce qu'elle cite Camélia. Là, il sentait qu'il allait exploser lui-aussi. Ses traits se durcissaient sur son visage, il sentait ses mains commencer à trembler alors que son pied tapait sur le sol sans qu'il puisse le stopper. Finalement, il aurait du lui demander du feu, il aurait eu de quoi s'occuper avec sa clope pendant qu'il devait écouter ses propos. La suite, il l'entendait et il avait l'impression qu'elle ne finirait jamais. Il l'avait fait souffrir. Bien, il avait compris. Il n'était pas désolé et n'avait pas pitié d'elle. En vérité, il s'était complètement bloqué, il fulminait et il avait hâte qu'elle termine pour pouvoir s'exprimer. Il sentait qu'il allait péter un câble, ça bouillonnait dans son cerveau. Le problème était qu'il avait le même mauvais caractère qu'elle, et il avait du mal à prendre sur lui. « Putain, mais c'est quoi ton problème ? Si t'es si heureuse que ça, pourquoi tu m'en veux autant ? J'ai pas détruit ta vie, à ce que je sache. Bien sûr que j'ai pensé à toi. Tu crois quoi ? Mais qu'est-ce que ça change de toute façon ? On peut pas revenir en arrière. Oui, je suis parti. Oui, je t'ai laissé. Mais j'ai laissé les autres aussi, ma famille, mes amis. Tout ne tourne pas autour de toi. », dit-il avec rage et véhémence, en parlant avec les mains, s'avançant vers elle au fur et à mesure qu'il continuait.


Isaac était si proche de Raven maintenant qu'il pouvait ressentir sur son visage la fumée de la cigarette qui venait vers lui. Ses yeux froids, durs, méchants, étaient plantés droits dans les siens et il n'avait pas l'intention de les baisser. Rien que la voir, elle et sa clope, cela l'énervait au plus haut point. Il ne voulait pas être méchant, et il avait essayé de peser ces mots jusque là, mais dans la fureur, il n'arrivait plus à réfléchir. « Et puis, vas-y, fais là ta danse de la joie, et va les baiser ces pauvres mecs. Tu sais faire que ça de toute façon. Ouvrir les cuisses, c'est ta spécialité. ». Et merde. Les mots étaient sortis trop vite. Pire, il avait attrapé son bras violemment et l'avait balancée durement plus loin, en direction du bar, comme une poupée de chiffon. Il se rendait compte de son geste en la voyant, sidérée et choquée devant lui. Pourquoi avait-il fait ça ? Il n'en avait aucune idée, mais ce qui était sûr, c'était qu'il regrettait déjà son attitude. C'était pas possible de faire plus con. Putain, qu'est-ce qui allait pas chez lui ? Déjà qu'elle lui en voulait à mort, alors si en plus il en rajoutait, il avait pas fini d'en payer les frais. « Attends. J'aurai pas du dire ça. Raven ? ». Isaac n'osait pas l'approcher de nouveau. Il n'était pas souvent violent, mais parfois, son tempérament faisait qu'il se laissait aller dans son attitude, et pas forcément pour le meilleur. C'était mal barré.
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MessageSujet: Re: L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé   L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé EmptyJeu 13 Juin - 15:14

undefined a écrit:
 


L'amour dure trois ans

Et je le regarde, lui aussi, exploser de manière si imprévisible que j’en reste muette, abrutie devant ses traits durcis par la colère, par le fait que j’ai osé aborder ce sujet, son sujet sensible. Il n’a pas l’air de comprendre- comment le pourrait-il ? Il est si proche de moi à présent, que je sens son odeur, que je distingue le moindre de ses traits tirés, sa plus petite trace de méchanceté. Il me défie, il me rappelle à lui et la tension est si palpable que c’est à peine si je me retiens de lui sauter à la gorge, de déchirer son joli petit visage entre mes ongles, de mordre et de griffer jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien, plus rien que je ne puisse aimer.  Alors il se défend, alors il me crache dessus comme je l’ai fait, il m’insulte, il s’injure. Sa haine s’associe à la mienne, symbioses parfaites entre deux sentiments bien trop forts, bien trop laids. J’avais oublié à quel point nous étions destructeurs ; à quel point nous n’avions rien à foutre ensemble. J’en rirais presque tant la situation est ironique, tant elle est formidablement tragique, si je n’étais pas trop occupé à le fusiller du regard, à faire en sorte que ses prunelles fondent sur les miennes. Faîtes le taire, bon dieu, faîtes le taire. Je vais le tuer, je vais me tuer, je vais nous tuer. « Tu sais faire que ça de toute façon. Ouvrir les cuisses, c'est ta spécialité. » Trop tard. Je sens son bras sur le mien et je me retrouve à quelques mètres de lui en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. C’est de justesse si je ne suis pas tombé, si je ne me suis pas écrasé comme ses excuses, pitoyables, sur le pavé. Ca me sidère quand je me rend compte à quel point il a pas changé. Sa violence est toujours là, toute proche, toute faîte. Les souvenirs me reviennent et je manque de m’étouffer. Même l’air de cette ville m’écoeure en cet instant, même les promesses qu’elle s’était engagée à tenir. Et je ne sais plus comment réagir. Je n’en ai pas la moindre idée. Alors je reste plantée là comme une conne, mon regard dans le sien. Alors, je ne dis pas un mot, je reste silencieuse parce que je suis incapable de lui répondre. Je ne veux même pas m’énerver. Je ne veux pas rester, je ne veux pas le voir, je ne veux pas partir. Et je ne veux pas lui dire, putain, je veux surtout pas lui dire. La raison de mon courroux, de mes dépressions, de mon mal de lui, de mon éternel mal de lui. C’que j’ai mal,  c’est horrible c’que j’ai mal. Devant moi la seule personne à qui j’ai jamais voulu que plaire, la seule que j’ai aimé s’est transformé en la seule personne que je n’avais pas le droit de protéger.
J’arrive même plus à me reconnaître. C’est pas normal que je sois comme ça, c’est pas sain qu’il me mette dans cet état-là. Que j’ai cette horrible envie de pleurer, de chialer toutes les larmes de mon corps comme quand j’étais enceinte de six mois, comme quand je ne voyais plus de solution à ma vie de dégénérée. Comme si j’étais de nouveau cette fille faible qui se regardait tous les jours dans la glace, qui essayer de cacher son bide de plus en plus rond, de plus en plus voyant. Sa poitrine énorme, ses crises d’hystérie de plus en plus ridicules, ses fous rires terrifiants. Comme quand j’étais faible, désespérément faible et que j’étais bien la seule à le voir.
« Tu sais, j’crois que t’as raison. C’est ma spécialité d’ouvrir mes cuisses. Comme quand j’ai dû faire sortir un bébé de trois kilos cinq de mon utérus. » Puis, soudain, c’est sorti. Comme ça. Un murmure dans la nuit, prononcé si doucement qu’il fallait attendre cette réponse pour l’entendre. Pour capter l’intonation dramatique de ces mots, si ironiques qu’ils en semblaient irréels. Comme une bonne blague, des mots trop légers pour être sérieux.
Je relevai mes yeux vers lui, dénués de toute sorte d’animosité. Juste fades et vides. C’était une constatation ; la vérité que je lui devais depuis qu’il avait quitté la ville. Le secret que j’avais pas le droit de cacher, ni à lui, ni à personne. Le point central de ma propre existence que je partageai avec lui, qu’il le veuille ou non. Plus craignos, tu meurs.

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MessageSujet: Re: L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé   L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé EmptyVen 14 Juin - 14:48

« L'amour dure trois ans. »
Pourquoi avait-il agi ainsi ? Qu'est ce qui tournait pas rond chez lui ? Isaac regardait ses mains, puis Raven plus loin qu'il avait balancée sans même s'en rendre compte. Il revoyait en boucle les images dans sa tête, de lui qui lui prenait le bras pour la jeter hors de sa vue. Il n'y avait qu'avec elle qu'il se laissait aller à ses plus bas instincts. Elle seule arrivait à le mettre à bout, avec ses mots, sa façon de les exprimer, son attitude. Peut-être aussi parce qu'elle le connaissait mieux qu'il ne pensait se connaître lui-même. Peut-être aussi parce que c'était la seule qui pouvait vraiment le blesser. Il se détestait pour ce qu'il venait de faire. Il la détestait pour ce qu'elle lui avait fait faire. Cela avait été une erreur monumentale de venir la voir. Qu'est-ce que cela allait-il lui apporter ? Rien de positif. Ils avaient un caractère tellement semblable, aussi merdique l'un et l'autre, qu'il n'y avait aucun moyen pour qu'ils puissent se supporter. C'était flagrant en les voyant là, tous les deux, la tension était palpable, l'atmosphère électrique. Et pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher de penser à tous ces moments qu'ils avaient passés ensemble, ces fous-rires, ces baisers échangés, ces caresses en intimité, leurs corps l'un contre l'autre, surtout ces moments là, où elle s'abandonnait, où il la possédait. Comment avait-il pu en arriver là ? Il repensait à ces disputes aussi, ces crises de nerfs, ces pétages de plombs où ils devenaient destructeurs l'un pour l'autre. Leur relation avait toujours été trop intense, tout ou rien, le meilleur et le pire, l'euphorie et l’écœurement, la vie et la mort. Isaac n'osait plus dire le moindre mot, les yeux plantés, noyés dans les siens. Il y voyait la détresse dans lequel elle se trouvait, il voulait la prendre dans ses bras, s'excuser, la réconforter, que leur querelle s'arrête, mais il ne bougeait pas.
Il restait stoïque, raide, silencieux. Il ne savait pas combien de temps ils étaient ainsi, les secondes s'éternisaient. Il commençait à avoir mal au crâne, c'était insupportable. Puis, Raven murmura quelques mots, à peine audibles mais parfaitement intelligibles. Juste trois phrases qui lui firent l'effet d'une bombe, bousillant l'intérieur de son cerveau, détruisant tous ces idéaux. Tu sais, j'crois que t'as raison. C'est ma spécialité d'ouvrir mes cuisses. Comment quand j'ai dû faire sortir un bébé de trois kilos cinq de mon utérus. Le chaos. Elle se moquait de lui, c'était la seule explication plausible. L'imaginer enceinte, avec un gosse, était impensable. Elle se jouait de lui. Tout était bon pour lui faire payer son départ, même la plus pitoyable des inventions. Perplexe, Isaac la regarda avec de grands yeux avant de se forcer à éclater de rire nerveusement. Raven avait toujours eu un humour particulier, et son côté cynique n'aidait en rien. C'était forcément une blague. Une blague de mauvais goût certes, mais une plaisanterie de sa part. Un canular. Oui, c'était ça. Elle jouait la comédie. Elle avait failli l'avoir, il l'avait presque cru. « Arrêtes tes conneries, Raven. J'suis pas d'humeur. ». Elle ne pouvait pas avoir eu un gosse. L'imaginer avec un mioche était ridicule. Regardez-là, elle n'avait rien d'une mère. Elle était à peine une adolescente immature de 16 ans, lorsqu'il était parti, et aujourd'hui à 18 ans, elle bossait dans un bar minable de la ville. Impossible. Il avait du mal à la voir accepter ses responsabilités, et même si elle avait été enceinte, elle aurait pu avorter, pas accoucher d'un bébé. Elle se moquait de lui.
Pourtant, il lisait dans ses yeux qu'elle ne plaisantait pas. Elle lui disait la vérité avec tout sa sincérité, son honnêteté. C'était une simple constatation d'un fait avéré. Elle avait eu un gosse. Un gamin de trois kilos cinq était sorti de son vagin. Il essaya en vain de l'imaginer avec un gamin avant de chasser rapidement cette idée. Impossible. Mais, il fallait bien qu'il admette que c'était le cas. Elle était trop grave, trop perdue, les yeux vidés de leur sens pour qu'elle ait eu l'idée de mentir. Son cerveau marchait à plein régime, il refusait de voir la vérité en face. Pire une pensée lui venait brusquement en tête. Il était paniqué, affolé et il avait peur de poser la question, peur de la réponse surtout. Si c'était le cas, cela risquait de changer à jamais les choses. Pourtant, il le fallait. Il ne pouvait pas rester dans l'ignorance. « Il est de qui ? ». Il sentait que c'était la question la plus conne qu'il avait pu poser dans sa vie. Voilà pourquoi elle lui en voulait autant, il était forcément de lui. Non, ce n'était pas possible. Il ne voulait pas savoir, il ne pourrait pas l'accepter, encore moins l'assumer. Il espérait même qu'il se faisait des films, qu'il se soit trompé. Non, il n'était pas de lui. Elle avait du avoir un gosse après son départ, avec un autre. Elle lui en voulait parce que si il n'était pas parti, elle n'aurait pas couché avec d'autres mecs et n'aurait pas dû assumer la naissance d'un gamin. Il n'y était pour rien. Camélia avait toujours dit qu'elle était dépravée, immorale. Elle avait peut-être raison, mais Isaac, au plus profond de lui, avait du mal à y croire. Il y avait forcément une explication.
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MessageSujet: Re: L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé   L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé EmptyDim 16 Juin - 20:01



L'amour dure trois ans

Et voilà. Je venais de la lâcher, ma vérité, de la lui servir rude et froide  sur ce parking écœurement vide. Nous étions seuls, seul avec une phrase et le temps qu’il mettrait pour comprendre, pour admettre, pour se foutre de ma gueule- évidemment. Il n’assumerait pas, jamais. Pourquoi le ferait-il ? Ce gamin il ne l’a jamais voulu, il ne le voudrait jamais et c’était stupide de croire le contraire. C’était stupide de vouloir le contraire. Paul était sorti de ma vie aussi brièvement qu’une balle qui vient se loger dans un cœur et la cicatrice était toujours présente, si laide que je refusais même de la reconnaître. Je l’avais laissé de côté, l’avais superbement ignorée pendant ces trois dernières années et aujourd’hui, devant moi, elle venait se rouvrir sous les yeux clairs du père de mon fils.
« Arrêtes tes conneries, Raven. J'suis pas d'humeur. ». Putain c’que j’en ai rêvé de cette scène, bon dieu c’qu’elle me semble familière. Son air agacé, quoique légèrement étonné lorsqu’il me prend toujours pour cette gamine immature, cette petite fille des sombres rues qui a mal supporté un chagrin d’amour. Une petite conne qu’il devrait raisonner, encore, comme il l’a toujours fait. Il se demande même si j’étais aussi ridicule à cette époque, à déballer des conneries aussi grotesques pour le faire culpabiliser. Après tout, j’étais une cassos, non ? Une bonne petite dépravée qui n’a jamais eu de sens moral ; y aurait pas de raison pour que j’en ai acquise une trois ans plus tard. Alors quoi, me rabaisserais-je à ça ? Me contenterais-je de mentir pour garder une fierté déjà envolée ? Il se rend compte qu’il sait très bien que non.
Alors il y a la peur. La plus pure, la plus terrifiante. Celle qui vous noue les entrailles à coups de battements de cœurs précipités, de nausées et de pensées sombres, douteuses, osées. Non, ce n’est pas possible. Putain, faîtes qu’elle mente, j’vous en conjure, faîtes que ce soit une pauvre blague stupide. L’instant n’est plus aux insultes mais aux prières jusqu’à ce que, doucement, la vérité lui éclate en pleine gueule et qu’il n’y puisse absolument rien y faire. L’instant de grâce, de torture mentale où il se rend compte que mes yeux ne mentent pas, ne lui ont jamais menti.
Son air interdit me donne envie de pleurer avec lui. Ses yeux froids, calculateurs, foutrement trop sérieux me filent des nœuds à l’estomac, quand il ouvre la bouche pour la deuxième fois. La question est dégoulinante d’espoir, d’échappatoires encore possible. Il me tend, désespéré, une dernière perche pour que je le sorte de la situation dans laquelle on s’est mis tous les deux, lors de cette soirée d’ivresse et de luxure, d’amour et d’aventure. C’qu’il me semble loin le temps des soupirs et de la fraîcheur des premières fois, de la passion de nos baisers et de la chaleur de nos corps. J’avais besoin que de ça, à l’époque, pour me sentir vivante. Il me suffisait largement, plus que la marie-jeanne, la beu, la coque, l’alcool et le sexe. Plus que n’importe quelle dépendance, j’étais droguée à l’amour et j’pouvais en crever. Alors, je pouvais encore le sauver. Je sentais dans chaque petite cellule de mon corps qu’il m’en suppliait, de ne pas gâcher sa vie en même temps que j’étais en train de gâcher la mienne. De ne pas l’entraîner, encore une fois, dans mes déboires d’adolescente, dans mes conneries de gamine. Ce n’était pas lui. Ce n’était pas sa faute. Ce n’était pas sa responsabilité. J’avais déconné, c’était à moi d’assumer. Mon ventre, mon fils, mon bébé, ma vie, mes erreurs, ma maison. Pas les siens. Je déteste sentir à nouveau ce déchirement dans ma poitrine, cette douleur atrocement aigüe qui me fend l’esprit en deux. Je ne supporte plus son image, ce visage, ce choix, toutes ces décisions que je ne suis pas prête à prendre toute seule, que je ne devrais pas à prendre toute seule. Je ne devrais pas être seule. Et pire encore ; je ne le veux désespérément pas. « A ton avis, abruti. » Et ça encore, plus qu’autre chose réduit à néant mon amour propre d’ancienne droguée mère célibataire  pour le restant de ma misérable petite existence.
 «J’étais déjà enceinte d’un mois quand t’es parti et je l’ai appris que trois mois plus tard. Tu vois, j’étais déjà foutu. » Je ne sais pas s’il a la conception de ce qu’est un avortement, s’il se rend compte que ce gamin, je le voulais autant que lui. Je ne sais même plus quoi lui dire. La bombe est lâchée et j’attends, stoïque, immobile à quelques mètres de lui. « Si ça peut t’aider, j’ te demande rien. Et si tu pouvais éviter de me balancer à trois mètres supplémentaires, j’apprécierais.».
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MessageSujet: Re: L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé   L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé EmptyVen 21 Juin - 10:06

« L'amour dure trois ans. »
Elle ne pouvait pas avoir eu un gosse, un gamin de lui. Impossible. Ils s'étaient toujours protégés. Bon, peut-être qu'une ou deux fois, ou peut-être même plus en y repensant, ils avaient sauté cette étape tellement pris de désir l'un pour l'autre, mais c'était absurde de croire qu'une seule fois suffisait pour qu'elle puisse tomber enceinte. Ce n'était le cas que dans les séries mélodramatiques américaines, pas dans la vraie vie. Puis, elle prenait la pilule, non ? Enfin, vu la quantité de merde qu'elle prenait à cette époque, il doutait qu'elle ait suivi son moyen de contraception à la règle. Mais bon, cela le rassurait de penser qu'il s'agissait d'un énorme canular. Un gosse de lui, c'était ridicule. Il essaya en vain de l'imaginer avec un gamin avant de chasser rapidement cette idée. Impossible. Et même si elle avait été enceinte de lui, elle aurait pu avorter. C'était la meilleure chose à faire. Mais non, la vérité lui éclatait en pleine face comme un obus dans un champ de mines. Raven s'en était rendue compte trop tard, à quatre mois de grossesse, elle était foutue comme elle l'avait dit. Elle avait du le porter à terme, mais elle l'avait certainement fait adopter, elle n'était pas aussi inconsciente. Au pire, le gosse aurait été ballotté de famille en famille, mais au moins, il n'aurait pas connu une mère adolescente droguée et un père aux abonnés absents qui aurait fui ses responsabilités. Si ça peut t'aider, j'te demande rien. Cette phrase tourna trois fois dans la tête d'Isaac avant qu'il n'en comprenne véritablement le sens. Évidemment, elle l'avait assumé ce gamin. Elle l'avait gardé et elle s'en était occupée seule depuis trois ans. Même Raven était plus responsable que lui. Elle ne lui demandait rien, mais qu'avait-il à lui offrir de toute façon ? Il était incapable d'y réfléchir
Isaac posa ses mains sur son crâne en tournant en rond, sans dire un mot, le visage fermé, dur, de celui qui avait du mal à se remettre d'une mauvaise nouvelle. Il ne regardait même plus Raven. Il voyait bien qu'elle se sentait mal, mais il était incapable de l'approcher, de la rassurer. Elle ne lui demandait rien, mais au fond d'elle, elle devait espérer qu'il ferait quelque chose. Que pouvait-il y faire ? Il ne savait même pas à quoi un enfant de trois ans ressemblait, si il marchait déjà et parlait, ou bien si c'était encore le stade du gazouillage à la couche pleine. Il se voyait mal s'en occuper, l'emmener au parc, lui lire une histoire ou un truc du genre. « J'ai besoin d'un verre. ». Sur ces mots, il frôla Raven et marcha en direction du bar qu'ils avaient quitté quelques dizaines de minutes auparavant. Comme si boire allait lui permettre d'avoir les idées en place, comme si se mettre mal allait soudainement lui donner un courage qu'il n'avait pas, comme si l'alcool était la solution à tous ses problèmes. « Il me faut un shot, quelque chose de fort. », dit-il au serveur, en s'asseyant sur un tabouret proche du bar alors que les mots résonnaient dans sa tête. Il but le verre d'un coup sec, reconnaissant le goût de la tequila, du gin et de la vodka. Le mélange parfait pour cette situation. Il en recommanda un autre, appréciant le choix du serveur. Un enfant. Il avait un gosse. De nouveau, il enfila d'une traite la boisson en faisant une grimace alors que l'alcool descendait dans son œsophage. Cela commençait à lui brûler la gorge. Tant mieux, c'était ce qu'il escomptait. « Un autre. », commanda-t-il en s'apercevant que l'alcool n'avait pas encore fait son effet. Il avait besoin de boire, quitte à s'en rendre malade. Il ne pouvait pas accepter la situation autrement. Un gosse, un putain de gamin de trois ans. Le serveur hésitait à le resservir mais face au regard qu'Isaac lui lançait en tendant le verre, il n'hésita pas bien longtemps.
Raven n'avait pas dit un mot. Il ne savait même pas si elle l'avait suivie ou bien si elle était restée sur le parking. Isaac attrapa de nouveau le verre à shooter, et le portant à ses lèvres, il le reposa sur le comptoir avant même de l'avoir bu. Il se rendait brutalement compte combien il était égoïste. Il ne pensait qu'à lui, qu'à sa pauvre petite personne qui venait d'apprendre qu'il avait un gamin alors que Raven avait assumé cette situation seule pendant trois ans. Il tourna la tête pour voir si elle était dans le bar, mais ne la trouvant pas, il prit sa tête dans ses mains, coudes sur le comptoir. Il ne lui avait même pas demandé si elle allait bien, il ne s'était même pas intéressée une seule fois à ce qu'elle avait vécu pendant ces trois années. Pire, il n'avait pas pris des nouvelles du gamin, il ne savait même pas si c'était un garçon ou une fille. Il n'était qu'un sale égoïste, insensible, inhumain qui ne se souciait que de lui. Il but une nouvelle fois le liquide qui lui arracha à nouveau un grimace et se leva en laissant un sacré pourboire au serveur avant de quitter le bar, un peu désorienté. Le parking était désert, aucune trace de Raven, il commença à s'affoler en pensant qu'elle s'était cassée, avant de constater qu'elle était près de sa voiture. Isaac n'arrivait pas à distinguer si elle fumait de nouveau, si elle pleurait, ou bien si elle était en train de le maudire, le haïssant de son attitude. Il était certain de la troisième option et malgré tout, il s'avança vers elle, en commençant à sentir les effets nocifs de l'alcool. « Je... ». Putain, il n'arrivait même pas à exprimer trois mots à la suite. Il ne savait même pas quoi lui dire. Après tout, fallait dire quoi dans ce genre d'occasion : je suis désolé, je suis pas capable d'assumer, bon courage ? C'était le vérité mais il fallait qu'il apprenne à faire autre chose que fuir sans arrêt. « Tu l'as appelé comment ? », dit-il finalement, en se posant contre la voiture de Raven, en pensant que s'intéresser au gamin l'aiderait peut-être à l'imaginer réellement.
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MessageSujet: Re: L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé   L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé EmptyDim 23 Juin - 18:56



L'amour dure trois ans

Et je le regarde, immobile, impuissante, affreusement inutile dans la détresse qui se peint peu à peu sur ses traits. Je l’observe comprendre, je détaille chacune de ces expression jusqu’à ce que le rejet stagne, que l’incompréhension gagne. Il ne se demande plus si je mens ou si je bluffe, si j’ai décidé de passer pour la pire des garces ou pour la pauvre petite martyre. Tout ce qu’il veut savoir à ce moment précis c’est pourquoi, bon dieu, pourquoi ça doit lui arriver à lui ? Combien y avait-il de probabilité, de chance pour qu’en rentrant à la maison, il se retrouve avec un gamin de trois ans ? Pourquoi lui, pourquoi maintenant, pourquoi comme ça, pourquoi, pourquoi ? Son visage est un livre ouvert et amère, je revis avec exactitude la même scène que lorsque, horriblement mielleuse,  la pharmacienne m’a annoncé que trois test positifs d’affilé, ça trompait rarement. Que si je n’avais pas eu mes règles depuis tout ce temps, ce n’était pas qu’un simple « retard ». Que mon ventre n’avait pas enflé à cause de la malbouffe ou de l’alcool, que je n’étais pas ballonné à cause de la gastro qui traînait. Que je n’étais pas prête de passer un après-midi tranquille après celui-ci et que son sourire, ce serait peut-être bien le dernier que je verrai.
Alors il part. Il marmonne qu’il veut boire, qu’il en a besoin. Putain. Il a besoin de boire. Pourquoi ? Oublier ?  Son gamin n’allait pas s’envoler avec un shooter ou une seringue, neuf mois de grossesse ne disparaîtraient pas grâce à une foutue bouteille. C’est ridicule. C’est si ridicule que s’en est presque drôle. Non, attendez ; le plus drôle c’est que je retrouve seule au milieu de ce parking, dans la pénombre de la rue. Seuls les réverbères semblent avoir un tant soit peu pitié de moi pour éclairer ma moue blafarde d’attardée crevée. J’attends le tintement que produit la porte du bar en s’ouvrant et je ne comprends pas trop ce que ça veut dire. J’arrive pas trop à analyser la situation tant elle me pend au nez depuis une éternité, un siècle au moins. Et je me la suis pris dans la gueule sans m’y être préparé, croyant inconsciemment que je ne reverrais jamais ce brun au sourire facile, aux mots légers. Je m’étais peut-être un peu trop persuadée que puisqu’il n’était même pas resté pour ses sœurs, puisqu’il n’était même pas resté pour moi, il n’y avait aucune raison qu’il revienne en ville et donc, aucune raison que Jude connaisse son père un jour. J’avais refusé de penser le contraire, j’avais fermé toute éventualité au fait que tout  cette connerie puisse arriver. J’en avais déjà bien assez ; apparemment je m’étais encore plantée.
Je ne savais même pas quoi faire et ça me rendait malade. Plus la soirée avançait et plus je peinais à me reconnaître, plus mes réactions, mes mots semblaient celle d’une autre. Si ça n’avait pas été Paul, si ça n’avait pas été ses yeux, je me serais sans doute cassée depuis un moment déjà, abandonnant le dernier espoir qu’il me restait, l’ultime chance qu’il représentait. Mais j’en étais tout bonnement capable par le simple fait que mes mains étaient trop occupées à jouer avec ce briquet, ma gorge à brûler sous la nicotine. J’étais revenue, doucement vers ma voiture pour m’asseoir en tailleur sur la capot, entortillant mes cheveux autour de mes doigts. Il me semblait qu’il faisait un peu trop froid et je ne pensai même plus l’attendre lorsque sa silhouette s’est détachée de la noirceur du bâtiment.
Penser avait été une tâche un peu trop ardue, un peu trop tordue pour que je puisse n’y serait-ce que l’envisager. J’avais uniquement été capable de l’attendre sur le capot de ma voiture, pauvre petite poupée cassée, trop occupée à me tirer malboro sur malboro pour penser à ce que j’aurais pu éventuellement dire ou annoncer. Pour le rassurer, pour lui assurer qu’il n’avait absolument rien à craindre. Qu’il pouvait se tirer, s’il le désirait, qu’il valait mieux qu’il le fasse maintenant que lorsque Jude aurait l’âge de comprendre qu’il n’aurait jamais une vie de famille normale. Que personne ne lui apprendrait jamais les règles du foot devant un bon match à la télé, que les seuls gros mots qu’il apprendrait viendraient d’une grand-mère encore bourrée. Qu’il avait plutôt intérêt à être imberbe et pas trop curieux en ce qui concernerait le cul. Puis le bricolage, la mécanique, les motos, les caisses… Une boule se forma au creux de mon ventre pour la centième fois de la soirée.
Il ne sait pas exactement quoi dire ; à défaut de lui avoir délié la langue, l’alcool que je peux sentir d’où je suis, ne l’a pas vraiment aidé. Je souris un peu alors que j’écrase ma clope et que j’en entame une autre. Plus encore lorsqu’il ose me demander le nom de son fils. « Il s’appelle Jude.» Je suis pas vraiment sûre que ça lui plaise ; enfin, pas maintenant. Je suis certaine que le Paul de 18 ans aurait adoré ce prénom. Maintenant, c’était autre chose, le garçon était devenu un homme et blablabla. « Tu sais comme la chanson des Beatles. Ca m’a un peu aidé de me dire qu’il pourrait rendre meilleur la chanson de ma vie... Désolée si ça te plaît pas. » Non, en fait, j’étais pas du tout désolée. Si ça lui plaisait pas, si ça le dégoûtait franchement, il arrivait un peu trop tard pour faire valoir ses droits de père. « Ecoute… je comprendrais. Que tu ne veuilles pas de lui dans ta vie, que tu ne veuilles pas de moi, que tu ne veuilles pas de tout ça. Je suis loin d’être conne et tu le sais. Les couches, les biberons, l’éducation, les berceuses le soir et les bêtises, l’argent, l’énergie, le regard des autres, de tes… » Je me tais mais je sais qu’il  sait parfaitement de qui je veux parler. Je laisse planer un petit silence le temps de tirer à nouveau sur ma clope pour reprendre, un peu trop dure et un peu trop fausse sans doute : « On a pas besoin de toi, je m’en sors, on s’en sort et on s’en sortira. Alors… tu fais c’que tu veux. C’est tes choix. J’ai déjà pris les miens y a un bout de temps, maintenant. » Mes yeux viennent se planter dans les siens et j’essaye de lui faire comprendre que je suis sérieuse. Et que je ne laisserais sans doute rien passer.  
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MessageSujet: Re: L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé   L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé EmptyMar 25 Juin - 22:07

« L'amour dure trois ans. »
Il s'appelle Jude. Il, un garçon. Isaac avait encore du mal à réaliser, réaliser qu'il avait un gosse, un petit mec de trois ans dont il ignorait l'existence encore quelques minutes auparavant et qui maintenant se matérialisait peu à peu sous ses yeux. Tout était encore flou mais la base y était. Il sortit une cigarette du paquet qui se trouvait dans sa poche, et la fit tourner entre ses doigts, faute d'avoir du feu. Il avait fait le rapprochement avec la chanson des Beatles avant même qu'elle ne le lui dise et il avait déjà l'air dans la tête. Pas question qu'il ne la chante, murmure, sifflote ou n'importe quoi du même genre, et cela même dans son esprit. Maintenant, cette chanson était associée à un gamin, le sien et c'était déjà assez flippant comme ça. « Non, c'est... » sympa comme prénom. Il n'avait pas eut le temps de finir sa phrase, elle ne l'avait même pas écouté, continuant sur sa lancée. Tant mieux pour lui, ce qu'il allait dire était complètement stupide. Sympa comme prénom, il n'aurait pas pu trouver mieux quand même. Sa tête lui tournait et son estomac n'était plus très net, à moins qu'il s'agissait de son foie, tout se mélangeait. Il ne se sentait pas très bien, en tout cas. Raven continuait, lui disant tout ce qu'il avait envie d'entendre, qu'elle comprenait qu'il n'arriverait pas à assumer, que c'était trop pour lui pour l'instant, qu'il ne voulait pas d'un fils du jour au lendemain. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas d'elle. Non, ça, c'était faux. Si il était venu au départ, c'était pour la voir, peut-être qu'il avait pensé un instant qu'ils se retrouveraient un instant, pas forcément qu'ils soient de nouveau ensemble, mais de profiter des bons moments des retrouvailles. Retrouvailles gâchées pour ce qu'il en était. Pas sûr qu'elle aurait voulu de lui de toute façon.
Elle avait raison, c'était trop pour lui. Il ne voulait pas de tout ça. Il avait déjà du mal à s'occuper de lui, alors d'un gosse, fallait même pas y penser. Et quoi il deviendrait un père de famille ? 22 ans, déjà rangé, avec la femme et le gosse, manquait plus que le chien. Flippant. Enfin, leur vie de famille serait assez atypique de toute manière, une mère à peine sortie de l'adolescence, ancienne droguée et un père totalement à côté de la plaque. C'était complètement flippant. Flippant. Flippant. Flippant. C'était vraiment le mot qui collait le mieux à la situation. Les couches, les biberons, l’éducation, les berceuses le soir et les bêtises, l’argent, l’énergie, le regard des autres, de tes... De ses ? De ses sœurs, évidemment. Elles lui apparaissaient brusquement devant ses yeux, comme si il s'agissait de vieux fantômes revenus le hanter, bien décidés le rendre fou. Raven ne disait plus rien, le laissant dans sa torpeur. Ses sœurs, Camélia, Skyler. Surtout Camélia, comment allait-elle réagir ? Peut-être qu'elle lui foutrait une claque comme lorsqu'il était apparu sur le pas de la porte il y a quelques jours. Ou bien, elle rigolerait, pensant d'abord à une blague, comme lui-même l'avait cru. Elle lui ferait la morale, en lui disant qu'il l'avait bien mérité, que c'était évident que cela allait arriver avec une fille comme Raven. Il s'énerverait et elle continuerait en lui disant qu'il était inconscient, qu'ils n'avaient pas besoin de ça, surtout pas en ce moment. Puis, elle se calmerait, et elle lui demanderait ce qu'il avait prévu de faire. Et là, c'était le néant, le vide, le drame. Assumer ou fuir ? C'était la véritable question, la clé du problème. Assumer et voir sa vie dictée par la présence d'un gamin qu'il faudra aimer, aider, consoler, écouter, le faire passer avant les autres, avant soi-même, chose qu'Isaac n'avait encore jamais fait. Ou fuir, solution tellement plus facile, ignorer ce gamin et continuer à vivre comme si il n'avait jamais existé. Il fallait renoncer à Raven pour ça.
Isaac soupira et porta la cigarette à sa bouche avant de se rendre compte qu'elle n'était toujours pas allumée. Il se pencha vers elle et attrapa son briquet sans lui demander son avis, avant d'allumer sa clope et de le lui rendre. Il expira la fumée avec satisfaction et plaisir. Comme il ne disait pas un mot, Raven reprit la parole. Elle lui offrait une porte de sortie sur un plateau d'argent. C'était tentant, affreusement tentant. « Je ne sais pas. J'ai besoin de temps. C'est tellement... soudain. ». Le regard de Raven l'incitait à lui dire la vérité. Elle était sérieuse, c'était ses choix, elle avait déjà fait les siens. Pas de retour en arrière, il était temps. Il la fixa également sans faux-semblant, prêt à lui dire la vérité, la plus horrible des vérités. Son deuxième abandon. Il avait peur, il n'était pas prêt. Il ne savait pas si il pouvait l'être un jour. C'était terriblement égoïste pour lui, pour elle, pour Jude qui n'avait rien demandé. Mais il ne pouvait pas lui promettre qu'il serait là, il ne pouvait pas faire la connaissance du gamin, se faire aimer de ce dernier et puis finalement se rendre compte que cette vie n'était pas faite pour lui et partir. C'était mieux pour tout le monde que leur enfant ne connaisse jamais son père, il n'aurait pas la déception de se voir abandonné comme lui l'avait été. Au moins, là, Jude ne l'aura pas connu. Il serait juste un inconnu, pas un semblant de père. « Je ne pense pas que j'y arriverai. Je suis désolé Raven. ». C'était pathétique. Comme si quatre pauvres petits mots pouvaient excuser son attitude. Il ne pouvait plus faire marche arrière. Peut-être qu'il allait regretter ses propos, dans une semaine, un an, dix ans. Mais c'était trop tard. Assumer ou fuir ? Il avait toujours été un pro du second choix, ce n'était pas aujourd'hui que cela allait changer.
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MessageSujet: Re: L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé   L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé EmptySam 29 Juin - 12:53



L'amour dure trois ans

Je connaissais sa réponse avant même qu’il ait réfléchit sérieusement à la question. Il n’assumerait jamais ; il n’en aurait jamais le cran et le courage. C’était de Paul qu’on parlait, du minot qui était parti trois ans plus tôt en laissant un simple mot derrière lui. L’abruti qui m’avait brisé le cœur, l’imbécile qui m’avait donné un fils sans qu’on n’en veuille rien. Il ne ferait jamais rien d’autre que fuir, comme toujours. Il était inutile que je crois une putain de seconde qu’il ait changé pendant ces trois ans, qu’il ait acquis une conscience en ces foutus trente-six mois. Il était toujours un petit garçon comme j’étais censée être encore au lycée, prête à passer mon diplôme et à démarrer une nouvelle vie dans ce bled, cette ville que je connaîtrais sans doute toute ma vie. Au lieu de quoi, j’étais condamnée à enchaîner les petits boulots minables et à vivre pour mon fils jusqu’à ce que lui aussi quitte le lycée beaucoup trop tôt et aille engrosser une gonzesse. C’était un cercle vicieux dans la famille ; on s’en sortait jamais. Alors ces mots qu’il me sortirait, cette phrase que j’étais sûre d’entendre, ils n’étaient que la confirmation de ce que je redoutais.
Et j’étais incapable de m’empêcher d’espérer. J’étais foutrement irrécupérable à le regarder me prendre mon briquet, tirer à son tour sur sa clope, sentir presque ses réflexions sur ma peau tant elles devaient être nombreuses, affolées, désespérées. Je restais suspendue à ses lèvres quand il prononça ses premiers mots, tant j’espérais, tant je voulais y croire. J’étais tellement pathétique que ma situation m’éclata à la gueule si douloureusement  que s’en était presque physique. Je voulais qu’il dise ce qu’il n’accepterait jamais. Je voulais qu’il soit là. Egoïstement, je voulais qu’il souffre autant que j’ai pu souffrir, je voulais qu’il m’accompagne dans cette immense blague que m’avait offert la vie, je voulais juste qu’il dise oui. Qu’il ne soit pas revenu pour me décevoir encore, qu’il ne se moque pas de moi. Qu’il ne soit pas Paul mais juste l’homme dont j’étais tombée amoureuse.
Et encore, encore et toujours, comme si c’était l’histoire de ma vie, je me suis éclatée la gueule et les hurlements de mon cœur me vrillèrent l’âme. « Je ne pense pas que j'y arriverai. Je suis désolé Raven. » Mes doigts se crispèrent machinalement à la capote bosselée de la voiture. Comme si me reposer sur quelque chose de solide, sur un élément qui pourrait me supporter m’aiderait. Comme si le fait d’être simplement sur quelque chose de brut m’empêcherait de ressentir quelque chose. Raté. J’étais prête à exploser et à mourir.

Je ne sais pas exactement combien de minutes je suis restée silencieuse. Peut-être le temps que je termine ma dernière cigarette, que je l’ai fumé jusqu’à ce que toute la nicotine ait pénétré mes poumons. Et puis quelques secondes encore, afin que mes yeux admirent la pénombre des lieux, que le vent frais de la soirée caresse mes cheveux. Afin que j’apprécie mes derniers moments de quiétude, ceux qui précèdent celui où je dois répondre, où je ne dois pas agir comme une idiote, rester mature, comme la mère que je suis devenue, comme la mère que je suis, comme la mère… Oh puis merde.

« Tu sais quoi ? Moi aussi je suis désolée. Je suis désolée de devoir t’infliger ça : après tout, tu vas devoir vivre avec un gosse sur la conscience toute ta pauvre petite vie. Dis, tu penseras à lui hein ? Tu te souviendras de son prénom quand tu fonderas ta propre famille, quand t’auras des gamines et une femme, une belle et grande maison, un jardin, tout ça ? Essaye de pas le dire autour de toi ; j’pense pas qu’un petit batard fasse bonne impression. »

Je ne sais même pas pourquoi je suis aussi acerbe, pourquoi soudainement tout semble être de sa faute. Peut-être parce que je suis un peu défoncée, un peu fatiguée, et un peu trop blessée. Peut-être parce que crier me fait du bien, que me lever face à lui  semble me donner un peu plus d’importance, même s’il me dépasse, même s’il me domine.

« Tu vois, c’était prévisible. Cette scène, cette conversation. T’as pas changé Paul, t’es toujours le même petit lâche incapable d’assumer ses responsabilités. Que tu le veuilles ou non, c’est ton fils que t’es en train d’abandonner, encore une fois.  Et je suis censée lui dire quoi, hein ? Que son père va très bien mais qu’il n’a juste jamais voulu de lui dans sa vie ? Qu’il n’aurait jamais dû naître et que l’absence de son géniteur n’en est que la preuve concrète avec laquelle il devra vivre, jour après jour ? Et les p’tits cons qui le feront chier au bahut à cause de toi, t’y a pensé ? Paul, est-ce que t’y a vraiment pensé ?! »

Ma respiration s’est accélérée et ma voix n’a peut-être jamais été aussi dure, aussi cassante. J’ai l’impression d’être aussi bourrée que lui, aussi ivre de rancœur et de haine. Je le déteste, je déteste son visage, je déteste ses lèvres, je le déteste.

« Au fond, t’es peut-être pas meilleur que ta mère. »

Je le regarde dans les yeux et je me retourne pour m’installer dans ma voiture et démarrer le moteur sans discerner mes gestes, sans me rendre compte de ce que j’ai dit. Tout ce que je veux maintenant, c’est partir et retrouver mon fils. Tout ce que je veux, c'est ne plus le revoir. Pathétique.
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MessageSujet: Re: L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé   L'amour dure trois ans - [Raven] Terminé EmptyMar 9 Juil - 22:46

 
« L'amour dure trois ans. »
Sa cigarette lui faisait un bien fou, il ne savait plus pourquoi il avait attendu aussi longtemps pour s'en griller une, mais l'acte n'avait été que plus plaisant. Une véritable délivrance, la libération. À moins que ce ne soit le fait d'avoir dit à Raven qu'il n'assumerait pas l'enfant qui lui enlevait un poids trop lourd à porter, comme si cela lui comprimait les poumons et avait emprisonné son âme. Il ne savait pas, tout se mélangeait dans sa tête. Trop d'informations, trop de responsabilités d'un seul coup, de mots durs et blessants, de retrouvailles gâchées. Ce n'était pas vraiment ce qu'il avait imaginé au départ, Isaac avait escompté une petite engueulade puis une partie de jambes en l'air pour réconcilier le tout. Voilà ce qui n'aurait pas été déplaisant. À la place, il avait du faire face à une vérité trop inébranlable pour qu'il l'accepte aussi facilement. Si il avait su à l'avance qu'ils en arriveraient là, il ne serait pas venu. Certes, cela n'aurait rien réglé, il l'aurait sans doute appris un jour ou l'autre, mais il aurait eu encore quelques temps de répit. Il aurait retardé l'inévitable. Alors cette cigarette, l'alcool aussi qui se propageait dans son organisme, l'aidaient à accepter l'idée qu'il avait un gosse, non, à le refuser plutôt. Quatre petits mots soulageait sa conscience en même temps qu'ils la tiraillaient. Il n'arrivait pas à croire qu'il venait de dire ça et en même temps, il s'en félicitait. Il regrettait déjà ses propos, pas vraiment pour le gosse, plutôt pour Raven qui prenait tout en charge et qui ne lui pardonnerait sans doute jamais. Mais il se disait aussi qu'il ne pouvait pas faire autrement. Peut-être qu'il n'était qu'un gamin irresponsable, elle n'allait certainement pas dire le contraire, mais tout de même, il était assez responsable pour se rendre compte qu'il n'était pas capable de s'occuper d'un gosse. Pas capable d'en assumer l'entière responsabilité.

Et elle ne disait rien, lui non plus. Ils fumaient leurs clopes en silence, comme si ils voulaient apprécier ce court instant, ce court instant qui déterminait toute une vie, la croisée des chemins où chacun savait qu'ils prendraient une route différente. Lui, la facilité ; Raven, les complications. Enfin, lui savourait l'instant parce qu'il savait qu'il ne durerait pas. Il savait qu'elle s'engouffrait dans les méandres de sa pitoyable vie, se rendant brusquement compte qu'elle était seule, qu'il la laissait seule, terriblement seule. Il savait très bien qu'elle essayait de l'ignorer, d'oublier ces mots, mais il la sentait près de lui, se raccrocher à sa voiture comme si elle voulait s'assurer que tout était bien réel. Non, ce n'était pas un cauchemar, quoique cela pourrait bien y ressembler. Alors elle explosa brusquement comme une furie qui venait de se réveiller et qui allait faire de sa vie, un véritable enfer. Il l'avait rarement vu comme ça, encore moins contre lui. Ses mots étaient blessants, tranchants, alors qu'il se les prenait en pleine gueule, pire que des coups. Isaac se redressa, fixant ses yeux froids remplis de haine, ne baissant pas le regard. Le plus dur était de se rendre compte qu'elle avait raison. Il allait devoir vivre avec un gosse sur la conscience toute sa vie et ça, il ne pourrait jamais l'oublier. Un gamin qu'il refusait de reconnaître alors qu'un jour, il aurait d'autres gamins avec une femme qui ne serait pas Raven, une grande maison, un beau jardin, qu'il rentrerait dans le modèle typique du père de famille de banlieue bourgeoise. Elle oubliait presque le chien. Au mot bâtard, il tiqua, serrant la mâchoire, les dents pour ne pas lui répondre, surtout ne pas rentrer dans son jeu, ne pas s'énerver, ne pas hausser le ton, ne pas l'ignorer non plus. Isaac porta sa cigarette à sa bouche avant de se rendre compte qu'elle était presque consumée entièrement et de la jeter au sol pour l'écraser.

Elle se trouvait face à lui maintenant, et il avait de plus en plus de mal à soutenir son regard. Il voyait son propre visage dans ses yeux, la figure d'un gamin pitoyable, un pseudo charmeur qui donnait trois coups de rein et qui se tirait une fois qu'il se trouvait face à trop de responsabilités. Oui, il était lâche, et alors ? Si elle voulait tant un père pour son gosse, elle n'avait qu'à en trouver un, qui l'élèverait comme son propre fils et qui lui ferait d'autres enfants. Qu'est-ce qu'elle croyait ? Que dans un claquement de doigt, il deviendrait le parfait petit père de famille, qu'il rentrerait dans les rangs, qu'ils vivraient ensemble ou qu'ils aient une garde partagée, ou bien qu'il passerait les voir de temps à autre, dire trois mots au gamin, faire semblant d'être un père pour lui et qu'il lui donne une pension ou un truc du genre ? Qu'est-ce qu'elle voulait exactement ? Tout cela était ridicule et inimaginable. Il n'y avait pas de solution. C'était lâche d'agir ainsi, c'était lui pourtant, il fallait bien qu'elle l'accepte un jour. Elle n'aurait cas inventer une histoire, un mensonge, que son père était mort, ça le faisait, non ? Ou alors, oui, elle n'avait qu'à lui dire qu'il ne voulait pas de lui dans sa vie, qu'il n'aurait jamais dû naître. Au moins, le gamin saurait plus vite que les autres que la vie n'est pas toujours facile, ni toute rose. Peut-être que c'était même une faveur, Jude ne serait sans doute pas aussi lâche que son père. Ce serait déjà une bonne chose. Il n'aurait pas dû naître, c'était la vérité. Elle était affreuse, immorale mais c'était la stricte vérité. Il n'avait pas été désiré, ni par lui, ni par elle. Il était arrivé comme ça sans que personne ne puisse rien y faire et ils allaient devoir vivre avec pour le restant de leurs jours, enfin surtout Raven.

Isaac se détestait de penser ainsi. Jude n'avait rien demandé, il était né, il existait, voilà tout. C'était horrible de laisser un gamin penser un seul instant qu'il n'aurait jamais dû vivre, que sa mère l'avait gardé parce qu'elle n'avait pas eu le choix, que son père avait pris la fuite et vivait pourtant dans la même ville que lui en l'ignorant totalement. Isaac n'y avait pas vraiment pensé, en fait. La vérité lui éclatait en pleine face. Tout cela aurait des répercussions sur le gamin, ce n'était plus de lui qu'il s'agissait mais d'un enfant qui grandirait en se sentant coupable, alors qu'au fond, Jude n'était coupable de rien. Il n'était pas vraiment le problème, peut-être que dans d'autres circonstances, Isaac aurait agi différemment, peut-être que si il l'avait appris avant, il serait resté. Il n'en savait rien. Au fond, t'es pas peut-être pas meilleur que ta mère. Tout ce qu'elle avait pu dire auparavant n'était rien comparé à ce qu'elle venait de dire. Il n'arrivait pas à croire qu'elle avait osé dire ça, osé se risquer de le comparer à la femme qu'il haïssait de tout son être, incapable de bouger, de dire le moindre mot, accusant le coup, pendant qu'elle entrait dans sa voiture et démarrait le moteur. « C'est ça, casses-toi. J'en ai rien à foutre. », cria-t-il alors que la voiture quittait le parking et qu'il donnait un coup de pied dans la roue de la voiture qui se trouvait à côté de lui. Il essayait de faire bonne figure, de paraître détaché alors qu'il voyait le visage flou de sa mère devant lui, qui se confondait avec son propre visage. Il n'était pas sa mère, et pourtant, elle n'avait pas tord. Comme sa putain de génitrice, il abandonnait à son tour son enfant, à croire qu'il reproduisait le même schéma. Il avait sans doute reçu des gènes plus affirmés que ceux de ses sœurs. Son père aurait tellement été déçu de son comportement que le jeune Blackbird n'aurait pas pu le regarder en face. Heureusement qu'il était mort, Isaac pouvait rentrer se saouler pour mettre à mal sa conscience sans trop s'en soucier.
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