Le sommeil est une chose rare. Une chose que l'on aime tout particulièrement lorsque la réalité est bien trop difficile à accepter. Notre esprit flotte dans un autre espace temps, dans une galaxie étrangère à la notre. Nous sommes immobile, silencieux au beau milieu de notre lit, protégé dans notre cocon de chaleur. C'est un endroit que l'on ne peut pas envahir, que personne ne peut coloniser. Notre propre monde. Notre jardin secret. Nous sommes les seuls à en avoir la clé. Comme une sorte de compartiment secret planqué quelque part là ou personne ne pourra jamais le trouver. Oui, le sommeil est une chose rare, un bien précieux qui parfois peut malheureusement se retourner contre nous. Ce n'est pas la peur des hommes mais la peur des rêves. Ils nous envahissent sans autorisations, nous foudroyant de souvenirs vivaces que l'on aurait préféré oubliés. Les rêves s'avèrent parfois pire que la vie en elle même. Car les rêves apportent les cauchemars qui eux-même s'amusent à vous tourmenter. Des visages, des moments de vies passés, des discussions. Des souvenirs que l'on auraient voulu garder enterrer pour l'éternité. J'ouvris les yeux sur le plafond de ma chambre. Un léger filet de lumière se faufila à travers la persienne fermée, éclairant subitement l'espace. Je clignais des paupières, m'habituant à cette soudaine luminosité. Ma main s'échoua sur mon visage, frottant les vestiges d'un sommeil bien trop vite arrêté. Un soupire s'échappa de mes lèvres alors que je tentais de me redresser. J'avais très mal dormis cette nuit et il m'était difficile de sortir de mon lit. Je me mis debout malgré tout, levant les bras au dessus de ma tête afin d'étirer mes muscles engourdis. Mes articulations craquèrent alors que je me penchais d'un côté puis de l'autre, remettant mes hanches en place. Un nouveau soupir se fit entendre. Je n'étais pas du matin. Je me traînais sous la douche, faisant le moins de bruit possible. L'eau chaude s'écrasa sur ma chute de rein, je fermais les yeux sous les sensations. De la buée ne tarda pas à se former. Je restais sous le pommeau plus longtemps que nécessaire mais la première douche de la journée était sacrée. Une sorte d'étape afin d'être d'aplomb pour le boulot. Je m'habillais rapidement d'un long pull noir, d'un jean taille basse légèrement trop grand pour l'effet, je clipsais sur les bords mes bretelles en en laissant une pendre derrière moi et je passais mes rangers laissant mon jean rentrer à l'intérieur. Je passais ma main dans mes cheveux, essayant naïvement de les remettre en place. Peine perdue, au bout de quelque minutes, j'abandonnais et à la place enfilais un bonnet boule tombant dans ma nuque. Je baillais à m'en décrocher la mâchoire, bâillement témoignant du peu d'heure de sommeil que j'avais au compteur. Une longue journée m'attendait et je doutais sincèrement pouvoir tout accomplir aujourd'hui. Je me dirigeais vers ma cuisine, me fit un léger déjeuner, une grande tasse de café et quelque minute plus tard je pris mes clés, ma paperasse et claqué la porte de l'appartement. Je n'avais pas croisé Silas ce matin, il devait dormir ou alors il était déjà en vadrouille. Ce qui ne m'aurait pas étonné. Mon coloc n'était pas vraiment discret et j'étais certain que je me serais réveillé si il était rentré hier soir. Le vent frais du grand air me fit frissonner légèrement. Je rangeais mon portable dans la poche de mon jean et sortis l'agrapheuse tout matériaux. J'avais besoin d'argent, j'avais besoin d'argent et la seule solution était d'utiliser mes différents talents. L'annonce que je posais dans toute la ville proposait mes services en musique et en peinture contre une petite rémunération, vraiment pas grand chose. Mais c'était déjà ça de gagner. J'entrais dans la boulangerie du coin avec un grand sourire, fermant la porte avec mon pied. « Bonjour Madame Strauss, comment ça va ce matin ?» demandais-je soudain de bonne humeur. La boutique de Mme Strauss avait toujours le don de me redonner le sourire. L'odeur de pains frais me donna faim quelque secondes malgré le petit déjeuner que je venais de prendre. La patronne de l'établissement se tourna dans ma direction et aussitôt un grand sourire se scotcha sur son petit visage boudiné. « Raphaël, mon garçon, mais je vais très bien et toi ? Cela fait un moment qu'on t'a pas vu dans le coin gamin, tu as trouvé un poil dans un d'mes pains ? » s'esclaffa-t-elle en claquant joyeusement dans ces mains. Je secouais la tête gentiment en lui tendant une de mes annonces qu'elle s'empressa de lire puis d'afficher sur sa caisse. « Absolument pas, votre pain est toujours un véritable délice, j'ai juste était très occupé ces derniers temps. N'y voyait rien de personnel. » Elle haussa les épaules et remis en place ces viennoiseries. « J'vais m'n'occuper de ton annonce gamin, et sois assuré que j'vais en parler à tous mes clients. T'souhaite quelque chose à grignoter ? » demanda Mme Strauss en me regardant de ces grands yeux marrons. Je contemplais avec gourmandise les sucreries qu'elle venait de mettre en place dans sa vitrine. Tout me semblait si bon mais je n'avais même pas pris la peine de prendre mon portefeuille avec moi. Je m'étais juré d'arrêté de faire des dépenses inutiles. Je fronçais le nez. « J'aurais aimé mais je n'ai rien sur moi. Merci quand même. Je compte sur vous pour l'annonce » murmurais-je en lui faisant un petit sourire d'excuse. Je commençais à m'en aller mais je sentis ses petits doigts potelés attraper mon poignet. Je me tournais vers elle et elle plaqua un petit sachet contre mon torse que j'attrapais aussitôt. « Tiens, prend ça et .... Tais toi, déclara-t-elle autoritaire en me voyant ouvrir la bouche pour refuser tout en me pointant de son doigts crochus. Sa m'fait plaisir de te donner ça, alors tu l'prends sans discuter mon garçon. On se voit bientôt gamin » Mme Strauss tapota gentiment mon bras et s'en alla tout doucement jusqu'à disparaître en arrière boutique. Un petit rire m'échappa et je quittais la boulangerie non s'en jeter un coup d'oeil dans le magasin avant de partir. Ma journée se passe à peu près de la même manière. Je rentrais dans divers commerces afin d'y déposer mon annonce. Je prenais le temps de discuter quelque minutes avec chaque commerçants avant de partir et de recommencer. Vers 16h00 je décidais de rentrer à la maison. J'en avais suffisamment distribuer pour aujourd'hui de plus je n'avais plus assez de papiers pour continuer. Une fois dans mon chez moi, je m'affalais dans mon canapé et fermais les yeux.

fiche par B|STREET ( me )

Une fois dans mon canapé, la flemme s'empara de moi et je fus incapable de lever mes fesses de mon fauteuil. J'ouvris les yeux et contemplais ma maison. Ni trop grande ni trop petite, j'étais ravie d'avoir fait le bon choix. Je m'y sentais bien, alaise et reposé lorsque j'étais ici. Sentiment que je ne ressentais d'habitude qu'avec Kelsey. Ma petite amie me manquait atrocement ces derniers temps. Il fallait encore qu'elle mette en place son déménagement en ville et cela prenait plus de temps que nous ne l'avions prévu au départ. La patience n'était pas forcément mon fort mais après tout avais-je réellement le choix ? La porte d'entrée claquant contre le mur me sortit de mes pensées et je me redressais en tournant la tête en direction du bruit. Silas entra dans le salon avec une tête de déterré et des yeux à moitié fermé. Ce fut plus fort que moi et un léger rire m'échappa. Il me fit un rapide bonjour de la main, ouvrit la bouche, passa sa main dans ses cheveux, secoua la tête et finalement monta les escaliers pour sans aucun doute aller se coucher. J'éclatais de rire encore une fois. La soirée avait dut être rude pour mon colocataire. Finalement je trouvais la force de me lever et me dirigeais doucement dans la cuisine, balançant mon bonnet sur le comptoir. J'ouvris le frigo et sortit la bouteille de coca. Un verre plus tard et je me sentais déjà un peu plus réveillé. Depuis quelque temps je n'avais plus une minute à moi. Entre mes études de littérature et de français, mon boulot, mes cours de musique et de peinture, Kelsey, gérer la maison, mes exercices personnels, je ne savais plus où donner de la tête. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas était dans cette cuisine en fixant l'écran noir de la télévision juste histoire de faire passer le temps. Je sortis une cigarette de mon paquet et l'allumais avec mon zippo. Le journal était posé sur la table et sans plus me poser de question je m'installais sur le tabouret afin de le parcourir rapidement des yeux. Au même moment mon portable se mit à carillonner dans la poche de mon jean et je posais le papier rapidement afin d'attraper mon cellulaire avant que la sonnerie ne s'arrête. « Raphaël Daniele » déclarais-je d'une voix calme en décrochant. Kelsey se moquait de moi à chaque fois qu'elle m'entendait répondre au téléphone. Elle me demandait toujours pourquoi je ne répondais pas " Allo " comme le commun des mortels. Elle disait qu'elle avait l'impression d'appeler un cadre à chaque fois. « Allôôôô ? Bonjour ! J'appelle car j'ai vu votre annonce à la boulangerie... » entendis-je à l'autre bout du fil. L'accent dans la voix de l'inconnue me fit tilter légèrement. Sans aucun doute qu'elle n'était pas originaire d'ici. C'était tout à fait charmant. Mme Strauss est une magicienne pensais-je en tirant une taffe sur ma cigarette. « Bonjour. Oh très bien. Hum.. Je ne suis pas très doué pour parler au téléphone, est-ce que vous être libre cette après-midi pour en discuter ? Je ne sais pas, on pourrait se voir au Starbuck peut-être ? Je vous assure, je ne suis pas un psychopathe, j'ai juste horreur de ne pas voir mon interlocuteur. » déclarais-je en riant légèrement. C'était d'ailleurs souvent problématique parce que je ne pouvais pas toujours organiser une rencontre. J'espérais qu'elle allait pouvoir se libérer aujourd'hui.

fiche par B|STREET ( me )

« J'arrive tout de suite au Starbuck de Downtown alors, je serais à l'heure, yagsog ! 18 heures le temps d'arriver je pense ! » déclara la jeune fille avant de brusquement raccrocher. « D'ac.. D'accord.» déclarais-je en fixant mon portable comme si il lui poussait des poils. Un léger rire m'échappa alors que je replaçais l'affreuse machine dans la poche de mon jean. Les gens sont parfois bizarre pensais-je en riant légèrement. Elle avait plutôt l'air pressé en tout cas. Qu'est-ce qu'elle avait dit déjà ? Le Starbuck de Downtown ? Je fixais le mur quelque secondes me remémorant de quel café elle parlait. Ouais, pas si loin que ça. Je levais le bras et regardais ma montre. Je pouvais y être en 10 minutes. Sans plus me poser de questions, je pris mon sac en bandoulière sur l'épaule. Je récupérais mon bonnet sur la table de cuisine et le remis sur ma tête. Je cherchais mes clés, tapotant mes fesses et mes cuisses à la recherche de ses capricieuses qui passaient leurs temps à me foutre en boule depuis quelque jours. Un tintement attira mon attention et elles se matérialisèrent comme par enchantement dans ma poche gauche. La même poche que je venais de fouiller dans tous les coins et dans laquelle je n'avais rien trouvé. Je levais les yeux au ciel avant de crier à Silas que je revenais toute à l'heure. Pas de réponses. Il devait dormir. Je claquais la porte et par mesure de précaution refermait derrière moi. On ne sait jamais comme dirait l'autre. Le temps n'avait pas vraiment changé depuis toute à l'heure. Ce n'est pas qu'il ne faisait pas beau, c'était juste grisâtre et le vent était très froid. Je resserrais les pans de mon manteau autour de moi et j'accélérais ma marche afin d'arriver là-bas en temps et en heure. Mon nez me piqua et mes mains étaient glacés. Cette idée de café n'était pas mauvaise du tout au final. Je ne croisais pas grand monde sur la route. La plupart des gens s'étaient réfugiés chez eux ou au travail. De mon côté l'université m'avait lâché quelques jours de repos avant les examens de validation. Mon cursus scolaire me permettait de travailler régulièrement chez moi. Après tout nous n'avions pas besoin d'être en cour pour peindre ou pour écrire. J'avais parfois des heures de cours éparpillés dans ma journée mais mon emploi du temps était plutôt libre. Tout était une question d'organisation après tout. Une envie de fumer fit son apparition et je sortis une cigarette de mon précieux paquet. Les doigts congelés je mis plusieurs minutes avant de parvenir à ouvrir mon briquet. Aussitôt la fumée s'insinua dans mes poumons et me calma instantanément. Putain ce que c'était bon. Cette petite merde en bâtonnée m'avait plusieurs fois sauvé la vie par le passé. Elle m'aidait à gérer mes crises de colère lorsque j'en avais. Elles étaient de plus en plus rare, grâce à Kelsey, mais toujours aussi impressionnante lorsque je n'y étais pas préparé. Je détestais cette partie de moi. Depuis toujours bien qu'étant un gars plutôt calme en temps normal. Lorsque je m'énervais vraiment, la moindre chose à portée de main finissait exploser par terre. Irrévocablement. Je faisais des efforts mais ce n'était pas toujours facile. Un bonjour lancé à tout hasard par une grand-mère me sortit de mes pensées et je lui rendis la politesse. En quelque minutes, j'étais dans le fameux Starbuck et la chaleur ambiante me fit du bien. Je réchauffais mes mains en les frottant l'une contre l'autre et en soufflant dessus. Je patientais dans la queue jusqu'à ce que vienne mon tour. Je contemplais un moment le menu avant de prendre un Espresso Con Panna. J'avais l'habitude de venir mais je n'avais jamais fait dans la fantaisie. Un simple café m'allait parfaitement mais aujourd'hui j'avais la subite envie de changer. Il y a certaine chose que l'on ne doit pas chercher à comprendre. Je pris place sur une petite table prêt d'une fenêtre. Alors que j'étais attablée depuis environ 10 minutes, une jeune fille asiatique entra en trombe dans l'établissement et s'approcha d'un type pas très loin de moi. Je détournais le regard, ce n'était pas mes histoires. Un « Mian haeyo ! » se fit entendre et je tournais la tête vers la voix. C'était la même jeune fille qu'il y a quelque minutes. Elle semblait essoufflée et profondément désolée. J'avais beau ne pas comprendre la langue qu'elle employait son regard parla pour elle. « Je viens juste d'arriver si c'est ça qui t'inquiète. Je suis Raphaël, le professeur de piano ? ajoutais-je pour être sur qu'elle comprenne que j'étais le bon gars. Et tu es ? »

fiche par B|STREET ( me )