I SWEAR SOLEMNLY THAT I AM UP TO NO GOOD

C ette fois-ci, Harrison Goodwin avait vraiment essayé de faire les choses bien avec sa femme. Il avait débarqué à 14heure de l'après-midi avec des cupcakes tout frais qu'il était allé chercher à la meilleure boulangerie de Winnipeg. Après quoi, il était allé chercher une bouteille de Moutain Dew, la boisson préférée de JJ et s'était rendu chez eux avec la ferme intention de la surprendre dans le bon sens. Lorsqu'elle avait ouvert la porte, il lui avait adressé un grand sourire. En retour il avait eut le droit à un regard méfiant et une remarque acerbe sur laquelle il s'était efforcé de passer. Après quoi il s'était dirigé vers sa petite fille qu'il avait cajolé tout l'après-midi. Entre deux biberons il avait tenté un rapprochement avec Jasmine, un bisous dans le coup par ci, une caresse par là. Tout était sur la bonne voie. JJ commençait à baisser les armes, se laissait aller à rire à ses plaisanteries et lui avait même caresser le bras pendant qu'ils regardaient la télé. Pour une fois, ça se passait bien. JJ était clean, lui n'était pas en colère ou tendu par quoique ce soit et il vivait un genre d'après-midi tout à fait normal qui lui faisait réaliser à quel point des moments en famille pouvaient être apaisants, lui qui n'avait jamais connu les bras de son père était fier de porter sa fille pendant que sa mère arrangeait la robe qu'elle lui avait enfilé après la sieste.

Puis forcément, vers 22heure, alors que les deux amants terribles étaient sur le point de passer aux choses sérieuses, leur fille couchée dans la chambre d'à côté, tout était parti en live. Quelque chose d'idiot évidemment. Harrison s'apprêtait à enlever le t-shirt de son épouse lorsque son iPhone sonna sur la table de nuit. Sachant parfaitement que ce n'était pas la sonnerie personnalisée d'Aaron ou d'une de ses soeurs, Harrison fit mine d'ignorer la sonnerie mais c'était bien mal connaître JJ. La jeune femme lui ordonna d'éteindre ce putain de téléphone, mais Goodwin la fit taire d'un baiser. Grosse erreur. JJ se dégagea de son étreinte et prit le téléphone d'un geste vif, Harrison voulu lui arracher des mains mais c'était trop tard. La brune avait vu le nom "Callista" s'afficher sur l'écran. Deux tartes dans la figure et un sac envoyé dans la gueule plus tard, Harrison s'était retrouvé face à sa porte close. Se faire virer de chez lui par sa femme était devenue une deuxième passion chez lui, c'était pratiquement toutes les semaines la même rengaine et c'était avec lassitude que Harrison avait pris sa voiture pour se rendre chez son meilleur ami.

C'était donc ainsi qu'il s'était retrouvé devant une autre porte close. Celle du numéro 98 de Snowflakes Lane. Il venait de frapper avec vigueur à la porte, il avait chaud et n'avait qu'une envie s'envoyer les bières qu'il venait de s'acheter avec son meilleur ami devant un match de boxe ou n'importe quoi d'autre. Lorsque Aaron ouvrit, ce dernier ne put s'empêcher d'éclater de rire : "Vas-y rigole pas Aaron... Bon bah je te raconte pas ce qu'il s'est passé hein tu connais la chanson !"

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H arrison & Aaron étaient amis depuis sept ans déjà, ce qui expliquait leur grande complicité. Aaron avait été présent à chaque moment important de sa vie depuis qu'il était arrivé à Winnipeg. À vrai dire, il était même le parrain de la petite Alessandra, au début il n'avait pas voulu qu'on lui attribue autant de responsabilité mais JJ et Harrison avaient insistés, il était le mieux placé pour s'en occuper si jamais il leur arrivait quoique ce soit, il suffisait de voir comment il prenait soin de sa petite soeur Amber. Aaron était donc une figure récurrente du quotidien d'Harrison Goodwin et ce dernier était souvent étonné d'à quel point il tenait à son meilleur ami, lui qui pourtant ne s'attachait que très rarement aux gens. Sans doute était-ce car il savait que son ami avait aussi beaucoup souffert et que cela suscitait du respect chez lui ? Il n'en servait rien mais quoiqu'il en soit, il était toujours parfaitement à l'aise en sa compagnie et il était le seul qu'il appellerait si jamais il lui arrivait quelque chose de grave..

Ce soir-là néanmoins, ce n'était pas grave. Non, ce n'était rien de plus que la routine. Depuis que ses relations s'étaient dégradées avec sa femme, Aaron lui avait proposé de l'héberger quand ça n'irait pas. Il vivait avec ses frères & soeurs alors avoir Harrison à la maison ne changeait pas vraiment grand chose pour lui. Harrison appréciait vraiment ce geste d'amitié, car lorsque JJ l'avait mis à la porte la première fois il n'avait pas été facile de trouver un endroit où dormir. Les premiers jours il avait squatté chez différentes filles qu'il avait rencontré dans des bars mais au bout de cinq jours, il avait juste envie de rentrer quelque part se poser et pouvoir dormir sans se barrer au petit matin et c'était ce que Aaron lui avait offert. De plus, le jeune homme était tout le temps de bonne humeur ce qui était vraiment appréciable quand on était caractériel comme Harrison. D'ailleurs ce soir était une jolie preuve de l'état d'esprit d'Aaron. Il aurait pu être contrarié par la venue tardive d'Harrison mais non, au lieu de ça il lui proposait carrément de partager les minettes qu'il avait apâté quelques heures plus tôt. Là tout de suite, il n'avait pas particulièrement la tête à ça mais après quelques bières peut-être réussirait-il à oublier ses soucis. "Je t'ai déjà dis que t'étais le meilleur de tout les potes ?" il pénétra dans la maison et continua : "T'imagines même pas encore le sketch auquel j'ai eut le droit, j'étais à deux doigt de la soulever et là cette connasse de Callista, une touriste avec qui j'ai couché y a trois jours m'appelle normal. Je sais même pas pourquoi je lui ai donné mon numéro j'ai jamais vraiment aimé les blondes." Sauf Samara bien sûr mais ça il n'était pas encore prêt à en parler à son meilleur ami.

"Bon je suppose que si t'es encore à te tartiner des blondes par trois c'est que t'as toujours pas trouvé une nana pour te caler ? Après tout t'as bien raison, les meufs c'est que des emmerdes." déclara t-il en lui tendant le pack de bières. "T'imaginais que je viendrais les mains vides." 

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H arrison avait beau prétexter que les relations amoureuses étaient plus d'ennuis que de bons moments, il arrivait parfaitement à imaginer son meilleur ami dans le rôle du petit ami parfait. Aaron était quelqu'un d'attentif et de doux quand on le connaissait, il était très attachant et c'était le genre de mec sur qui on pouvait compter, et n'était-ce pas finalement ce que toutes les filles cherchaient ? Une épaule sur laquelle pleurer, des bras qui la protégeraient, Aaron présentait toutes les qualités mais il n'était tout simplement pas encore tombé sur la bonne personne. Et finalement, le jeune professeur de sport y trouvait son compte car pendant ce temps-là il pouvait profiter pleinement de son meilleur ami et de leur soirée en tête à tête, à parler de tout et de rien, à rire de conneries et à boire de la bonne bière fraîche. Cependant, bien qu'il aurait eut envie d'une soirée calme, il ne contraria pas Aaron sur son choix de passer la soirée avec quelques filles qu'il avait abordé au cours de son service dans le bar dans lequel il travaillait. Car finalement, ça marchait comme ça entre les deux hommes : ils se respectaient. Aaron faisait parti des rares personnes dans l'entourage d'Harrison qu'il avait envie de protéger et pour qui il avait envie de faire les choses bien. Il ne savait l'expliquer, il en était ainsi voilà tout. "Le sexe c'est une valeur sûre, ça c'est clair ! Je regrette l'époque où les choses étaient plus simples, seulement des nanas à se taper à droite à gauche et des coups de fils à ignorer pour seuls inconvénients. Aujourd'hui j'ai l'impression que ma vie est champ de bataille mais bref." Il fut coupé par le son de la sonnette d'entrée. Ça devait être la marchandise.

Le jeune père ne prit même pas la peine de se redresser et suivit Aaron du regard se diriger vers la porte. Il resta bouche-bée face à la scène qui se déroula devant lui : Aaron en train de mettre des nanas à la porte afin qu'ils puissent parler tranquille. Lorsque Aaron revint sur le canapé, Goodwin lâcha : "Non mec t'as pas fais ça, j'en reviens pas !" Il n'en ajouta pas plus, trop pudique mais il était réellement touché par l'intention de Aaron. C'était dur entre mecs de se dire merci pour ce genre de choses mais le sourire d'Harrison en disait long. Il éclata de rire lorsque Aaron déclara qu'à présent ils étaient tout les deux seuls comme des cons frustrés. "Ce n'est que partie remise t'inquiète, c'est l'été Winnipeg regorge de touristes venues rendre visite à leurs grands-parents et qui demandent qu'une seule chose se faire tirer dans les champs pour éviter les repas de famille." le rassura le beau brun avant de prendre une gorgée de bière. Puis Aaron l'encouragea à lui raconter ses déboires avec JJ. Harrison arqua un sourcil : "Tu sais pas dans quoi tu t'embarques mon pote y'a tellement à dire. Mais bon en ce moment c'est toujours le même délire, elle refuse de me parler pendant des jours à part pour la petite, puis elle m'appelle au choix en pleurant, au choix en minaudant pour que j'aille la voir ou que je vienne la chercher, au début c'est trop parfait puis après on s'engueule et on se bouscule et elle pleure, et elle se drogue et ça me gave alors je me casse me mettre une caisse dans les bars les plus pourris de la ville. C'est pathétique."

Il eut soudainement envie de lui parler de Samara. Puis se ravisa. Il avait trop peur que son meilleur ami le prenne mal, que son meilleur ami le juge sur la liaison (très) dangereuse qu'il entretenait avec une de ses élèves. Peut-être que s'il introduisait le sujet finement. "Puis bon y'a cette fille un peu plus jeune que moi mais vraiment cool qui fout le bordel dans ma tête depuis quelques temps déjà."

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C' était là un terrain bien glissant sur lequel Harrison s'était aventuré lorsqu'il avait mentionné une relation avec une jeune fille plus jeune que lui. Le jeune homme savait que s'il parlait de Samara à Aaron les choses prendraient une tournure beaucoup plus sérieuse qu'il ne le voudrait et qu'il serait obligé de rendre des comptes, de s'expliquer, de se justifier et le jeune père de famille n'était pas sûr d'être armé pour engager une telle conversation. Il espérait donc que la bière l'aiderait à trouver ses mots, ce qui ne jouait pas en sa faveur, c'était que Aaron avait une petite soeur par conséquent il allait obligatoirement se mettre à la place d'un père ou d'un frère et son jugement tomberait alors comme un couperet. Harrison craignait de mettre en danger leur amitié si il commençait à se confier sur la liaison qu'il avait entamé avec une de ses élèves depuis déjà quelques mois. Mais après tout s'il ne pouvait pas se confier à son meilleur ami à qui pouvait-il parler ? De plus, son ami lisait en lui comme dans un livre ouvert, il était difficile de mentir à Aaron à cause de ce don qu'il avait de vous percer à jour et cela même quand vous faisiez tout votre possible pour lui cacher quelque chose.

Alors quand Aaron le poussa à lui expliquer ce qu'il se passait Harrison émit un ton de reflexion puis se jeta à l'eau : "Je fréquente une étudiante. Enfin une lycéenne. De mon lycée. Dans une de mes classes." Il marqua un temps de pause, guettant la réaction de son ami puis baissa les yeux vers le fond de sa bouteille et écourta son histoire "C'est elle qui est venue me chercher je sais que c'est pas une excuse mais j'ai finis par céder, je te jure Aaron elle m'allumait H24 c'était intenable. Et un jour où on s'est retrouvé que tout les deux et j'ai fals la connerie de la choper." Il prit une autre gorgée de bière et rajouta "Bien sûr Jasmine n'est pas au courant, et vaut mieux pas que ça se sache d'ailleurs sinon je peux faire une croix sur ma fille et sur ma réputation dans cette ville pourrie."

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H arrison n'avait pas espéré une réaction positive de la part de son meilleur ami mais il ne put s'empêcher de s'offusquer lorsque celui-ci le rabroua. Le jeune professeur n'en mêlait pas large et il était difficile de justifier son cas après tout. Ce n'était que l'histoire banal d'un prof incapable de contrôler ses pulsions à l'égard de son élève. Il avait honte, il était contrarié mais ce qui était fait était fait et il n'y avait aucun moyen de revenir en arrière. Cependant, Harrison se sentait quand même libéré d'un poids, à présent que son meilleur savait la charge était moins lourde et il aurait une épaule sur laquelle s'épancher si jamais les choses tournaient au vinaigre. Il osait penser que bien que Aaron n'adhérait pas du tout à ses agissements il le soutiendrait quand même, car c'était ça après tout être ami. Voir quelqu'un se tenir à vos côtés quand ils étaient mille contre vous. Néanmoins quand Aaron parla d'Alessandra et sa supposée réaction le jour où elle l'apprendra, il se liquéfia. Il avait trop raison. C'en était gênant. "Arrête Aaron je me sens déjà assez mal comme ça, plus tu parles plus je décède. Mais merde qu'est-ce que j'ai fais, mais Aaron je suis dedans parce qu'elle me plait vraiment cette meuf j'aimerais te dire que c'était juste pour le sexe mais c'est pas le cas. Il se passe un truc. Elle me plaît." répéta t-il.

Cette fois-ci il était allé plus loin dans la confidence mais maintenant qu'il avait commencé... Il redoutait la seconde réaction d'Aaron mais lorsque celui-ci lui avoua que cela lui était déjà arrivé lorsqu'il avait couché avec une fillle qui prétendait être majeur, il resta bouche-bée puis éclata de rire devant l'air dégoûté d'Aaron en pensant que cette fille là avait l'âge de sa soeur. Amber était une jeune fille attachante et Harrison l'imaginait mal avoir des rapports avec la gente masculine, elle était comment dire... Une petite fille à vie. "Oui, j'imagine bien ce que tu veux dire." Puis Aaron lui demanda qui était cette fille. Harrison reprit immédiatement son sérieux et le fixa quelques secondes. "Je te le dis qu'à une seule condition : tu me dis qui était la nana de 17 ans." Après tout peut-être qu'il la connaissait, peut-être même que c'était une de ses élèves. Ils avaient l'air bien malins tiens les deux compères... "Ok, je te le dis. C'est Samara. Samara Williams, une gamine blonde aux yeux bleus qui a débarqué ici y'a pas si longtemps que ça." Harrison pria intérieurement qu'ils ne se connaissaient pas.