J’adorais plus que tout mon travail, j’aimais avoir un pouvoir aussi grand. Dans ce type de travail, il y avait un choix à faire : soit on s’investit dans sa société, on la fait grandir avec d’énormes voyages à la clé. Soit, on choisit la vie familiale. J’avais été élevé dans une famille où la vie professionnelle avait toujours trôné. C’était une valeur à laquelle je tenais. C’est pourquoi je ne voulais pas d’enfants, du moins, pas pour tout de suite ! Mais j’aimais les voir dans le parc se situant juste devant l’énorme bâtiment dans lequel je travaillais. Ils étaient tellement mignons…
« Monsieur Bennet, souhaiteriez – vous un café ? ». « Oui, merci Miranda. Un latte bleu avec un sucre, comme d’habitude. ». Je savais que ma journée allait être longue. J’allais jongler entre les réunions importantes et les dossiers à clôturer. Une chose est certaine, je n’étais pas prêt de rentrer chez moi. Ah non, oups ! Chez Kath, plutôt. Oui, je dors là-bas tout le temps. Je n’arrive pas à la faire déménager chez moi… Elle trouve qu’elle n’a pas besoin de vivre dans un tel luxe avec autant de domestiques. Mais nous y sommes tellement mieux que dans son petit appartement où le moindre pas que l’on fait est entendu par tout l’immeuble …
Je commençais à peine à prendre mon lunch lorsque la demoiselle entra telle une furie dans mon bureau. Elle déballa des miettes de pains ainsi que des préservatifs. Mais que lui prenait – il ? « Mais enfin, que se passe – t – il ? Pourquoi tu me fais ça tout à coup ? ». Qu’attendait – elle de moi ? Pourquoi je ramenais mes filles chez elle ? Je pense que dans mon subconscient, c’était pour qu’elle se rende simplement compte que je l’aimais et qu’elle aussi, que nous étions faits l’un pour l’autre… « Pourquoi ? Je n’en sais rien, moi ! Je n’ai peut – être pas envie de leur montrer ma richesse. Et puis, je déteste l’idée que tu sois toute seule, je ne le supporte pas. Je préfère être près de toi, m’assurant que tu vas bien. J’adore prendre soin de toi, bordel ! ». Et je criais, je criais. Je me foutais de savoir ce que mes voisins penseraient. Cela ne me les regardait pas de toute façon ! J’appelais donc rapidement la femme de ménage à l’aide de mon téléphone personnel pour qu’elle vienne nettoyer tout cela immédiatement. Elle ne mit que quelques minutes pour arriver. « Merci, Katherine ! ». Je ne supportais pas la saleté et le désordre, j’étais un maniaque. Je m’étais abstenu de parler à Kath pendant tout ce temps, attendant simplement qu’elle se calme.

Alors comme ça, je mettais le bordel chez elle ? Mais enfin, je logeais dans la chambre d’amis. Elle était plutôt en désordre, d’accord. Mais je n’avais plus mangé dans le canapé depuis un bon petit temps ! J’avais décidé de ne pas répondre à ses attaques. Il fallait le prendre à la rigolade.

- « Je me demande comment tu as fait pour avoir autant de miettes et de préservatifs. J’ai appelé une femme de ménage pour nettoyer ce matin. »

Je souris doucement me demandant qu’elle allait être sa réaction même si je m’en doutais. Je m’étais, peut – être, un peu trop énervé sur elle. J’avais crié beaucoup plus fort qu’à mon habitude. Je m’en voulu directement. Il ne lui avait pas fallu énormément de temps pour qu’elle prenne ses distances par rapport à moi. Elle s’était assise sur une chaise. Je l’observais, la tête penchée essayant de reprendre doucement mon calme le temps que Katherine était là.

- « Oui, peut-être. Mais il n’est pas marqué sur mon front que je suis PDG, hein. ».

En lui disant cela, j’étais anormalement calme. De toute façon, une fois qu’elle mettra les pieds dehors, je prendrai ma bonne bouteille de whisky pour boire un coup. Cela me détendra pour la grosse réunion de cet après – midi.
Je commençais vraiment à prendre très mal tout ce qu’elle disait. Elle ne voulait plus que je vienne ? Très bien, mais qu’elle ne vienne pas pleurnicher après !

- « Écoute, je vais rentrer chez moi. Je passerai prendre mes affaires demain dans la matinée. Et je débarrasserai bien vite le plancher. Alors, je viens peut – être te faire de la torture avec mes petites blondasses. Mais toi, avec les mecs, c’est pas mieux ! Sur ce, je vais me chercher de quoi manger ! »

Je me levais doucement de mon siège et quittais ma session d’ordinateur. Il était hors de question que quelqu’un fouille mon ordinateur ! Je quittais donc la pièce et claquais la porte. Il fallait que je sorte, que je prenne l’air, que je pense à autre chose. Mais quel accueil !

Ah bon? Elle renvoyait les femmes de ménage? Elle aurait pu au moins la laisser faire la chambre que je squattais ! M’enfin, c’était Kath et son caractère …

- « Kath, je ne suis pas d’accord. Tu peux au moins la laisser nettoyer la pièce que j’utilise et les saletés que je mets. Tu n’as pas à les ramasser ! Laisse – moi assumer ma part de désordre, s’il – te – plaît ! ».

Je m’énervais de plus en plus. Je me contrôlais encore mais je sentais que j’avais besoin d’un verre d’alcool pour me détendre. Il m’en fallait un, c’était vital ! Je me souvenais alors de ce petit café pas très connu où j’allais pouvoir être à l’abri des regards indiscrets. Je m’étais apprêté à y aller. Je venais de fermer mon ordinateur. Oh, pas par peur que Kathleen y touche ou quoi. Mais disons qu’il y avait plusieurs personnes qui possédaient la clé de mon bureau. Une tentation était si vite arrivée … J’avais donc bloqué mon ordinateur avec un mot de passe introuvable, quelque chose que personne ne connaissait à part Kath et moi …

- « Ah bon ? Ce n’est pas ce que tu veux ? Et qu’attends – tu de moi, hein ? Je ne peux pas vivre comme je le veux ? Très bien, je déguerpis. »

Je comptais vraiment aller chercher mes affaires. J’avais claqué la porte et m’apprêtais à prendre les escaliers. J’avais une peur bleue de l’ascenseur. C’était plus fort que moi, j’en étais incapable … C’est alors qu’elle me rattrapa. Quels mecs ? C’était une blague ou quoi ?

- « Kath, si je ramène 2 filles par semaine. Tu en ramènes au moins 4. Et je ne suis pas non stop chez toi. Je ne les mets quand même pas tous dehors ! Mais je ne supporte pas que quelqu’un d’autre que moi te touche. Je ne veux pas ! Tu es si … fragile. Je me sens responsable de toi ! »

Là, elle avait touché mon point faible. Je ne voulais pas qu’elle sache tout cela, que j’étais tellement accro à elle que je ne dormais pas quand je n’étais pas avec elle. Mais comment le lui dire ? Comment le lui avouer ?

- « Oui, je fais entièrement ce que je veux ! »

Et je passais la porte pour prendre les escaliers sur 22 étages. J’avais une bonne condition physique et je voulais la garder à tout prix. Voilà l’excuse officielle…

Comment je pouvais savoir ce qu’il se passait dans la chambre de Kath quand je n’étais pas là ? Il n’y avait pas sur sa porte « Je couche avec un mec. » et de l’autre côté « Je ne fais rien parce que tu es rentré. » ! M’enfin, où va le monde ?

- « Mais oui, je me tape d’autres filles et je ne pense pas à toi ! Quelle idée. Tu es le moindre de mes soucis, Kathleen. Je me fou de toi, tu ne me sers à rien. J’aimerai tellement que tu sortes de ma vie afin que je puisse avoir de la tranquillité ! Non mais Kath, tu es sérieuse ou quoi ? Tu penses que je ne pense pas à toi quand je me les tape ? Justement, je pense trop à toi. Je t’imagine toi près de moi et pas ses blondes. Elles ne te valent pas et ne te vaudront jamais ! Tu es unique, tu es celle pour qui je ferai tout ! »

Là, je m’étais lâché et même un peu trop. Au début, j’avais parlé fort voire crié pour après redescendre d’un ton et prendre ma voix douce et attendrissante. Je voulais que l’on se calme tous les deux. Elle se sentait donc délaissée ? Les phrases qu’elle me dit après me blessait profondément … Je préférais d’ailleurs ne pas y répondre. J’essayais de ne pas en prendre compte. J’avais une boule dans la gorge qui se formait. Je ne pleurais jamais et ce n’est pas aujourd’hui que cela allait commencer ! Je fermais donc les yeux et m’imaginais sur une île déserte avec mon transat et mon cocktail. Cette vision avait le don de me calmer en un rien de temps. Habituellement, je mettais ma chanson préférée à fond et cela me remettait sur pied. Mais là, j’étais au bureau, je ne pouvais pas. Je me devais de me calmer tout seul sans rien …

Je la vis alors dans sa voiture. Je ne savais pas comment réagir. Elle avait été tellement … blessante. Je n’avais pas envie d’aller la voir et de la calmer, de discuter calmement. J’avais simplement besoin d’être seul. Je me dirigeais donc vers mon cabriolet noir sur ma place de parking privée. En un coup j’étais sorti de cette place. On entendait de loin les pneus crisser sur la route. Une chose est certaine, j’avais besoin de prendre de la vitesse et de boire de l’alcool. Direction : la maison pour me rebooster. Là, je faisais ce que je voulais quand je le voulais avec qui je le voulais. Alcool, musique et peut – être bien une ou deux femmes le temps de me retaper avant de retourner travailler. Et si Kathleen venait, tant mieux ! Mais je n’allais pas faire le premier pas …

J’étais tranquillement dans le salon à boire un verre de whisky devant une toute nouvelle série. Je devais me calmer, penser à autre chose, … L’oublier le temps de quelques heures en fait. Cette jeune femme prenait une énorme place dans ma vie. Peut-être une trop grande ? Mais grâce à elle, j’étais un homme meilleur. Je savais que j’étais comme cela à force de la fréquenter. N’ayant pas été éduqué par mes parents, j’aurai pu suivre leur chemin et n’avoir une vie centrée que sur ma carrière. Mais non, il y avait elle : ma bulle d’oxygène, celle qui me montrait qu’il y avait autre chose dans la vie que le boulot.

Je savais reconnaître le bruit de sa voiture parmi des milliers. Je savais qu’elle était là mais je me demandais combien de temps elle allait mettre pour en sortir. Je pariais donc intérieurement avec moi – même : 10 minutes ? 20 minutes ? 30 secondes ? Elle ne mit pas longtemps à en sortir. Elle possédait les clés de la maison et n’avait donc pas besoin de sonner ou de toquer ou de quoi que ce soit d’autre. J’entrepris alors de me diriger vers le hall d’entrée, mon verre à la main. Elle connaissait ma tendance mais cela ne l’inquiétait pas plus que ça, à vrai dire.

- « Kathleen ? Que fais – tu là ? Je pensais que je n’en valais pas la peine. Ou du moins, que tu ne voulais plus me voir ? Vu le déménagement. Ne t’inquiète pas, je compte prendre mes affaires dès que tu seras retournée travailler… »

Je ne lui dis rien de plus que ça et attendait patiemment sa réponse. Je me rendis tout de même dans la cuisine afin d’y trouver son alcool préféré : une bouteille de vodka. Je le lui servais comme elle le préférait. Nous nous disputions de temps en temps. Mais tout cela se finissait bien généralement en un câlin histoire de calmer nos deux esprits. Nous comptions énormément l’un sur l’autre.