Deux ans plus tôt…

Aujourd’hui, comme tous les autres jours de la semaine, avec Abby nous nous quittions pour rejoindre nos emplois respectifs. Abby partait à la banque ou elle était conseillère financière. Moi, je m’apprêtais à faire les cent mètres qui me séparaient de mon bureau, si je pouvais le décrire ainsi. Avant de se séparer pour la journée et se revoir qu’au soir, nous nous embrassions. C’était notre petit rituel du lendemain. On avait toujours don de se répéter qu’on ne savait pas de quoi serait fait le lendemain, ni même la journée. Et cette journée allait être la pire de ma vie. Notre dicton ne pouvait pas mieux tomber.

Pour moi, tout était habituel, je regardais les transmissions que mes collaborateurs de nuits avaient écrites. La nuit avait été calme, une seule personne avait été ramassée. Un soin avait été demandé. Après être passé une bonne demi-heure au bureau, régler quelques formalités, je mis ma tenue de combat comme je l’appelais pour aller embaumer Monsieur Grisemine. Mort naturelle. Pas de grand travail compliqué a exécuté sur la dépouille. Une bonne heure et demie était donc prévues pour le soin, ce que je mettais à peu prés pour tous les soins que j’effectuais.

Tout c’était correctement déroulé. Le défunt pouvait être présenté à la famille. Le téléphone se mit à sonner. Je répondis. Deux corps à aller chercher. On me demandait si j’avais la place et le temps de m’en charger. Il n’y avait pas de soucis, je n’étais pas en pleine capacité d’accueil. Je pris la peine de demander l’identité des deux personnes à venir chercher. L’agent de police qui était à l’autre bout du fil laissa entendre un énorme silence.

« Monsieur Muerto, je voulais vous avertir que le drame à eu lieu à la banque de l’arrondissement d’Outremont. Votre épouse fait partie des victimes du tireur fou. »

Un nouveau silence  de la part de l’officier de police. Une glace était en face de moi. Tout d’un coup mon teint passa au blanc et je manquai de m’évanouir.

« Toutes mes condoléances Monsieur Muerto. » rajouta l’officier de police.

D’un air relativement abasourdi, je répondis : « J’arrive… » Puis je raccrochai le combiné.

Même si j’étais préparé un jour à une séparation de la sorte, dans le fond, on n’est jamais préparé. J’ai beau côtoyer la mort tout les jours, c’est différent. Habituellement, ce sont de parfaits inconnus, au mieux des connaissances. Mon corps tremblait, ma tête tournait. Mes pensées s’embrouillaient. Je ne réalisais pas encore ce qui arrivait. Ce qui m’arrivait, qui nous arrivait avec Matt. Je venais de perdre la femme de ma vie. Il venait de perdre sa mère. Matt était au lycée à l’heure actuelle. Comment faire pour lui annoncer le décès de sa mère ? Comment m'y prendre ?

Une demi-heure plus tard j’étais sur les lieux du drame. Deux personnes étaient sous des draps blancs. Je relevai l’un deux et vit Abby. Ma tête tournait. La vue des morts n’est rien, mais quand c’est la femme de sa vie, le monde s’arrête. Tout s’écroule. Je ne réalisais pas ce qui était en face de moi. L’amour de ma vie, éteinte pour tout jamais. Mes beaux parents étaient aussi la. Je m’effondrais littéralement dans les bras de ma belle mère...

A suivre ...